AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enroute


L'auteur, Hamza Boubakeur, était recteur de la Mosquée de Paris. Il entreprend, en 1985, de présenter l'Islam, dans un monde où l'occident libertaire autorise des dérives comportementales absurdes et choquantes.

Pour cela, il commence par soutenir non seulement que l'Islam n'est pas contraire à la raison, mais qu'elle est même la religion la plus rationnelle qui soit, ce qui n'enlève rien à l'importance de la révélation puisque la science elle-même n'est pas en mesure de poser des vérités définitives. Ce passage est un peu laborieux : à toutes les époques on a reproché à la science-qui-dit-la-vérité de ne pas dire suffisamment la vérité, parce qu'elle se contredit, reste approximative, ne fait pas système... sans relever que la science est avant tout une recherche et évidemment pas une vérité-révélée-une-bonne-fois-pour-toute... c'est peut-être cela l'intérêt de la raison : ça change, ça évolue, ça s'adapte, ça s'améliore. Enfin bon.

Mais la suite est plus intéressante parce qu'il est question de la critique des deux autres monothéismes, auxquels il est reproché de ne pas être rationnels du tout. On a alors une perception intéressante depuis l'islam, à savoir que les histoires de la Torah et l'idée d'un homme-dieu (Jésus), sont kitsches et fantaisistes, toutes droites sorties de l'imagination la plus débridée, forme de faiblesse de la pensée : le judaïsme et le christianisme sont pour cela des fantasmagories, des histoires proches de celles des polythéismes ; ce ne sont donc pas des religions qui valent quoi que ce soit, et c'est pourquoi le prophète Mahomet est venu clore les égarements d'interprétations des précédents prophètes, Abraham, Moïse et Jésus (et les autres), à qui Dieu a bien révélé la vérité, mais dont les enseignements ont été corrompus.

En conséquence, la vraie religion, juste, droite, efficace, rationnelle, qui ne transige pas, ne ment pas, ne part pas dans des délires ridicules et des niaiseries (le mot est souvent écrit), c'est l'islam. Boubakeur regrette ici que les trois monothéismes ne dialoguent pas davantage, mais sa posture est étrange : dès que les chrétiens et les juifs auront rejeté les niaiseries de la Bible et que les chrétiens auront abandonné cette idée farfelue de l'incarnation et de la rédemption, alors Boubakeur pourra, en toute fraternité, entamer un dialogue fructueux... Etrange manière de souhaiter le "dialogue" !

La suite m'a paru moins intéressante, il s'agit de revenir sur les obligations du croyants, puis les structures de pensée de l'islam (kharidjites, soufis, etc.). Mais comme la pensée, malgré la très grande érudition manifeste de l'auteur, est biaisée, on lit un peu une ligne sur deux en se disant qu'on trouvera plus précis ailleurs.

En conclusion, il m'a semblé que le texte valait davantage pour sa critique du judaïsme et du christianisme que la défense de l'islam, qui paraît tirer sa légitimité de la science puisqu'il est encore rappelé en conclusion qu'elle est la religion la plus rationnelle... On ne voit pas bien pourquoi il faudrait l'accréditation de la science pour donner de la valeur à une religion...
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}