AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Oui, je sais… Vous vous dites : « Pas possible ! Elle a tourné catho, Nastasia ?! » Eh bien, soucieuse de lever rapidement tout suspense sur cette question, je m'empresse de répondre non, définitivement non. Mais Bossuet, par contre, m'a mis une sacrée claque, mes aïeux, quelle claque !

S'il s'était agi de tout autre chose que de religion, ce n'est pas 4, ni 5, ni mille que je lui en aurai donné, d'étoiles : c'est toute la Voie lactée ! Quel style ! Que c'est beau, mais que c'est beau, nom de dieu ! Quel dommage de mettre un si grand talent littéraire au service d'une si piètre cause.

Sur le fond, cette collection de sermons, d'oraisons funèbres et de panégyriques n'a vraiment aucun intérêt à mes yeux. En revanche, sur la forme, l'excellence de la langue produite, la cadence absolument magnifique des phrases, des paragraphes ; la somptuosité de la ponctuation, en un mot, la magie de ce style, si raffiné, si épuré, si cristallin m'ont vraiment coupé le souffle et ravi les oreilles.

J'ai eu cent fois raison de passer outre mes a priori religieux, dieu me pardonne, pour aller goûter de ce nectar-là. Alors c'est vrai, pour nous autres athées jusqu'au trognon, la constance des références au seigneur, aux évangiles ou aux pères de l'église ont un côté rasoir très affirmé, mais juste pour le plaisir d'entendre sonner la langue, juste pour se rendre compte de ce que l'on peut faire de beau avec cette application pour smartphone qu'on nomme langue française, à l'heure où tout se logge, où tout se dispatche, où tout se keep in touch, où tout se bitlite et se heroicfantasyte, ça fait du bien de lire du vrai français qui sonne, qui vibre comme un diapason à nos oreilles engourdies.

Paul Valéry disait de lui qu'il était probablement le plus grand poète français de tous les temps et « qu'il écrivait ce qu'il voulait ». Je peux désormais comprendre une telle affirmation, aussi surprenante puisse-t-elle paraître. En fait, pour bien me rendre compte, j'aimerais ne pas comprendre le français : ainsi pourrais-je jouir uniquement de la musique (tant mélodie que rythme) qu'a composé Bossuet. C'est quelque chose d'incroyable, qui est clairement et indubitablement de la prose, et qui pourtant est cadencé, musical et sonnant comme de la poésie. Un formidable entre deux, unique selon moi dans la littérature française.

Alors, tant pis pour Jésus, avant que le franglais n'ait grignoté tout l'espace, je me suis fait un petit shoot aux good vibes de Bossuet. Et, entre nous soit dit, les Foenkinos, les De Vigan, les de Kerangal, vous aurez beau suer, vous n'êtes pas près de tutoyer l'altocumulus avec Bossuet, c'est moi qui vous le dit. Croyez-moi, écrivains d'aujourd'hui, de demain, il y a des choses à prendre chez ce grand maître ès-prose qu'était Jacques Bénigne (pas si bénigne que ça d'ailleurs) Bossuet. Ceci étant, ce n'est ni un sermon ni un panégyrique, mais juste mon minuscule avis, autant dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1209



Ont apprécié cette critique (111)voir plus




{* *}