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EAN : 9782290021828
348 pages
J'ai lu (30/11/-1)
3.72/5   97 notes
Résumé :

Au sud de Paris, aux confins de la Beauce et de l'Orléanais, Jumainville est un petit village comme tant d'autres, mais qui, naturellement, ne ressemble, à aucun autre.

Nous sommes en 1944, à la veille du débarquement allié, Jumainville n'a pas connu la guerre, et s'est accommodé de l'Occupation. On s'arme du rire et c'est à grande bourrades dans les côtes que les Jumainvillois mènent le combat contre les Teutons.

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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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un texte savoureux, qui décrit les aventures des habitants d'un village de la Beauce.
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"Mon village à l'heure allemande", c'est en 1944, à la veille du débarquement en Normandie, l'histoire d'un petit village - Junainville - comme tant d'autres... Sauf qu'il ne ressemble à aucun autre (quoique ...). N'ayant pas connu la guerre, il s'est accommodé de la collaboration : les Allemands ont installé leurs quartiers à quelques kilomètres, dans la propriété d'un riche Américain, Elisa et Marcel sont amoureux, le père Boudet est occupé à gagner du pognon, l'instituteur s'érige en rempart contre la connerie, la vieille fille de service guette tout et tous... Enfin les jeunes gens partent au STO ou rejoignent le maquis ; quant aux plus anciens, ils ont peine à assumer leurs opinions.
Nous voici donc plongés par Jean-Louis Bory à l'heure allemande, celle des émissions quotidiennes de Radio-Londres, des petites (ou des grosses) compromissions par lâcheté ou bêtise, des petites vengeances personnelles ; mais aussi à l'heure de la ruralité un tantinet franchouillarde : l'auteur nous livre une galerie de portraits que Marcel Aymé n'aurait pas reniée dans son "Uranus".
Malgré tout, "Mon village à l'heure allemande" constitue un témoignage intéressant dans la mesure où il a été écrit "à chaud" en 1944 et qu'il nous montre un village où tous les habitants ne sont pas rentrés, comme un seul homme, en résistance au lendemain de l'appel du 18 juin 40 ; et qui comporte quelques patriotes du 07 juin 1944... Plausible.
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"La demie de minuit sonne. le silence, après, paraît plus profond. Je prête l'oreille. Pas le moindre bruit ; personne ne souffle ; pas de lumière. le couvre-feu tient le village coincé ; il est oppressé, comme une poitrine sous un genou ; ça le serre. L'heure allemande. Je n'ai pas entendu sonner minuit ; l'heure boche ! Il est minuit et demie à Berlin"

J'ai longtemps différé la lecture de ce roman acheté sur un quai de gare il y a maintenant presque deux ans. Par peur peut-être d'une écriture peut-être un peu ringarde, d'une attitude un peu "datée" face à la guerre, à l'occupation, comme on est amenés parfois à le penser à la lecture de certains témoignages. Ce que je redoutais donc pour ce premier roman d'un jeune homme qui fut résistant à vingt ans.

Et puis non. C'est en fait un roman d'une étonnante modernité et d'un humanisme sans faille, et je me suis trouvée entraînée et même séduite dès les premières pages, par la fausse simplicité d'une belle écriture, d'une belle plume et d'un bel esprit.

Portrait sensible d'un village français dans les derniers mois de l'Occupation, au printemps 1944, le roman s'ouvre sur une paire de gifles, celle que son père donne à Élisa pour avoir écouté Radio-Londres en cachette. Nous pénétrons, un peu en voyeurs, dans la famille Boudet, vivant dans une ferme aux abords de Jumainville. le père et le fils aîné, Auguste, commercent gaiement avec l'occupant, assurant des revenus confortables à la maisonnée ; Berthe, la servante boîteuse, souffre de son amour univoque envers Auguste ; Elisa se rebelle et rêve à ses rosiers.

"Voilà tout un village corrompu par la peur. Pourri jusqu'aux moelles par la peur ; peur de crever de faim, peur d'être supprimé, comme ça, d'une pichenette, pour le bon plaisir de la tribu la plus forte, la plus armée".

Galerie de personnages attachants, du rude père Boudet à la vieille fille Melle Vrin, en passant par Elisa et son amoureux Marcel qui répugne à l'action violente de la résistance, ou par Germaine la propriétaire du café ou l'instituteur M. Tattignies. Chacun de ces personnages prend tour la parole (les gentils comme les vrais méchants) pour une succession de focalisations internes alternées, qui apportent de la fraîcheur et du rythme au roman. Derrière le jeu de l'alternance des points de vue se cache une étude de moeurs beaucoup plus fine qu'il n'y paraît, débouchant sur l'analyse de toute une gamme d'attitude face à l'occupant, loin des clichés en noir et blanc.

Le village de Jumainville (en fait modelé sur Méréville, le village d'origine de Bory, dans la Beauce) prend vie au fil des pages, offrant dans son petit théâtre un microcosme de la France de l'occupation, plus dérangeant et profond que l'on pourrait le penser.

La bonne surprise de ce début de mois de novembre !
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Comme l'indique le titre, il s'agit de la chronique de la vie des habitants d'un village de France durant l'été 1944. j'y est trouvé de nombreux "clichés", certainement des exagérations dans les comportements d'un uns et des autres. Des sortes de caricatures tracé à gros traits. Une écriture passe-partout , sans relief ni profondeur. Malgré tout , quelques passages qui vous amènent le sourire aux lèvres. C'est trop peu.
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Mon village à l'heure allemande/Jean Louis Bory (1919-1979)
Prix Goncourt 1945
Nous sommes en 1944 dans un petit village de l'Orléanais, Jumainville, 1054 habitants. le Débarquement n'a pas encore eu lieu et les habitants se sont accommodés d'une façon ou d'une autre avec l'Occupation nazie. Certains résistent, d'autres collaborent ou font du marché noir et les tensions sont vives au sein de la communauté.
L'histoire commence au sein de la famille Boudet ; le père, veuf, un paysan intraitable avec sa fille Elisa, - qui écoute en cachette la BBC pour informer son petit ami Marcel, - père qui ne lésine pas dans la violence pour ne pas faire de vagues avec l'ennemi, Auguste le fils, un être fruste qui entraine de force sa soeur au creux de l'étable pour voir sur elle comment sont faites les filles. Denise Véchard, elle, loue son corps aux Allemands. Lécheur, le boulanger, fournit sans complexe les allemands. le curé Varèmes lui aussi se satisfait de la présence nazie et toute dénonciation est une bonne chose selon lui quand il dit : « Les seuls gens qui ont compris comment il fallait procéder, c'est l'Inquisition. » Au Café de la Paix, la Germaine vit bien la situation et surtout, ce qui compte pour elle, c'est d'être courtisée par le père Boudet qui veut se remarier. Mlle Vrin surveille les allées et venues de chacun. L'instituteur apporte la bonne parole tel un prophète. Les jeunes sont pour la plupart partis au STO en Allemagne. le maquis s'organise peu à peu. En tout une fameuse galerie de portraits, parfois un peu caricaturaux, pour un témoignage intéressant écrit en 1944, donc au coeur de l'action.
« On s'ennuiera après la guerre, vous verrez » annonce la mère Bavousse !! Car à Jumainville on ne s ‘ennuie jamais en cette période : on s'épie, on se cherche, on attaque, on se venge, avec les bobards, les histoires de Lécheur et de Varèmes, les incendies, les disparitions, les inscriptions sur les murs… ! Et puis incroyable, les gosses ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs, mais à la résistance. Il y a les policiers et les maquisards.
Mais la Résistance a ses détracteurs malgré sa nécessité car elle est devenus un prétexte pour la crapule. « La belle liberté d'action, en un temps où la police est forcée à une action qui soulève la haine et le dégoût des hommes, où elle est elle-même forcée à l'illégalité pour respecter la légalité humaine, ou à l'inexistence. »
J'aurais attendu un style plus travaillé avec plus d'émotion et de profondeur dans l'analyse et dans l'action. Cependant l'humour est bien présent pour détendre l'atmosphère étrange de ce roman basé sur des faits vrais.
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critiques presse (1)
Actualitte
13 mars 2017
Parce que Bory est un véritable créateur, pas un romancier vériste qui colle à son sujet comme un soulier à la boue des chemins, il fait par moments le petit pas de côté qui nous entraîne vers la réalité sous-jacente.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le matin suivant, dès sept heures, il est debout. Il ouvre la porte; il n’est plus en pyjama comme les autres jours; il a enfilé sa veste blanche. Mes Jumainvillois l’ont deviné : la Germaine est déjà là, avec Peigne, Pluret, l’Emile Pluret. Sur les volets, la littérature a cédé la place au dessin : toujours en noir brillant, s’épanouit un postérieur emphatique, marqué à la fesse droite d’une croix gammée; de ce volumineux séant, qui couvre à lui seul la moitié de la vitrine, s’approche une langue bavante, d’où le goudron goutte jusqu’au pavé. Lécheur fait demi-tour, referme la porte derrière lui. Toute la journée, ma pâtisserie reste fermée.
La nuit, l’artiste anonyme, surpris sans doute de n’avoir pas à refaire la nuit ce qu’on aurait du défaire le jour – je cite les propres termes de mon instituteur – fignola son œuvre. Il enduisit le postère d’une matière brunâtre que les spectateurs identifièrent avec une moue dégoûtée : je la connais bien; mes ruelles, mes encoignures et ma maison Charles en sont trop souvent déshonorés; et pas toujours uniquement par les chiens.
- C’est par souci de couleur locale, dit Tattignies.
Son chien flaire la vitrine avec beaucoup d’intérêt. “Enfin, semble-t-il signifier, de la pâtisserie qui veut dire quelque chose”.
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Sous la conduite de Mlle Vrin, dont le corsage en voile gris contenait avec peine la masse fluente des glandes mammaires, le troupeau noir et serré des saintes femmes s’engagea dans les escaliers de l’impasse du Sud : elles avaient l’allure secrète, menaçante, précautionneuse de personnes qui charrient des caisses emplies d’explosifs, et des sourires à l’inquiétant éclat de mèches allumées.
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La demie de minuit sonne. Le silence, après, paraît plus profond. Je prête l'oreille. Pas le moindre bruit ; personne ne souffle ; pas de lumière. Le couvre-feu tient le village coincé ; il est oppressé, comme une poitrine sous un genou ; ça le serre. L'heure allemande. Je n'ai pas entendu sonner minuit ; l'heure boche ! Il est minuit et demie à Berlin.
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Tous les matins de la pluie pianotent au hasard sur mes paupières, sur mes oreilles, dans les plis de mon cou ; de plus en plus vite. Le pianotement se fond en une caresse délicatement appuyée, pénétrante, qui fraîchit.
Je dis :
- Le ciel fond.
Je lèche mes lèvres, j’ouvre la bouche pour goûter le nuage qui glisse à terre. Je bois à même le ciel, les membres dénoués, posés sur le sol à l’abandon. Seuls vivent ma bouche entr’ouverte sous la fontaine et mes doigts qui sentent les boucles de Marcel renaître comme les herbes. La rivière crépite. Le ciel fond.
Dans le soupir qu’exhalait la terre de,virée de son attente, étendus côte à côte, les yeux clos, comme des gisants, le visage baigné luisant d’eau, le sourire aux lèvres, Marcel et Elisa, sous l’étreinte du ciel, partaient à la dérive.
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A George May
mon ami qui fut obligé à l'exil
le temps qu'à nos clochers
sonnait l'heure allemande.
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