-J'écris
-Tu écris quoi?
-Des phrases, les miennes ou celle des autres.
Des pensées un peu bizarres, des souhaits, des remarques, des poèmes, des promesses que je me fais... Tout ce qui me passe par la tête et que j'ai envie de coucher sur le papier.
La vérité est amour tout le reste est illusion.
L'Amour c'est aimer plutôt qu'être aimer.
Pourquoi tu me l'as pas dit ?
Pas que tu était con, ça je le savais, mais que tu étais amoureux ?
Que Clélia était la bonne, celle qui t'avait chouré le coeur et qui le gardait?
Cité de bétons. Facades anonymes.
Combat.
Injustice.
Solitude.
Les rêves se noient sous les larmes de la réalité, la pauvreté règne sur les coeurs et pourtant...
... Je suis heureuse
Si heureuse.
"-Je suis sincère. Je comprends volontiers que tu aies d'autres occupations et je suis capable de me débrouiller seule.
-Capable de te faire insulter et d'être ridicule, j'ai remarqué!
Clélia s'arrêta net et se planta devant lui. Elle ne lui arrivait guère plus hut que l'épaule mais la colère la faisait frémir gommait leur différence de taille.
-Tu es injuste, mesquin et blessant, lança-t-elle.Je ne vois pas en quoi je serais responsable des insultes que l'on m'adresse gratuitement! Et pour ce qui est du rdicule, cela fait longtemps qu'il ne tue plus; Regarde-toi, tu es en parfaite santé!
[...]
-je vais alimenter le moulin de bassesses que tu fais tourner avec tes amis. la phrase sur le ridicul n'est pas de moi, je l'ai volée à Raymond Devos. Tu ignore sans doute de qui il s'agit, puisque ce n'est pas un joueur de foot, alors je vais te traduire sa pensée avec un mot que tu pourras comprendre: merde!"
-Si tu regardes exactement entre les deux grandes tours qui se dressent là-bas, tu découvres un morceau entier de colline entre des arbres et des rochers. Tu les vois?
-Oui. Pas terrible comme forêt...
-Ca dépend. Pour moi, c'est une bouée, je m'y accroche et j'attend d'aller mieux...Tu comprends?
Non, Tristan ne comprenait pas. Il fut donc stupéfait de s'entendre répondre sur un ton calme des mots qu'il n'avait jamais dits à personne. Des mots qu'il ignorait penser.
-Moi, je n'ai pas de bouée, mais j'ai toujours vécu ici, je sais nager.
Rencontre.
Regards.
Échanges.
Esquisse d'un possible différent. Ailleurs. Si près...
Plus tard.
Bien plus tard.
Les bruits dans la tour B2 se sont tus.
Tristan se tourne dans son lit, cherchant un sommeil qui ne vient pas. Un visage le hante.
Un regard. Une voix. La courbe d'une nuque...
Désir.
Qui brûle.
Qui l'envahit.
Le submerge.
Plus haut...
Silence;
Et maintenant, il était paumé. Déchiré entre des pulsions contradictoires, il ne savait que penser. L’image de Clélia se superposant à celle de ses copains, les accents de sa voix, ses mots formant une cacophonie avec le langage de la cité, il ne savait qu’écouter. Son passé luttant contre un futur à peine esquissé, il ne savait que croire.