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EAN : 9781096098232
128 pages
Playlist Society (14/05/2019)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Depuis la déflagration La Nuit des morts-vivants en 1968, les zombies ont colonisé nos imaginaires et le box-office. On a beaucoup écrit sur ces créatures trahissant les pires angoisses des sociétés post-industrielles, un peu moins sur les personnages leur faisant face. Or les films de zombies mettent en scène des monstres, mais aussi des individus lambda contraints de réinventer, individuellement et collectivement, leur rapport au monde.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sous la forme libre de l'essai, les films et séries télévisées de zombies qui ont connu depuis ces dernières décennies une nouvelle ampleur et un regain d'intérêt sans commune mesure, sont analysés avec perspicacité par le géographe Manouk Berzakian, également fondateur du blog « Géographie et cinéma ». Si la figure du zombie intéresse toujours plus de réalisateurs, de producteurs, de même que le public, c'est qu'elle constitue une parfaite illustration des dynamiques propres à notre monde moderne à travers ses processus de déshumanisation qu'entraîne cette bête immonde qui se nourrit de la cervelle de ses victimes : le capitalisme. Manouk Borzakian repose ses analyses sur la figure du zombie dans l'histoire du cinéma à travers un corpus de films loin d'être exhaustif. En effet, les plus analysés sont comme de bien entendu ceux du père tutélaire du zombie, à savoir Georges A. Romero, ainsi que le diptyque 28 jours plus tard (2002, Danny Boyle) et 28 semaines plus tard (2007, Juan Carlos Fresnadillo), World War Z (2013, Marc Forster) et les séries The Walking Dead et Z Nation. L'étude est surtout pour l'essentiel limitée à ces films récurrents, au détriment des productions audiovisuelles issues d'autres géographies du cinéma, notamment d'Amérique latine et plus particulièrement des Caraïbes où les cultes du vaudou constituent pourtant la matrice originelle du zombie moderne. Il aurait été intéressant pour élargir cette géographie de pouvoir bénéficier du regard de l'auteur sur le film cubain Juan de los Muertos (2012) d'Alejandro Brugués. Mais sous la contrainte de 128 pages, difficile d'avoir un corpus élargi de cette filmographie thématique.
L'auteur s'attache à son sujet à la fois avec le sérieux universitaire des analyses et avec la passion non dissimulée du cinéphile averti. Il vient ainsi rappeler qu'il n'y a rien d'anodin dans la création des figures fantastiques, d'autant plus lorsque celles-ci interagissent si vivement avec leur public. Chaque époque est caractérisée par ses propres croquemitaines et le zombie est un être qui occupe un espace pour interroger le sens de l'humanité de celui-ci. Car le zombie interroge la frontière et invoque comme scénario social, le repli sécuritaire sur soi ou l'ouverture vers de nouveaux horizons où prend place l'altérité affirmée comme telle. le zombie est donc l'interrogation du lien social à l'heure où celui-ci est appréhendé comme une source potentielle d'une contagion. Un brillant essai qui ouvre de multiples portes sur de nouveaux mondes de réflexion.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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Le phénomène cinématographique zombie sous l'angle de la géographie humaine et politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/04/19/note-de-lecture-geographie-zombie-les-ruines-du-capitalisme-manouk-borzakian/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une fois opéré ce travail consistant à donner du sens aux objets qui nous entourent, l’environnement devient porteur de « prises », dont les individus et les groupes peuvent se saisir dès lors qu’ils les perçoivent comme telles. Le géographe Augustin Berque illustre cette notion de prise avec l’exemple d’une aspérité dans un rocher. C’est une réalité objective, mais elle ne prend le sens de prise que pour l’amateur d’escalade qui pourra et saura la repérer et y caler son pied pour progresser dans son ascension. Le monde qui nous entoure regorge de ces prises et chaque individu apprend, durant sa socialisation, à les repérer et s’en saisir.
Les films de zombies décrivent le processus inverse. Les prises qu’offre normalement l’environnement font défaut, le milieu cesse de générer du sens. À l’espace en friche, témoin de la naissance d’une société par la construction d’un territoire – dont les westerns proposent un récit glorieux –, succède un espace en ruines, offrant peu de possibilités de réappropriation, et témoignant de l’effondrement de la civilisation. Un fossé se creuse entre l’usage attendu des objets et des lieux, et le danger nouveau qui les caractérise, ou éventuellement la fonction inédite qui leur est attribuée par défaut – comme les camions interdisant l’accès au centre commercial de Zombie ou les caddies obstruant l’escalier de 28 jours plus tard. Le territoire, conquis par un groupe social, cède la place à une étendue, c’est-à-dire un espace homogène, dépourvu de sens et presque uniformément dangereux.
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La géographie servira de fil rouge aux pages qui suivent. Telle qu’elle s’est développée depuis environ un demi-siècle dans les 20 universités européennes et nord-américaines, cette discipline part du principe que notre relation au monde passe par nos interactions avec des lieux : tous les aspects de notre existence sont spatiaux. L’espace est une dimension incontournable de la condition humaine, non seulement dans sa dimension matérielle, mais aussi à travers des symboles et des croyances : il existe des lieux lointains ou proches, interdits ou autorisés, attirants ou repoussants, beaux ou laids, inquiétants ou rassurants, faciles d’accès ou reculés… Si l’on imagine deux maisons construites selon des plans identiques et avec le même matériel, l’une dans un quartier chic de Londres et l’autre dans la campagne thaïlandaise, ce sont deux objets distincts, car indissociables de leur environnement, mais aussi des modalités de leur appropriation par des populations différentes. Comme pour les autres réalités peuplant notre monde, le contexte participe à déterminer le statut de ces deux maisons, leur valeur économique et affective, leurs usages possibles, leur beauté même. En d’autres termes, l’espace ne se résume pas à un support neutre sur lequel évolueraient les individus et les groupes. Il entretient une relation circulaire avec les sociétés. D’une part, ces dernières transforment leur environnement en fonction de leurs croyances, de leurs techniques, de leur organisation politique, de leurs attentes, ainsi que de toutes sortes de tensions et de contradictions qui les traversent. D’autre part, cet environnement influence en retour pratiques et croyances, participe à les expliquer et les consolider à toutes les échelles. En résumé, pour le géographe Bernard Debarbieux, « l’espace sous toutes ses formes participe de la définition même des pratiques sociales et de leur signification». (…) Interroger les films de zombies sous l’angle de la géographie, c’est se demander ce qu’ils nous disent du rapport des sociétés occidentales à leur environnement et de l’évolution de ce rapport depuis une cinquantaine d’années.
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Le zombie incarne ainsi, depuis les années 1990 et 2000, une multiplicité de menaces réelles ou supposées, de la déchéance sociale individuelle aux pandémies, en passant par les masses migratoires en provenance des pays du Sud. Il accompagne la résurgence mise en évidence, notamment par le philosophe Étienne Balibar, de la question de la race sous des formes renouvelées et diversifiées, et donc de nouvelles manifestations du racisme. En un mot, le zombie trahit la peur renouvelée d’un Autre aussi proche que différent, dont l’irruption interroge les fondements de nos sociétés. Les deux visions de l’altérité zombie, celles du cinéma indépendant et du cinéma à plus gros budget, renvoient à deux manières opposées d’envisager la mondialisation et l’une de ses facettes, les interactions culturelles.
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Ainsi, bien que l’invasion du « monde réel » par des morts-vivants mangeurs d’humains ne soit probablement pas pour demain, les zombies existent par la capacité de notre imaginaire à façonner notre environnement. Nous voyons le monde à travers des filtres nous permettant de découper et classer les réalités qui se présentent à nos sens. Aujourd’hui, pour beaucoup d’habitants des pays occidentaux et même au-delà, les zombies appartiennent à la grille de lecture, plus ou moins consciente, que nous appliquons à notre environnement.
Les figures imaginaires en général et les zombies en particulier ne sont pas des objets d’étude triviaux, mais un moyen précieux de scruter l’inconscient des sociétés contemporaines, saturées d’images de fiction.
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