Par l'intermédiaire de Masse Critique et à ma demande, les ateliers henry dougier m'ont expédié ce petit guide qui évoque dix artistes contemporains et cents lieux moscovites en faisant un arrêt plus prononcé sur dix lieux.
Comme l'a dit le journaliste
Etienne Bouche qui signe l'avant-propos de cet ouvrage, « imaginait-on
Moscou figurer dans une collection célébrant les « villes créatives » ? Avec son passé peu engageant. Et pourtant, « ces dernières années, la capitale russe est un chantier permanent, de jour comme de nuit ». Une rénovation urbaine de grande envergure. Aménagement des berges de la Moskova, pistes cyclables, terrasses de café sur les trottoirs élargis et fleuris. La vie y est devenue plus agréable. le milieu artistique repose maintenant aussi sur des fonds privés. Ce livre permet de situer les nouveaux lieux de culture tout en évoquant dix artistes d'horizons différents. Deux préfaces mettent en parallèle la scène artistique hier qu'évoque la conservatrice Olga Sviblova, et la scène artistique d'aujourd'hui que dépeint
Irina Prokhorova.
Olga Sviblova témoigne qu'avant 1988, le marché de l'art n'existait pas mais qu'ensuite la perestroïka a ouvert des perspectives : le marché est né quand directeurs de musée et galeristes étrangers ont commencé à venir à
Moscou.
Irina Prokhorova nous dit que
Moscou est incroyablement éclectique. C'est le principal foyer culturel et artistique de Russie. Cette ville favorise énormément la créativité. Elle-même a créé en 1992 NLO (La Nouvelle Revue Littéraire) principale revue littéraire du monde slave. Elle préside aussi depuis 2004 la Fondation Mickhaïl Prokhorov, influente structure de mécénat favorisant l'émergence d'une culture contemporaine en Russie.
Suivent dix entretiens avec un compositeur, un architecte, une comédienne, un photographe, un autre compositeur, une plasticienne, un écrivain-plasticien, une poétesse, un metteur en scène et un chef-cuisinier.
La comédienne Tchoulpan Khamatova a déjà un vécu fort intéressant. Agée de plus de quarante ans, elle a déjà beaucoup tourné et en ce moment elle joue au théâtre et ce qu'elle en dit est passionnant : « Parce qu'il permet de bousculer les frontières et de s'écarter de sa zone de confort, le théâtre est un espace d'absolue liberté ».
Le photographe Igor Moukline (58 ans) a immortalisé la perestroïka avec ses clichés uniques de la jeunesse et de la scène rock underground. Il photographie
Moscou depuis plus de trente ans. « Photographier, c'est aussi fixer ce qui, inévitablement, est amené à disparaître ».
Le plasticien, écrivain,
Pavel Pepperstein (53 ans) issu d'une famille d'intellectuels moscovites, est un génial touche-à-tout, à la fois peintre, écrivain, réalisateur, mais aussi rappeur. Son vécu est très intéressant.
La poétesse, Maria Stepanova (47 ans), a créé un site Colta.ru consacré à l'actualité culturelle. Elle a reçu un prix en 2018 pour Post-Memory, un ouvrage considéré comme l'une des oeuvres les plus importantes en langue ruse publiées ces dernières années. le livre paraîtra en 2020 en France et j'ai très envie de me le procurer. Selon elle, il n'existe pas aujourd'hui de censure dans l'édition en Russie. Chacun écrit et imprime ce qu'il veut, probablement parce que la littérature n'occupe plus la place qu'elle avait autrefois. Pour elle, c'est la poésie qui lui permet de parler de la Russie d'aujourd'hui.
Le dernier entretien avec le chef-cuisinier Vladimir Moukhine m'a appris qu'à l'époque soviétique, les restaurants privés n'existaient pas. Tout appartenait à l'Etat. Il n'y avait qu'un seul ouvrage de cuisine de référence, et sous aucun prétexte, il ne fallait toucher aux recettes. Il narre bien d'autres choses aussi curieuses.
La deuxième moitié de ce guide est consacrée à cent lieux moscovites artistiques dont dix sont plus particulièrement mis en avant. J'aimerais bien visiter le musée des collections particulières qui se trouve dans le
Musée Pouchkine. Et aussi ressentir l'atmosphère secrète du vieux quartier Khokhlovka dans la charmante librairie Hyperion.
Un excellent guide à lire et à consulter pour une prochaine visite des centres culturels de
Moscou. Je remercie les éditions HD pour cet envoi.