"Après avoir démoli des murailles et brisé des idoles, chacun, bonhomme ou bonne femme, se réhabitua peu à peu à la petite force de ses propres mains. La joie de ne plus être soumis au spectacle du pouvoir se changea bientôt en une solide satisfaction." C'est
David Bosc qui l'écrit dans son roman intitulé
le Pas de la Demi-Lune, un conte de l'après catastrophe - mais laquelle ? le lecteur ne le devinera que par bribes puisqu'après tout, le narrateur l'affirme sans joie ni tristesse : "Nous avons été ravagés tant de fois." Si le lieu est bien le Japon, le temps reste flou. le lieu du roman est une ville - Mahashima - de taille modeste, se trouvant en bord de mer, coupée du monde ou presque, même si on est bien loin des romans dystopiques et apocalyptiques ici : le chaos a très vite laissé la place à la vie en commun et l'organisation douce du quotidien. On confectionne à la main, par exemple, des livres pour enfants auxquels on fait la lecture sur le pas de porte des maisons. Les protagonistes, peu nombreux dans ce roman, sont souvent énigmatiques et chaleureux, comme
Akamatsu, rencontré lors d'une excursion, qui a "beaucoup lu dans (sa) jeunesse" mais qui a fini par réduire sa bibliothèque à quelques livres essentiels qu'il connait maintenant par coeur, comprenant que ce qu'il aimait dans la poésie c'était "une certaine attention aux choses". Et si l'on se sent rapidement chez soi dans cette lecture qui a tendance à ralentir le temps,
David Bosc sait nous secouer de-ci delà avec des scènes cocasses.
Le pas de la Demi-Lune est presque une utopie, il s'en dégage de la poésie, de la légèreté, beaucoup de talent aussi.