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Critique de oran


Le thème de la prochaine soirée de notre club littéraire est « femmes auteurs » (emprunté à une liste Babelio !)
J'ai choisi de présenter, notamment, cette biographie d'Huguette Bouchardeau « Elsa Triolet » pour deux raisons :
- La première par rapport à Madame Bouchardeau qui a consacré de nombreuses biographies à des femmes , et, pour nombre d'elles, à des femmes écrivains : George Sand, Agatha Christie, Nathalie Sarraute, à deux simone - De Beauvoir et Signoret - , et par rapport à son propre cursus : une enseignante (maître de conférence en philosophie), une militante (UNEF, SGEN-CFDT…), une femme politique (Ministre, parlementaire, maire) , une écrivaine , une éditrice, une féministe convaincue et active (elle publia « Pas d'histoire, les femmes », Editions Syros, ouvrage par lequel elle dénonçait l'exclusion des femmes dans la vie publique).
- La seconde raison concerne bien sûr Elsa Triolet, qui doit son patronyme de plume à son premier mari, un officier de l'armée française, une femme que l'on connait encore aujourd'hui grâce aux poèmes d'Aragon, repris en chanson tant et tant de fois (« La croix pour l'ombre » : « aimer à perdre la raison »(Le fou d'Elsa) , « C'est si peu dire que je t'aime » (le fou d'Elsa) « Je t'aime tant » : « Chanson noire » (Elsa)…
Mais Elsa c'est aussi une femme écrivaine, un peu oubliée aujourd'hui malgré son indéniable talent : «tu as ce qui fait un écrivain : le sentiment personnel de la vie et l'art de le transmettre » disait d'elle Victor Chklovski, elle qui obtint le Prix Goncourt en 1944, pour la première fois attribué à une femme, une femme entrée en résistance qui séjourna à Villeneuve-les Avignon, où une maison conserve l'empreinte de son séjour en compagnie de son époux Louis Aragon. (Les Saisons, Place de l'Oratoire) , un roman évoque cette période ("Le premier accroc coût 200 francs ")
J'aurais voulu trouver plus d'empathie, de connivence entre la biographe et Elsa . Huguette Bourchardeau relate, décrit, précise, commente mais on sent comme une certaine distance entre elles. Est-ce dû à la personnalité d'Elsa, elle qui disait « La solitude n'est pas le grand thème de mes livres, elle l'est de ma vie ». Elle qui se masquait et se dévoilait, tour à tour, dans ses romans (surtout dans les premiers écrits « Bonjour Thérèse », « A Tahiti », « Fraises des Bois », « Camouflage »…, elle qui écrivait « On a du mal à associer ma petite taille et mes joues roses à ma dureté et ma sécheresse de caractère (…) ».
Louis et Elsa restent, pour l' éternité un couple mythique, « une entité indissociable » mais à travers ce récit on ressent plus fortement l'attachement, la passion d'Aragon pour Elsa, pourtant, il est indéniable, Elsa aimait Louis, à sa façon…. Cette phrase inscrite sur la pierre tombale commune en dit long « « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA ».
Des photographies enrichissent fort à propos cette biographie.
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