Le titre dit clairement de quoi on va parler. Pas de tromperie sur la marchandise, on parle de l'adulte surdoué, pas de l'enfant (ou très peu), on parle de la différence ou des différences de ces individus particuliers et de la souffrance qui provient de ces différences. C'est clair !
Ce livre n'est pas un must pour moi. Il n'est pas "passionnant", il ne réinvente rien de ce qui a déjà été dit avant, par d'autres dans d'autres livres et peut-être mieux, de façon plus optimiste.
Ceci dit, si l'on n'a encore rien lu sur le sujet, il est probable qu'il fasse son effet, ses effets, et donc en cela il n'est pas oeuvre inutile.
L'intérêt étant justement qu'étant postérieur à d'autres, il accumule certaines informations et peut en actualiser, en re-préciser aussi d'autres. Notamment sur les aspects thérapeutiques, la description de différentes formes de soutien, de thérapies, etc. Il est un peu plus fort que d'autres sur ce plan.
Il intègre aussi des éléments de témoignages issus de chat, un peu de virtuel qui s'insère dans ce format livre si concret. Si cet aspect pouvait sans doute être intéressant, je trouve qu'il n'apporte pas vraiment plus que de simples témoignages standards. (On peut se demander si le livre n'est pas au fond le support pour amener au blog de
Cécile Bost... En même temps c'est de bonne guerre, et dans tous les cas les contenus de l'un et l'autre s'additionnent. Chacun choisira ce qu'il veut lire-voir-entendre-comprendre...)
L'aspect "absurdoué", terme provenant du fils de l'auteure, n'est pas vraiment exploité à la hauteur de ce que
Cécile Bost nous annonce. Un certain effet d'annonce, cette idée... jamais vraiment développée à mon sens.
Enfin bon, dans tous les cas selon moi l'idée importante est : NON VOUS N'ÊTES SANS DOUTE PAS FOUS, VOUS ETES PEUT-ETRE SURDOUÉ OU DOTÉS DE QUALITÉS PARTICULIÈRES, PAS NÉCESSAIREMENT DE PATHOLOGIES LA DESSOUS, NON, NON, NON ! (SOYEZ-EN HEUREUX !)
Dans sa conclusion : "A l'instar des travaux d'
Henri Laborit (L'
Eloge de la fuite) ce livre voudrait juste évoquer pour les surdoués une autre possibilité de fuite : la fuite dans la réponse à leurs propres besoins d'abord et avant tout, plutôt que de tenter de répondre aux besoins d'une société pour laquelle ils apparaîtront toujours comme non conformes.
La fuite non pas par l'inhibition, mais par l'ouverture sur un autre monde encore : le développement de ses ressources propres ; le développement interne (qualitatif), à défaut de développement externe (quantitatif) puisqu es surdoués sont hors les normes de cette société."
Pour qui ?
Cécile Bost nous dit : "Ce livre n'étant pas particulièrement dédié aux surdoués qui ont trouvé un équilibre, mais à ceux qui le cherchent, je voudrais ici énumérer un certain nombre d'étapes, de "petits moyens" pour progresser aussi bien seul qu'accompagné."
J'ajoute : Pour toute personne qui a envie de comprendre ce sujet, je pense aussi. Des parents, des amis, des personnes qui effectivement souffrent d'une différence qu'ils ne comprennent pas bien.
Bref, beaucoup de monde, en fait.
Autres remarques critiques :
Je n'aime pas du tout ce ton parfois supérieur et condescendant, notamment à travers de cet atroce terminologie : "normo-pensant", "normo-cognitif"... beurk.
Je ne crois absolument pas non plus à la facilité de s'apprécier plus entre surdoués qu'entre un surdoué et un "normomachin". Non, les surdoués sont des êtres tellement différents et extrêmes que leur contact est souvent rapidement insupportable pour un autre surdoué.
J'ai aimé par contre l'insistance sur les différences entre dépression et fatigue due à l'hypersensorialité. Je m'y retrouve terriblement.
Intéressant, je ne connaissais pas le MFIS, outil d'accompagnement développé par Mahoney. A voir si je peux intégrer ceci peu ou prou dans ma pratique de psychologue clinicien.
J'apprécie également les conseils aux thérapeutes, c'est vrai que beaucoup sont vraiment axés pathologie et qu'ils ont besoin de voir d'un autre oeil et les quelques idées prodiguées sont intéressantes, je trouve. Maintenant ce sont toujours les mêmes qui auront la curiosité d'apprendre et d'évoluer, les autres resteront ce qu'ils sont et... n'aideront pas mieux...
J'oubliais, j'ai été touché aussi, précisément par l'aspect d'être touché, physiquement, juste une tape amicale, une main serrée, une petite étreinte, ça réchauffe tout, on se sent relié à la vie, à tout, c'est pas grand chose et ça fait toute la différence. Je suis tellement d'accord là-dessus. C'est un petit rien qui fait beaucoup, beaucoup.
Construction ?
Assez standard, intégration de témoignages personnels (l'auteure parle de son expérience à elle) et de témoignages issus de participant à des chats internets ou de ses consultants dans de la théorie ni trop lourde ni trop frêle.
Evidemment d'abord Cécie Bost s'attèle à définir le sujet, balayer les malentendus, ensuite les souffrances, notamment la solitude, ensuite la sensibilité exacerbée et ses implications diverses, ensuite la réalité neurophysiologique du surdon... Et enfin que faire pour aider, s'aider, pour aller mieux, vivre avec soi-même...
Assez classique somme toute, rien de révolutionnaire. Mais tout cela n'est pas mal fait.
Toutefois, quelque impression de redites qui seront sans doute un peu énervantes dans le chef de certains lecteurs... surdoués...
Bref, mine de rien je reste avec un ressenti global d'un livre plutôt sombre et relativement banal, pas hyper bien écrit et avec quelques redondances qui peuvent fatiguer.
J'ai apprécié l'implication personnelle de l'auteure qui se raconte, ce qui donne du poids et de la force à son propos et les outils thérapeutiques proposés et décrits en fin d'ouvrage.
Pensez, et faites ce que vous voulez !