Très intéressant, cette histoire de Baumes-les-Dames est tout de même à réserver à une catégorie très particulière de lecteurs. Je doute en effet que les amateurs d'histoire de la Bretagne la plus profonde, fussent-ils des maniaques de l'histoire sous toutes ses formes, se passionnent jamais pour les légendes concernant la fondation d'une toute petite ville de Franche-Comté et ses péripéties à travers les âges!
Pour ceux qui connaissent Baumes-les-Dames, ou peut -être simplement pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Franche-Comté sous toutes les formes possibles, c'est par contre un excellent ouvrage à recommander, qui couvre Baumes-les-Dames depuis l'antiquité jusqu'à l'aube de la première guerre mondiale.
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Les religieuses, les Dames, se disaient tantôt bénédictines et tantôt chanoinesses, jouant sur l'un ou l'autre de ces titres au mieux de l'intérêt du moment. Rien de spécial à noter sur leur costume, sinon que ces filles de grands féodaux ne consentirent jamais à se laisser couper les cheveux. Leur nombre se limitait à douze, mais souvent elles furent moins nombreuses. La vie commune se bornait aux offices religieux. Chacune des Dames avait sa maison particulière, où elle vivait le plus souvent avec une "nièce" qu'elle avait adoptée pour lui succéder à sa mort, et où elle était servie par des domestiques.
Avec la permission de l'abbesse, elles pouvaient sortir, soit pour se promener, soit pour faire des visites. Elles pouvaient également recevoir. Ainsi l'inventaire de la succession de "Dame Anne-Elisabeth de Jouffroy d'Abbans", en 1768, montre que cette chanoinesse, avec son mobilier,son matériel de cuisine, sa vaisselle et son argenterie, n'avait pas renoncé aux habitudes de vie mondaine. Il arriva même que des religieuses habitent à l'extérieur, dans une maison de la ville.
On conçoit aisément qu'une organisation aussi lâche ne retint pas toujours les Dames dans le respect de la règle. L'abbaye Notre-Dame connut dans sa longue histoire des époques brillantes où la piété des chanoinesses suscitait l'admiration générale et leur méritait des félicitations du Pape. Mais elle eut aussi ses jours de désordre, dont son historien Mgr Besson écrit: "Une plume chaste se refuse à peindre en détails des mœurs aussi criminelles."