Le nom seul de Mozart, selon la manière dont chacun le dit, est comme une pierre de touche où peut être éprouvé le goût musical de chacun. Aimez-vous Mozart, le connaissez-vous, êtes-vous; habitué à vivre dans l'enchantement de sa musique ? Avez-vous laissé votre âme se purifier à la clarté de cette âme surnaturelle ?
Voilà les questions essentielles, primordiales, auxquelles il faudrait répondre avant de parler musique. Car enfin ce maître apporte une telle révélation de la beauté, qu'il faut bien convenir de ceci ; il y a les hommes que sa grâce a touchés, et il y a ceux qui sont encore dans les ténèbres.
Le goût de Beethoven pour la liberté, son respect de la dignité humaine, sont bien de la race fière qu'aucun pouvoir n'a jamais pu asservir ni caporaliser. Nulle âme, plus que la sienne, n'aurait vomi la Kultur, c'est-à-dire la pédante et criminelle barbarie qui fut inventée plus tard par la Prusse, et acceptée par l'Allemagne ivre de pangermanisme.
Flamand par son origine, le génie de Beethoven fut d'une telle ampleur, d'une telle magnanime pureté, qu'il appartient à l'humanité tout entière. L'art ne fut pas pour lui un simple divertissement. Beethoven fit servir la musique à l'expression des sentiments les plus profonds : il fut une des voix du mystère que nous sommes tous. Ce grand créateur fut un des inspirés qui révèlent à l'âme humaine la noblesse où elle peut s'élever; il fut un des initiateurs que Victor Hugo caractérisait profondément ;
Ceux qui font reculer plus loin dans l'infini
Le point sombre où l'homme commence,
Monsigny, l'auteur du Déserteur, est généralement tenu pour l'un des créateurs du genre « opéra-comique ». Cette idée est exacte, mais il faut la préciser.
Qu'est-ce qu'un opéra-comique? Une définition, qui se présente presque d'elle-même, consiste à répondre : c'est une comédie où les mêmes acteurs
chantent et parlent tour à tour. Cette simple phrase, qui semble bien innocente, contient en germe toute une longue guerre. Une guerre peu sanglante, heureusement, mais qui dura plus d'un siècle.
Depuis plus d'un siècle, le nom de Mozart est entouré d'une gloire radieuse. Mais son oeuvre est négligée, méconnue, même des musiciens professionnels et des dilettantes. A part quelque vingt compositions, rejouées sans cesse et dont on s'habitue peu à peu à ne plus sentir toute la beauté, l'oeuvre immense du plus pur et du plus fécond des maîtres est reléguée dans le plus injuste dos oublis.