Heidegger aurait tenté de dépasser la fermeture du langage qui contient déjà par avance, parce qu'il est syntaxe, grammaire, codes prédéterminés, les réponses aux questions qu'il pose lui-même et ne permet pas d'ouvrir l'étant à l'être. Pour y parvenir, il innove dans son écriture par d'innombrables néologismes qui rompent avec la tradition de l'écriture philosophique. Ainsi, le langage devient l'être, il absorbe le mouvement de l'existence et permet au lecteur - dasein et étant - de s'ouvrir à son être. Cela se produit alors par une fin de la dichotomie signifiant-signifié, tous les deux ingérés dans une expression solipsiste qui existe par elle-même : une onto-logie, un être-langage.
Notons alors que le moyen d'y parvenir est de quitter la méthode philosophique pour opter pour une méthode littéraire. Mais est-ce que cela n'a pas été de tout temps le projet littéraire que de faire vivre une expérience, de prétendre mettre l'existence du lecteur ou de la lectrice en jeu et de réveiller son endormissement volontariste en lui faisant ressentir sa puissance de projection dans le monde ?
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Le signifié est ce qui résiste quand le signifiant se désiste, tel les pages écrites d'un livre, que l'on tourne et qui s'effacent au fur et à mesure que se constitue le sens.