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Critique de colimasson


Dans cet essai critique de l'histoire du capitalisme, tout part de l'histoire de Nikolaï Dimitrievitch Kondratieff. Après la révolution bolchévique et sous le régime stalinien, cet économiste russe stipule que le capitalisme est éternel, animé de cycles d'une durée d'une soixantaine d'années durant lesquelles se succèdent des crises et des phases de croissance (printemps, été, automne, hiver). Alors que Lénine accordait du crédit à ses opinions, Staline, dans sa volonté d'éliminer tout opposant supposé au régime, se débarrasse de Kondratieff et le laisse agoniser dans des geôles toutes plus insalubres les unes que les autres à cause de ses idées si optimistes sur le capitalisme. Pourtant, Kondra n'était pas un contre-révolutionnaire, il était « un économiste réaliste face au régime bolchévique communiste et stalinien », ce qui n'était bien sûr pas tolérable dans ce contexte.


Le temps passe et, un siècle plus tard, que constate-t-on ? le communisme n'est plus que parcellaire tandis que le capitalisme nique tout sur son passage. Alors, Kondratieff était-il, comme tant d'autre, le prophète sacrifié à la volonté d'aveuglement de ses contemporains ? Kondra avait-il raison avant tout le monde ? Comme à chaque fois que l'on pose des questions fermées à la con, la réponse est : oui et non. Oui car Kondra estimait que la capacité du capitalisme à se renouveler était l'élément essentiel de sa pérennité. Mais cette capacité ne sort naturellement pas du trou du cul du capitalisme lui-même. Cette capacité à se pérenniser a conduit le capitalisme à ne sélectionner qu'une minorité de chanceux et de malins qui ont su tirer pleinement profit du capitalisme au détriment de tous les autres et comme ce processus est un cercle vicieux, l'hiver du capitalisme semble aujourd'hui s'éterniser. Bouchard nous dit :


« Contrairement au stéréotype trop communément répandu, l'organisation moderne de l'économie et de son financement souffre d'un excès de contraintes, non pas de la part des Etats, mais surtout de la part des grands acteurs capitalistes dont la position excessivement dominante finit par déformer totalement les règles à leur profit. Il en résulte une instabilité endémique : la captation de la richesse par un trop petit nombre amène inévitablement des perturbations de toutes natures. »


Bouchard nous attend au tournant et nous prend au revers de tout ce qu'on s'attendait à trouver dans un livre aussi complaisamment intitulé que le sien mais, en y réfléchissant bien, une truanderie n'est qu'une assemblée de truands, et c'est bien cette appropriation du capitalisme par quelques opportunistes que vise cet essai, et non le capitalisme en lui-même, sinon en ce qu'il permet un tel détournement de ses objectifs. En gros : le capitalisme était une bonne idée, dommage que ça ne marche pas en réalité.


Kondra avait raison lorsqu'il pensait que le capitalisme serait éternel car il améliore globalement le niveau de vie de l'ensemble de la population (même si les populations des pays développés ressentent l'inverse aujourd'hui avec la hausse relative du niveau de vie des population des pays moins développés du reste du monde, et surtout à cause de l'enrichissement toujours plus dément des plus riches de ce monde), et il est donc de l'intérêt de tout le monde de le préserver, mais il avait tort de croire en une nature vertueuse de l'être humain qui se démènerait collectivement pour rendre le capitalisme à lui-même lors des crises saisonnières qui le traverseraient. Tout ce livre est une énumération d'exemples des spoliateurs du capitalisme pour une critique plus nuancée d'un système dont Kondratieff avait soutenu les vertus en plein coeur du totalitarisme soviétique.
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