Je profite des lecture scolaires de mes enfants pour (re)lire les classiques. J'ai donc fait la rencontre de Pascalet et de Gatzo a travers ce roman.
Un bien beau roman , qui raconte la Provence , la nature, les mésaventures des deux garçons, l'amitié mais aussi l'amour "familial".
L'écriture est agréable, et transmet bien l'amour de l'auteur pour cette région.
Personnellement, ce n'est pas le style de lecture que j'affectionne particulièrement, mais c'est un roman bien sympa pour notre jeunesse.
De l'avis de ma fille, il y a malgré tout quelques longueurs. Elle n'a pas du tout été réceptive aux longues descriptions sur la nature en elle même. de ses propres mots "il ne se passe rien". D'un autre côté elle a beaucoup aimé l'histoire d'amitié avec les deux garçons.
En bref, et pour conclure une belle histoire mais qui manque d'action
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Certains de ma génération et celles d'avant ressentent les textes d'Henri Bosco comme ce temps des dictées, la craie sur le tableau noir qui laissait sur les doigts cette étrange poudre parfois désagréable, l'encre que l'on versait dans ces petits réceptacles en porcelaine tout en haut des pupitres d'écoliers... Chacun retrouvera dans cette nostalgie un temps qui fut agréable ou peut-être traumatisant...
Mais Henri Bosco, chantre de l'enfance et de la Provence, auteur peut-être oublié ou pas aujourd'hui, mérite le détour et ne doit pas être cantonné dans les livres pour la jeunesse ni dans une littérature régionaliste désuète. Pour l'anecdote, je me souvenais bien sûr de cet écrivain dont les textes avaient bercé mon enfance, mais j'ignorais où il était enterré. Et c'est, il y a trois ans, à la faveur d'un séjour estival dans le Lubéron, en cherchant dans le cimetière de Lourmarin la tombe si discrète d'Albert Camus, presque abandonnée, que je suis tombé par hasard sur celle d'Henri Bosco, à mon grand étonnement...
Dans l'enfant et la rivière, j'y ai vu une célébration jouissive de la désobéissance...
L'enfance est bien ce territoire idéal et incompris où l'on peut franchir les limites, presque sans peur et sans bravoure. À tâtonnement, en écartant les roseaux et les ajoncs, en avançant pas à pas...
L'histoire ne tient à presque rien. Il y a cette rivière, comme un personnage à part entière, qui attire, qui fascine, comme un aimant. Elle est au coeur de ce très court récit et va entrer dans l'imaginaire de Pascalet, son héros. Pascalet, cet enfant, découvre cette rivière, on lui a tellement dit de ne pas s'approcher de son rivage, de son cours tumultueux et capricieux que l'endroit devient encore plus fascinant pour l'enfant. Le récit va prendre la forme d'une fugue...
Il y a comme un appel, non pas du large, mais d'un lieu étrange, mystérieux, à la fois à proximité, tout en offrant des rivages presque lointains. Une rivière n'est jamais forcément quelque chose d'immense, son horizon est à portée du regard, l'autre rive se situe à quelques encablures d'où nous l'observons, mais du point de vue de l'enfant, c'est autre chose. Et pour peu qu'une île émerge au milieu de cette rivière, pour peu que la végétation foisonnante du lieu offre autant de bonheur pour les yeux que d'inquiétude pour le coeur, pour peu que les reflets chatoyants de l'onde ressemblent à des mystérieux mouvements presque souterrains, venus d'un autre monde, cela donne un texte épris de beauté et de liberté...
C'est l'occasion pour l'auteur de nous offrir de magnifiques et riches descriptions de la nature, sa faune, sa flore en bord de rivière...
Il y a quelque chose d'à la fois réel, presque palpable et onirique dans ce très beau texte.
Et puis il y a cette rencontre avec cet autre enfant, Gatzo... L'un est étranger à l'autre et c'est ce qui les fascine tous les deux... Je n'en dirai pas plus sur les circonstances particulières où les deux enfants font connaissance, mais ce récit prend toute son importance dans cette relation, l'autre, qu'on ne connaît pas, presque étranger, venu d'on ne sait où, surgi par l'entremise de cette rivière...
L'amitié qui se forge à l'enfance est quelque chose de fort. L'auteur le dit avec émerveillement. C'est sans doute ce qui donne cette âme au texte et peut le rendre immortel.
Figurez-vous que j'ai relu ce récit la semaine dernière, à la suite de ma chronique du roman Tropique de la violence où la mère adoptive du héros principal, Moïse, avait bercé son enfance avec ce roman, L'enfant et la rivière, à tel point qu'ils avaient baptisé un chien qu'ils avaient recueilli du nom de Bosco...
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Quand j'étais tout enfant, nous habitions à la campagne. La maison qui nous abritait n'était qu'une petite métairie isolée au milieu des champs. Là nous vivions en paix. Mes parents gardaient avec eux une grand-tante paternelle, Tante Martine.
C'était une femme à l'antique avec la coiffe de piqué, la robe à plis et les ciseaux d'argent pendus à la ceinture. Elle régentait tout le monde : les gens, le chien, les canards et les poules. Quant à moi, j'étais gourmandé du matin au soir. Je suis doux cependant et bien facile à conduire. N'importe! Elle grondait.
C'est que, m'adorant en secret, elle croyait cacher ainsi ce sentiment d'adoration qui jaillissait, à la moindre occasion, de toute sa personne.
Quand j’ouvris les yeux l’aube se levait. D’abord je vis le ciel. Je ne vis que le ciel. Il était gris et mauve, et seul, sur un fil de nuage, très haut, un peu de rose apparaissait. Le vent tissait, plus haut encore, d’autres fils à travers un treillis léger de vapeurs ; et, du côté de l’aube, une buée d’or pâle se levait lentement de la rivière. Un oiseau lança un appel, peut-être était-ce une bouscarle. Son cri hardi et coléreux éveilla le coassement discret d’une grenouille. Puis un vol de plumes mouillées froissa les touffes de roseaux et tout autour de notre barque le murmure confus des bêtes d’eau, encore invisibles, monta : tous les bruits, tous les soupirs, des mouvements furtifs, un clapotis, des gouttelettes, ce plongeon d’un rat effaré, là-bas cet oiseau vif qui s’éclabousse, le choc d’un éboulis, le glissement d’une sarcelle qui se faufile entre les joncs, un rauque appel, la rousserole, tout à coup, le sifflet du loriot, et déjà, sous un saule du rivage, le roucoulement de la tourterelle… J’écoutais.
« Gatzo prit quatre éperlans et une loche. Moi, un vairon. Dès lors nous menâmes une vie passionnante. Nous avions dans nos mains la nourriture ! Quelle nourriture ! Car ce n’était pas là un aliment banal, acheté, préparé, offert par d’autres mains, mais notre nourriture à nous, celle que nous avions pêchée nous-mêmes, et qu’il nous fallait nettoyer, assaisonner, cuire nous-mêmes.
Or, les pouvoirs secrets de cette nourriture donnent à celui qui la mange de miraculeuses facultés. Car elle unit sa vie à la nature. C’est pourquoi entre nous et les éléments naturels un merveilleux contact s’établit aussitôt. L’eau, la terre, le feu et l’air nous furent révélés. »
Les jours suivants ressemblèrent au premier jour, les nuits à la première nuit. Il y avait, en nous et tout autour de nous, une grande paix. Après l'ivresse des premières heures, nous avions accordé notre vie à la vie de ces eaux dormantes. Nous réglions tous nos mouvements sur le soleil et sur le vent, sur notre faim et sur notre repos. Et il nous en venait au coeur une merveilleuse plénitude.
Tout ce que nous faisions durait longtemps ; et nous trouvions ce temps trop court. Car sur les eaux dormantes tous les gestes sont lents, et c'est avec lenteur qu'une barque s'en va d'un îlot à l'autre. On vit sans impatience, et on a de longues journées. On les aime pour leur longueur et leur apparente monotonie. Car rien n'est plus vivant, quand on sait déceler la vie, que ces lieux où l'air et les eaux semblent dormir.
[La lune] m'aida beaucoup cette nuit-là : sa clarté éclaira ma route et sa grande douceur m'apaisa un peu, par enchantement. Car la lune enchante les âmes bien mieux que toute autre planète. Sa lumière est si près de nous! On la sent attentive, affectueuse et, aux lunaisons de printemps, son amitié devient si tendre que toute la campagne s'attendrit. Alors il n'y a pas, pour les enfants qui s'éveillent la nuit, de plus charmante conseillère. Par la fenêtre ouverte elle éclaire leur chambre et, quand ils se rendorment, elle fournit à leur sommeil les plus beaux songes.
Bosco : l'
art d'être heureux
Visite à l'écrivain
Henri BOSCO dans sa maison niçoise ; il évoque son
enfance, sa manière de travailler, son goût pour la
cuisine et pour
la musique et parle surtout d'un certain
art de vivre, de sa conception de la vie. Evocation d'un de ses ancêtres proches, Don Bosco avec
reportage dans une école
technique de la fondation Don Bosco qui forme des ouvriers qualifiés. Présentation d'un...