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EAN : 9781487006839
366 pages
Picador (31/07/2018)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Where have I come from? From the land of rivers, the land of waterfalls, the land of ancient chants, the land of mountains...
In 2013, Kurdish journalist Behrouz Boochani was illegally detained on Manus Island. He has been there ever since.
People would run to the mountains to escape the warplanes and found asylum within their chestnut forests...
This book is the result. Laboriously tapped out on a mobile phone and translated from the Farsi. It ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++++ PAS D'AUTRE AMI QUE LA MONTAGNE +++++

Richard Flanagan, le gagnant autralien du prestigieux Prix Booker 2014 avec "La route étroite vers le nord lointain " note dans son introduction de cet ouvrage : "Ce livre n'a pas été écrit ni sur du papier ni sur un ordinateur, mais sur un téléphone et sorti clandestinement de l'île de Manus sous la forme de milliers de messages textuels."
Cet accomplissement tout à fait remarquable par Behrouz Boochani, s'ajoute au fait que l'oeuvre est comparable du point de vue contenu et style à des oeuvres comme "De profundis" d'Oscar Wilde, "Lettres de prison" d'Antonio Gramsci et de "Lettres de la prison de Birmingham" de Martin Luther King Jr.

Le texte de l'original fut en Farsi (Persan) et traduit en Anglais par son ami Omid Tofighian, docteur en philosophie de l'université de Leyde et professeur à l'université américaine du Caire, qui a fait un excellent travail car l'ouvrage est très poétique et donc pas simple à traduire. La qualité de la traduction est absolument exceptionnelle, aussi bien que sur Babelio j'ai rajouté une photo de l'auteur avec son traducteur.

Behrouz Boochani a dédié son témoignage à Janet Galbraith, la coordinatrice du groupe d'écriture "Writing Through Fences" (écrire à travers les barreaux). Cette dame a été une des toutes premières personnes à réaliser le potentiel puissant que l'auteur offre sur le plan de l'art.

L'ouvrage a remporté le prix littéraire le plus prestigieux d'Australie, le Prix Victoria de la littérature, ainsi que le Prix Victoria pour non-fiction, en janvier 2019.

Avec Arash Kamali Sarvestani, régisseur iranien résident aux Pays-Bas, l'auteur a réalisé, en 2017, le film : "Chauka, Please Tell Us the Time". Un film documentaire d'une heure et demie enregistré clandestinement sur les conditions de vie dans les centres de détention des migrants en Australie. Chauka est le nom d'un oiseau, le polochion à nuque blanche, qui habite en Papouasie.

Behrouz Boochani est né à Ilam, Iran occidental, la 3e ville kurde d'Iran à 300 kilomètres de Bagdad, Irak. Il est de confession musulmane chiite et aura 36 ans le mois prochain. Il est poète, journaliste, scénariste et défenseur des droits de l'homme. Il a un doctorat en sciences politiques et commença sa carrière de journaliste à écrire pour une feuille d'étudiants et ensuite différentes publications iraniennes. C'est la fondation d'un magazine kurde "Werya", qu'il considère comme sa plus importante initiative, et dans lequel il défendait les thèses kurdes qui l'ont mis en difficulté avec les autorités iraniennes.

Après la fermeture de sa revue et menacé d'emprisonnement dans son pays, il a pris la fuite direction Indonésie, en mai 2013. Dans ce livre l'auteur ne relate pas ses difficultés avec le gouvernement à Téhéran. C'est avec le voyage d'Indonésie vers l'Australie que l'ouvrage commence. le récit d'un voyage périlleux à bord de petits bateaux vétustes jusqu'à leur arraisonnement par la marine australienne. Ils furent d'abord conduits au centre de détention pour immigrés sur l'île Christmas et ensuite transférés, en août de la même année, au centre de détention de l'Île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais sous contrôle australien.

Ce centre, construit en 2001, a pour but d'emprisonner systématiquement tout réfugié politique dans le cadre de la politique "Operation Sovereign Borders" (OSB ou opération frontières souveraines) et vise à empêcher l'immigration par la mer vers l'Australie. Une politique mise en place par l'ancien Premier ministre australien de 2013 à 2015, Tony Abbott. Un homme qui a apparemment servi de modèle à la "star" italienne actuelle, Matteo Salvini, et l'humaniste hongrois Viktor Orbán. Quoiqu'en tant que Belge flamand je n'aie pas trop à m'en prendre à des chefs étrangers, vu la victoire lamentable de la droite populiste et l'extrême droite dans mon pays lors des élections du 26 mai. Un résultat xénophobe encore pire que j'avais craint.

Un porte-parole du gouvernement australien a eu le culot de prétendre qu'il s'agissait en fait d'une mesure humanitaire : éviter les noyades en haute mer des clandestins.

Dans les 3 centres de détention des migrants en Australie, l'île de Pâques, l'île de Manus et la minuscule île de Nauru, toutes sortes d'excès ont eu lieu et l'objectif principal de l'auteur a été d'attirer l'attention sur les réalités de "torture systématique" appliquée sur des pauvres réfugiés. le mot le plus souvent employé par l'auteur est "affliction" terme que le Larousse a traduit par "peine profonde, abattement et détresse".

Déjà en avril 2016 la Cour Suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a qualifié ces centres d'illégal. En octobre 2018, le centre de l'île de Pâques a été officiellement fermé, un an après la fermeture de celui de Manus. Entre 2002 et 2018, au moins 14 personnes ont perdu leur vie dans ces centres : 6 à Manus, 4 à Nauru et 4 à l'île de Christmas.

Le titre de l'ouvrage se réfère à la montagne du Kurdistan où l'auteur est né en pleine guerre d'Iran-Irak 1980-1988, mais pour laquelle, vu le contexte de sa captivité australienne, il lui arrive d'éprouver de la nostalgie.

Cet ouvrage, qui a connu un accueil extraordinairement favorable, se distingue par 2 considérables qualités : son aspect "J'accuse" qui met à nu le traitement scandaleux de victimes innocentes par un gouvernement dit civilisé et sa haute valeur purement littéraire, mêlant le récit épique avec de la poésie originale, pleine de trouvailles tout aussi originales.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Non, je ne veux pas mourir !
... Surtout si loin de ma patrie !
Je ne veux pas mourir là-bas, entouré d'eau !
Et plus d'eau.

Traduction d'un poème du journaliste kurde-iranien, Behrouz Boochani, en prison à l'île de Manus, un centre australien de détention de migrants, depuis 6 ans.

"No, I don't want to die !
... Especially somewhere so far away from my motherland !
I don't want to die out there surrounded by water !
And more water. "
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