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Critique de Antyryia



Si vous aimez les flingues, les arts martiaux, les courses-poursuites et la baston, ce roman est écrit pour vous.
Ce n'est hélas pas mon cas, et c'est la principale raison d'un ressenti assez négatif, allant à contre-courant de toutes les critiques élogieuses qui encensaient le roman jusqu'à présent.

"Cogner. Ecraser. Détruire."

J'admets volontiers que Brutale ravira les amateurs d'action, puisqu'il n'y a aucun temps mort en quatre cent pages. Tout simplement, je ne fais pas partie du public concerné. Ce qui m'échappe, c'est davantage ce choix éditorial de la bête noire. Je n'ai pas compris la ligne directrice pouvant exister entre ce livre et d'autres titres d'une collection à laquelle j'étais jusqu'à présent fidèle, souvent bien plus subtils et davantage axés sur la psychologie que sur l'adrénaline.

"Elle avait envie de cogner, frapper, faire le mal."

En faisant connaissance de Lise Lartéguy, dont les accès de colère donnent son titre au roman de Jacques-Olivier Bosco, j'étais quand même curieux. Il faut admettre que ce personnage m'a plu et avait un énorme potentiel pour devenir un protagoniste marquant du polar français moderne. Sa rage maladive se dirige uniquement vers les criminels. L'héroïne, flic le jour et justicière la nuit, m'a immédiatement fait penser à Dexter Morgan d'autant plus qu'elle suit les préceptes de son père ( "Il avait les mots, et un plan, pour assurer l'avenir de sa fille : lui apprendre à canaliser sa violence, à l'utiliser." ). Pour autant, elle n'en n'est pas une copie féminine. le premier était un tueur de sang froid, Lise est davantage contrôlée par un besoin maladif de tabasser du méchant pour calmer ses crises d'angoisse, ce qui fait d'elle un personnage antinomique : certes brutal mais également sensible, ce qui nous est montré au travers de sa vie familiale ou sentimentale, les deux étant chaotiques. Ce sont ces aspects plus émotionnels que j'ai appréciés, mais ils ne sont pas assez nombreux. J'ai bien aimé également le trio de drôles de dames qu'elle forme au sein de la brigade de répression du banditisme avec Brigitte et Paupiette.

"Le monde était tellement peuplé de pourritures que cela devenait presque trop facile de dégotter des proies."

Quant aux aspects qui n'ont pas emporté mon adhésion, ils sont légion.
En premier lieu, je n'y ai jamais cru. J'ai bien compris qu'il y avait un côté décalé et second degré, quasi cartoonesque ( plus que visuel ), et quelques invraisemblances ne m'auraient pas dérangé mais là, la pilule est trop grosse. Lise, dont les exactions sont connues de sa hiérarchie, n'a pas sa place au sein de la police. Et j'ai trouvé les ficelles scénaristiques justifiant de sa fonction au sein des forces de l'ordre assez énormes. D'autant plus que Lise, qui a un passé tendancieux, est autorisée officieusement et sans guère de formalités à tout ce qui va à l'encontre du métier de flic. Pour la simple noblesse de la cause ? Et ses multiples bavures sont toujours balayées miraculeusement...

"Evacuer toute la bile, ce poison qui lui brûlait les veines."

Quant à l'enquête au centre de Brutale, ces corps morts de jeunes vierges qu'on retrouve vidés de leur sang dans différents pays d'Europe et qui semblent impliquer une mafia russe, on se demande forcément ce que ça implique. Quel peut être ce trafic innommable ? J'ai accompagné Lise, son frère Camille et les personnages de l'univers créé par l'auteur dans cette histoire aux nombreux rebondissements. Et quand la solution a été révélée, j'ai vraiment eu l'impression qu'on s'était moqué de moi. Tout ça pour quelque chose d'aussi complétement invraisemblable ? C'était ça la grande révélation au seul mystère qui m'importait encore ?
Non.

"Elles avaient l'odeur de la poudre et de la graisse d'arme à feu sur la peau, elles étaient là pour l'action."

De trop nombreux passages également donnent des cours de self defense ou d'armes à feu ( "Elle pouvait arroser le couloir d'une centaine de balles en moins de cinq secondes." ), du beretta au lance-roquettes en passant par les explosifs, les fusils d'assaut, le SIG SP et autres sigles que je n'ai pas retenus. Sigles par ailleurs trop récurrents qui ne facilitent pas la lecture.
Pour les voitures et les motos même combat, connaître leur vitesse de pointe et les suivre à toute allure sur l'autoroute comme si le risque de mise en danger d'autrui prévalait sur la prudence ne m'a pas intéressé, pas plus que la bande son assez metal ( "La guitare envoya son gimmick à 200 à l'heure." ) censée probablement renforcer notre impression d'accélération et de violence. Quitte à entrer dans la tête de Lise, j'aurais préféré davantage d'introspection que savoir qu'elle écoute Metallica et Body Count.
Et puis, on ne peut pas comparer la nudité féminine avec "un avion de chasse, avec tout l'armement compris."

"Lise était mauvaise, méchante, c'était un fléau."

A l'exception de certains aspects intéressants d'une héroïne casse-cou et torturée dont j'aurais souhaité davantage connaître l'esprit tortueux, ce livre à l'action survitaminée ne m'a donc pas emballé. Mais j'ai été au bout tant bien que mal, décrochant parfois, puis retrouvant des intérêts ponctuellement. Je ne prends absolument aucun plaisir à évoquer ce qui m'a déplu, de même que mon portefeuille et moi même n'avons que peu apprécié cette quasi perte de temps et d'argent. Chacun ses goûts, et je ne doute pas que ce livre trouvera son public parce que dans ce style il est très efficace. Ca n'est juste pas le mien, et en évoquer les raisons
permettra à chacun de s'y risquer ou pas en connaissance de cause, en fonction de son humeur et de ses envies du moment.

Premier faux pas de la bête noire me concernant, ce qui ne va pas m'empêcher de continuer dès à présent Chacun sa vérité de Sara Lövestam, très prometteur ... Ni de me précipiter avec espoir sur Dompteur d'anges de Claire Favan dès le mois prochain.
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