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EAN : 9782914227278
Editinter (01/03/2004)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Presque quarante ans après sa mort, le temps est venu pour Alain Borne (1915-1962), de sortir du purgatoire. Distingué dès la publication de son premier recueil, compagnon d'Aragon et de Seghers dans l'aventure de Poètes Casqués puis Poésie 40, 41... considéré par ses pairs et par la critique de l'après-guerre comme l'une des voix les plus sincères et les plus hautes de sa génération, ses ?uvres sont depuis trop longtemps inaccessibles. Les lecteurs épris d'absolu (... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dors ma petite fille

tandis que des couteaux ensemencent d'argent
l'horizon qu'ils meurtrissent
c'est dans si longtemps qu'il faudra mourir
la vie descend vers la mer de son sable insensible
Dors contre mon cœur fleur de mon émoi.

Laisse-moi parler de ma vie
il est tard chez moi, ma petite aube
il faudrait une horloge folle pour sonner mes heures
un jaquemart d'enfer.

C'en est fini de la jeunesse où l'amour est sans réponse ces mains qui chassent tes cheveux contre la douceur
du vent ces lèvres de chanson et ce cœur qui t'apaise sont ceux d'un homme de la honte
Laisse-moi parler de ce pays où l'on va vêtu de fourrures où règne un froid étrange et des gestes légendaires
Tu le vois luire comme un nord de neige grise
C'est là-bas que j'ai vécu entre le meurtre et le remords
c'est là-bas que nous irons poussés par
Dieu et par le
sang et je te recevrai parmi les autres loups comme une
louve
Dors dans le soleil et dans ta chair fragile
personne encore n'attelle le traîneau
le moujik s'enivre à l'auberge des âges
et les chevaux sont encore libres au-delà de la terre
Mais je sais que le
Vieux malgré sa longue ivresse construira la voiture de ses mains ironiques et qu'il fera pleuvoir une pluie de lassos sur le rêve de ces montures
Je vois déjà son ombre immense, je la connais
il vient pour toi, il prend mesure
comme pour ton léger cercueil
et fait claquer son fouet dans l'air illusoire
où naîtra l'attelage
Ton innocence peut dormir sur la blessure de mon
cœur les lys poussent le long des mares et leur blancheur se
retrouve sur l'eau sale devenue miroir
Hélas j'écoute dans sa prison mûrir ton sang rien ne me retiendra de délivrer son cours quand ta pudeur dépaysée des landes épellera les brûlures de la
vie
Dors petite aube, dans le murmure de mon chagrin
la vie est douce, la mort est loin
et les chemins vont sous les fleurs
vers un
Dieu qui sourit aux prières des vierges
L'huile de la vie ne descend pas encore consacrer ta chair d'un sacrement maudit et je puis te ravir de légendes en poudre plus réelles pour toi que l'histoire de demain
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Je connaissais l’amour

je connaissais le sang
et tout le masque blême de la chair sur sa force.

J’avais goûté des lèvres
étranges fruits rassasiés.

Mes mains avaient vêtu mille corps dévêtus
d’inusables caresses.

Je n’avais rien appris que l’ombre des cheveux
et la part la plus douce
où la chaleur s’obstine
et le grand cri funèbre du bonheur séparé
deux chairs dans la même joie
comme deux cœurs dans la même poitrine.

Je connaissais l’attente
le glaïeul éclatant du désir
et sa racine noire
et sa noire fenaison
la statue qui vous brûle
puis tombe de l’odeur comme d’un piédestal
et n’est plus qu’un peu d’os
dans son linge de peau chaude.

Je connaissais l’amour
son sommeil et sa veille
son miel de verjus et sa glace brûlante.

Je connaissais l’amour
le geste noir des ombres sur l’écran blanc du drap
le nœud bref et fervent au profond de la lutte.

Mais je reprends ce mot des lèvres et de la plume Lislei
si entre nous c’est aussi de l’amour
car qu’importe le sang et ses bras invisibles
et sa faim de dents longues.

Je ne connaissais rien me voici dans l’amour
où le désir est mort où la vie est vivante.

(Poèmes à Lislei, 1946)
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La musique même était noire

c’est la nuit qui par elle criait
si longue et sans étoiles
semblable aux entrailles d’une bête qui nous aurait mangés.

Et le jour serait de la même soie s’il revenait
et maille à maille de la même soie serait la vie.

Maille à maille de la même soie
une seule longue vie noire
avec dans l’air l’aile de la chauve-souris
dont le grand vent de sage espoir
est l’unique fraîcheur pour nos fronts.

Les marionnettes tombent des mains mortes
mortes deux fois
maille à maille de la même soie
la vie des marionnettes passées de main en main,

Mais nous, aucune main ne viendra nous reprendre
quand le poulpe du sang sera pétrifié
qui nous retient debout à l’avant du théâtre.

Maille après maille de la même soie
sable à sable du même gravier
grain par grain du même blé noir
choc par choc du même cœur vide

Quand le dernier laurier aura brûlé ses feuilles
en l’hiver blanc comme l’iris de nos rêves
quel fantôme de bois pourra nous accueillir
sous un soleil enfin sans arrêt ni blessure.
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Alain Borne. Quand je serai mort.
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