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Critique de Sachenka


Hyacinthe est une autre plongée dans l'univers du remarquable écrivain Henri Bosco. Moi, j'ai adoré. Quelques unes des critiques de ce roman sont négatives. Cela s'explique peut-être par le fait que le résumé sur la quatrième de couverture mentionne qu'on retrouve dans ce roman quelques personnages d'un autre roman de l'auteur. C'est peut-être ce qui a déplu à certains, qui s'attendaient à renouer avec de «vieux amis». Toutefois, Hyacinthe n'est pas une suite à proprement parler, et plusieurs des personnages connus n'y jouent qu'un rôle secondaire. Je crois que ceux qui entreprennent la lecture de ce roman comme d'une oeuvre en elle-même, à part entière, l'apprécieront davantage.

En effet, ce roman-ci s'attarde sur un nouveau venu, un «jeune homme» à l'âge imprécis et à une propension à la réflexion et à l'introspection. Un autre observateur de la beauté du monde. Ce narrateur vit isolé du reste du monde, dans une maison appelée La Commanderie. À part Mélanie, une femme entre deux âges qui vient faire le ménage, il ne voit personne. Les autres sont évoqués, rarement vus. Et peut-on être certain de les avoir vraiment vus? La présence de son seul voisin immédiat se limite à une lumière allumée tard le soir. le seul signe de vie dans les environs.

Dans Hyacinthe, je retrouve une atmosphère semblable à d'autres romans de Bosco. Un cadre désert, sauvage, à la merci des éléments… mais également enchanteur et mystérieux. Outre l'étendue désolée du plateau, il y a une forêt et, pas très loin, un étang, une sorte d'oasis avec des milliers d'oiseaux. le narrateur aime bien s'y promener, comme si c'était un autre monde. Puis, commence à s'y passer des choses étranges, on entend des coups de feu, un brouillard opaque l'envahit. Après cela, c'est l'automne avec la pluie et les orages, puis l'hiver avec la neige et le froid. Les éléments sont une partie intégrante de l'histoire, comme des personnages.

Comme dans d'autres romans de Bosco, il ne semble pas y avoir d'intrigue précise dès le début. Comme le narrateur, on découvre cet univers, on se laisse charmer par lui. Puis, au gré des saisons, une menace fantôme se dessine, l'étrange se manifeste, une tension trouve son chemin jusqu'à notre coeur sans qu'on puisse l'expliquer.

Enfin, un jour, l'intrigue semble se dessiner. le narrateur, au retour d'une promenade, trouve une femme chez lui. Elle est de dos, elle prie. Mélanie? Il n'ose la troubler et s'en va. le lendemain, elle nie être venue faire le ménage. Quelle était cette apparition? Une femme en chair et en os ou bien un fantôme? C'est le «début» d'une étrange fascination qui le mènera dans une folle pérégrination troublante, dans un univers à mi-chemin entre l'onirique et le fantastique…. Par moment, je me demandait si le jeune homme n'était pas pris dans un long rêve.

Henri Bosco réussit comme pas un à créer une atmosphère précieuse, tendue et magique à la fois, et sans les artifices des grands drames ni du spectaculaire. J'en sors toujours dans une sorte d'état second. Pour ceux qui s'en sentent interpelés par la plume profonde et évocatrice de l'auteur, je suggère la lecture d'un autre bouquin de l'auteur : le mas Théotime.
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