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Critique de Clem_YCR


Je suis tombée un peu par hasard sur ce roman d'Anthony Boucard dont le résumé m'a tout de suite attirée. Je remercie d'ailleurs IS Editions de m'avoir permis de découvrir cette histoire qui m'a totalement scotchée.
Tout commence de nos jours, la plongée au sein du foyer des Landes est brutale: nous rencontrons d'abord Jeanne, amnésique, et Marius, qui semble entretenir une relation amoureuse avec elle; puis Angèle, une infirmière de l'hôpital psychiatrique. Angèle a clairement loupé sa vie mais un évènement récent lui a fait ouvrir les yeux. Ce début de roman n'est donc pas très gai, un peu particulier même et clairement pas ce à quoi je m'attendais. Pourtant, je me suis laissée prendre par l'histoire et une phrase en particulier, à la fin d'un chapitre m'a fait comprendre ce qu'Angèle venait faire dans cette histoire.
Cette histoire est tragique et en même temps magnifique; elle prend aux trippes et nous nous demandons, au fur et à mesure que le film de la vérité se déroule devant nos yeux, ce qu'il a bien pu se passer pour que Jeanne ne se souvienne perpétuellement que des 20 dernières minutes de son existence. Les chapitres s'alternent entre le récit de Marius aujourd'hui, une rétrospective des évènements de 1944 et les explications qu'Angèle donne à sa directrice sur ces rencontres avec Jeanne et Marius.
Nous prenons très rapidement conscience de la force du lien qui unit Jeanne et son amant, que même son amnésie ne peut tuer. Mais cet amour se déroule dans un climat non propice à son épanouissement: la seconde guerre mondiale; nos jeunes amoureux n'ont que 14 et 16 ans et les adultes qui les entourent son aveuglés par ce qu'ils croient juste. Je me suis attachée au petit Jules, malgré son caractère un peu tout feu tout flamme et son impulsivité. J'ai été révoltée par les injustices qu'il subit; notamment la violence des adultes qui le jugent comme un collaborateur. Nous sommes plongés dans la violence des affrontements entre la résistance et les envahisseurs; et parfois, nous nous demandons qui sont les plus monstrueux.
L'utopie des fous traite des choix que l'on fait, qui oriente notre vie et parfois celle des autres. En découvrant ce qu'ont vécu Jeanne et Jules, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander "et si ?", si une chose dans l'engrenage des évènements avait été différente ou était arrivée un peu plus tard… Est-ce que ça aurait pu être différent ? Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander "à qui la faute ?" Et si quelqu'un s'était tu ? Et si les hommes n'étaient pas si prompts à se juger ? Dieu que j'ai été remuée ! Anthony Boucard ne nous révèle qu'au tout dernier moment ce qu'il s'est réellement passé ce jour de 1944; ainsi, tout au long du récit nous sommes dans l'attente, et je peux vous dire que je ne m'attendais vraiment pas à ça. La lecture a été très difficile et encore une fois, je n'ai pu que me révolter contre le destin des deux jeunes gens, contre l'horreur de ce qu'on vécu nos ancêtres et contre la cruauté des hommes qui n'ont plus aucun discernement.
La fin est belle et en même temps tellement triste, tragique, à l'image de la vie de Jeanne et Jules, qui se seront aimés malgré tout, qui étaient faits pour être ensemble mais que tout semblait vouloir séparer.
Anthony Boucard nous offre un roman très bien écrit, qui ne parle pas que de belles choses, et loin de ça et qui montre à quel point il est facile de passer à côté de sa vie. Ce qui rend son récit encore plus intéressant, c'est qu'il s'est basé sur des faits réels pour décrire la scène qui marque le tournant de la vie de Jules.
Je pense que l'utopie des fous va me trotter encore un moment dans la tête… me laissant un sentiment d'impuissance et un petit goût amer, de ne pas avoir pu aider Jules, qui a fait de tellement mauvais choix.
Lien : https://sawisa.wixsite.com/y..
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