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EAN : 9782070371464
320 pages
Gallimard (06/11/1979)
3.87/5   27 notes
Résumé :
Dans le mystérieux Luberon, les habitants d'un village s'affrontent à propos du bassin de la Conque, une belle fontaine.
Certains veulent le combler. Deux femmes, la Cherli, fille de la terre et des bois, et Laurence, la créole envoûtée, participent à ce combat. Le génie des eaux, retranché dans les grottes souterraines, abandonne le village, dont les habitants ruinés sont condamnés à l'exil. Après leur départ, la fontaine coulera de nouveau.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le Trestoulas commence comme bien des romans d'Henri Bosco ou d'autres de ses confrères provençaux : une chicane entre voisins pour un petit lopin de terre et tous les vieux du village qui en discutent sur la place. Puis, les choses se précisent : Clapu se désiste et ne veut plus vendre son champ à Charles Matouret, dont la famille possède déjà beaucoup et embauche la moitié des habitants. Quand on veut se mettre à dos les voisins, rien de mieux que se montrer obstiné, intraitable. Aussi, on retrouve d'autres éléments caractéristiques de la plume de Bosco. Par exemple, une narration à la première personne, prise en charge par un homme entre deux âges, presque un étranger, plutôt objectif face aux drames du village. Toutefois, il finit par se trouver mêler à tout ça. Ici, il s'agit de monsieur André. Puis, des personnages troubles, ambivalents, comme la Cherli ou bien Laurence, qui arrive d'Asie.

Dans le Trestoulas, qui se révèle en fait un court roman (le bouquin contient une autre nouvelle, dont je parlerai plus bas). Monsieur André suit discrètement Clapu et découvre son secret, la raison pour laquelle il ne veut plus vendre son champ. Ça et d'autres intrigues secondaires que je ne dévoilerai pas.

Bosco, c'est des intrigues lentes à développer mais qui permettent d'installer une atmosphère précieuse, composée d'une nature à moitié sauvage, à la fois généreuse et capricieuse, du tonnerre qui gronde au moment opportun et de silences inquiétants. Toutefois, j'ai été un peu surpris de constater que certains éléments n'étaient pas aussi développés que dans d'autres des bouquins de l'auteur. Les descriptions des lieux, de la Provence, n'était pas égale, évocatrice à souhait. le récit semblait porter davantage sur les dialogues et l'action. D'ailleurs, j'ai trouvé la fin un peu bousculée. Tout cela faisait en sorte que le Trestoulas ne me semblait pas autant achevé, réussi que les autres. Puis, j'ai remarqué qu'il s'agit d'un des premiers romans de l'auteur. Je ne peux quand même pas m'attendre à ce qu'il soit aussi excellent que d'autres, écrit beaucoup plus tardivement, alors que Bosco avait affiné sa plume.

Aussi, pendant ma lecture, l'intrigue principale (ou, du moins, ce que j'en devinais) me faisait beaucoup penser à celle de Jean de Florette, croyant presque à un plagiat. Mais bon, les deux histoires divergent sur plusieurs aspects. En plus, j'ai vérifié, le roman de Bosco précède de quelques décennies le scénario de Pagnol.

J'ai préféré de loin la deuxième histoire, L'habitant de SIvergues. On retrouve le même monsieur André, mais dans sa prime jeunesse. Je ne me rappelle plus, il devait avoir dix ans, sinon guère plus. Dans tous les cas, rien de tel qu'un narrateur enfant ou adolescent pour vivre l'exacerbation des sentiments. Ses parents le laissent un été chez un vieux couple (thème qui revient dans l'oeuvre de Bosco). Mais c'est l'été et il s'ennuie. Il se promène dans les environs et, au loin, il remarque un hameau dans les montagnes : le fameux village fantôme de Sivergues. Un endroit que tous évitent. « Même les âmes sont défuntes, là-haut ; c'était un mauvais lieu pour elles. » (p. 175). de quoi donner des frissons. Un jour, il pousse l'audace jusqu'à l'explorer mais y découvre des traces humaines. Enfin, je retrouvais cette ambiance étrange, lourde, à la limite du surnaturel, si caractéristique de l'auteur. Je me sentais la poitrine oppressée comme devait l'être celle du jeune André. C'était bref et efficace. Juste assez pour me faire refermer le livre sur une bonne note.

Merci encore, monsieur Bosco, pour ces moments de lecture formidable.
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Henri Bosco est l'écrivain des grands causses et de la Durance. de ses livres à l'odeur de thym et de pierres chauffées au soleil, on se rappel surtout ‘L'enfant et la rivière', étiqueté un peu à tort littérature pour enfant. Sa suite, ‘Le renard dans l''île', tout aussi mal catalogué, m'avais laissé une impression de malaise qui m'a longtemps éloigné de cet écrivain. Heureusement, on m'a offert celui-ci.

Deux nouvelles le composent. Dans la première, il est question d'eau – cette eau si rare et si précieuse dans ces régions. Un village est traversé par un grand bassin naturel, qu'irrigue une source merveilleuse. Son eau est pure et fraiche, et nul ne sait d'où elle vient, tant elle a été captée il y a longtemps. le maire, un parvenu lourd de corps et d'esprit mais jeune et pas dénué de prestance, se met en tête de combler une partie de l'espace où elle coule. Deux vieux originaux, amis du narrateur, s'insurgent contre son projet. Un ancien conflit avec un paysan à l'esprit droit et à la tête dure ressurgit. Une jeune fille venue des colonies arrive. Un drame se prépare, comme les nuages noirs d'un orage s'amassant au dessus des têtes, et nul n'y prête attention…

Dans la deuxième, il est question de mystère. le héros est cette fois un jeune garçon aventureux, fasciné par les contreforts lointains du Lubéron. Un vieux berger vivant dans une hutte de pierre lui raconte une histoire à propos d'un village abandonné, perché quelque part dans la montagne…

Par nature, je suis plus porté sur les paysages verdoyants que sur la sécheresse du sud. Mais j'ai eu tout d'un coup un grand désir de sentir le soleil sur ma peau et de respirer l'odeur du thym et de la lavande…
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Beaucoup de romans, légendes, récits... s'articulent autour de l'eau, celle des sources fraîches qui coulent abondamment ou qui se tarissent mystérieusement d'un coup. ( Aujourd'hui, pour nous rien d'incompréhensible, les nappes phréatiques s'épuisent, car en Provence, comme dans beaucoup d'autres régions, les conditions et le réchauffement climatiques expliquent aisément ce phénomène).
Ici, un village, celui de Péypin d'Aigue, (charmant village du Grand Luberon) est confronté à ce phénomène. Bosco nous livre une histoire intéressante qui nous permet de nous plonger dans ce pittoresque pays dans les années 192O. La description du bourg, des peypinois, les dialogues, les senteurs puissantes qui émanent des mots, en font un moment de lecture plaisante.
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L'édition Folio du Trestoulas d'Henri Bosco comporte en fait deux nouvelles qui tiennent leur intrigue en des temps décalés. L'habitant de Sivergues est la deuxième.

Dans un Luberon aux relents de Provence non encore devenu ce lieu de villégiature aux allures de Toscane que l'on connaît aujourd'hui, les gens vivaient au rythme des saisons et aux caprices d'une terre avare de ses faveurs.
Le Trestoulas est un plateau où seuls poussent les cailloux sous le soleil brûlant de l'été. Il retrouve tout à coup de la valeur quand le ventre de la colline ouvre ses enrailles au Clapu, son propriétaire qui était sur le point de s'en défaire. Ce solitaire taiseux y a trouvé le moyen de faire rendre gorge à ceux qui avaient décidé de changer le cours de l'eau. Dans la mentalité et la culture villageoises on ne touche pas à impunément au jet de la fontaine et au miroir du bassin de la place du village qui depuis les temps immémoriaux avaient fait la prospérité du village.

Avec l'habitant de Sivergues, il est question d'un sujet tout aussi sensible. Au creux des replis des collines appelées ici pompeusement montagne, dans la succession des disciples de Jean Valdo sont venus autrefois se réfugier ceux de la religion réformée que l'officielle de Rome poursuivait d'une vindicte jalouse de ses prérogatives. Aussi, quand une cheminée exhale à nouveau les volutes qui témoignent d'un foyer rallumé au sein du village abandonné, c'est tout le voisinage qui s'inquiète du retour de la contagion et de son cortège de malédiction.

Avec une écriture aussi claire qu'imagée, Henri Bosco nous restitue ce parler du fond de l'âme de ces gens simples qui n'avaient que leur honneur et la fierté de ceux qui vivent de leur travail pour tout bagage. Deux nouvelles qui a leur lecture font chanter à nos oreilles les sonorités de l'accent provençal et resplendir à nos yeux ce qui vaut à cette région l'engouement dont elle jouit aujourd'hui.
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Henri Bosco a écrit le Trestoulas entre le Sanglier et L'âne Culotte. C'est donc une oeuvre encore jeune mais où l'on retrouve déjà tous les éléments qui vont apparaître dans les romans et récits suivants. L'histoire est assez courte et étonnamment pleine d'humour et de suspens (la fin est un vrai thriller!). Il est allé ensuite vers plus d'épure, d'abstraction et de mystère.

On commence avec une ambiance de village assez pittoresque autour d'une rivalité entre propriétaires terriens qui se disputent le Trestoulas (une petite bergerie à flanc de montagne) et le contrôle d'une fontaine sur la place principale (inspirée de celle de Cucuron).

Puis on découvre peu à peu les secrets sous-terrains du Trestoulas qui donnent lieu à de très belles et étranges séquences où il est question d'un lac et d'une divinité ancestrale en forme de Sanglier sculptée à même la roche.

Il y a également deux personnages féminins énigmatiques qui anticipent Hyacinthe ou d'autres esprits des eaux et de la terre. Et une servante pleine de gouaille qui est vraiment un personnage très drôle.

Le final est trépidant et n'oublie pas de rejoindre discrètement la dimension de la fable. le symbolisme y est présent mais beaucoup plus lisible et immédiat qu'ultérieurement.

Une bonne entrée en matière pour qui voudrait découvrir Bosco sans s'attaquer à ses oeuvres les plus complexes.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'était une vaste bâtisse construite au XVIIIème siècle .
[...]
Elle s'appuyait , d'un côté , sur les premiers plis des collines , de l'autre ,
sur une terrasse ombragée par trois platanes séculaires .

Ils répandaient dans la maison une pénétrante odeur végétale , poussée fraîche et amère d'écorce et de feuille .
[...]

le jardin , blotti sous la terrasse ,
encaissé entre de hautes murailles tièdes [...]
offrait aux rosiers , aux tulipes , aux chèvre-feuilles
et même aux folles herbes ,
une aire chaude
qui sentait à la fois l'arbre fruitier , l'aubépine et l'hysope .


P.16 et 17 Folio
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Monsieur André, cette fois, c'est l'honneur de la maison. Est-ce que vous allez rester là avec vos deux mains dans les poches à regarder, tout badant comme un bédigas, ce galapian et cette courrentille décrocher des melons aux arbres?
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Les hommes qui, de père en fils, depuis des siècles, vivent au pied d'une montagne profonde et somme toute peu explorée, ont des réserves d'imagination, des poches secrètes de merveilleux, qu'ils ignorent eux-mêmes.

Chapitre XI
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-Écoute, confia-t-il à Manivot, le boucher, écoute, Alcide, ces buveurs d'eau, ça n'est jamais honorable. Ça se contente d'un fromage sec et d'un verre de pompe, tu comprends?Alors, un beau jour, ça pète.
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Il s'agit d'un secret de la montagne.
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