Petit manuel de créativité politique

La forme :
La couverture est attrayante, et le dessin de 1ère page parle de lui-même. le 4ème de couverture est un peu listing de tout ceux qui ont aimé, ce qui fait un peu "too much", mais on va s'y plonger. le choix de police permet une lecture aisée, ce qui présage un bon moment. Les titres, sous titres présents définissent rapidement l'objet qui est abordé, l'ordonnancement rend le tout très aéré.

Le fond :
Que faire des capacités de chacun ? Les laisser s'user ou bien les fédérer en un grand tout pour améliorer le monde ? C'est ainsi qu'on pourrait "pitcher" le contenu, mais passer cette première impression cela va bien au delà.
Passer les premières pages je me retrouve un peu déçu par le constat très généraliste de l'actuel manque d'innovation en terme politique. Beaucoup de poncifs à mon goût qui ne mettent pas en lumière les besoins réellement attendus par les françaises et les français (mais ça reste mon point de vue)
Le credo de changement d'institution est largement mis en avant et permet d'établir que si nous (les quidam) ne nous retrouvons plus dans le système politique actuel c'est certainement qu'il est à bout de souffle, ça c'est un point très fort dans le texte.
Il ressort de cette partie "le changement c'est pour quand ?" que nous sommes dans un système archaïque qui n'a pas su s'adapter au nouveau système de communication et qu'il est plus que temps de passer le cap pour entrer dans une nouvelle ère. Comment ne pas s'y retrouver, on voit bien que le 21ème siècle n'offre pas le changement attendu par rapport au 20ème, et c'est ce qui génère la frustration essentielle vis à vis du monde politique.
Mais qu'est ce que la "créativité" en politique. Là on aborde une question intéressante et l'auteur après une explication nous montre le travail qu'il y a à réaliser à faire de la créativité un outil qui se doit d'être utile pour ne pas qu'il soit perçu comme inutile (justement).
C'est surtout par le partage, le travail entre êtres qui veulent changer la donne passéiste actuelle que la différence se fera. L'originalité de cet aspect des choses ne se fait pas sur les thèmes abordés (qui bien souvent restent les mêmes) mais bien plus sur la façon de les aborder, de les mettre en lumière et ainsi de recréer de l'intérêt à la vie que l'on souhaite voir apparaître, c'est tout l'objet de la créativité : recréer l'action autour des idées, et non plus subir des programmes qui semblent très loin de la population. Ces chapitres agrémenter d'un travail d'illustration, de tableaux de mise en oeuvre psychologique sont une véritable source de réflexion sur le travail à mener pour investir la politique et se retrouver impliqué (à n'importe quel degré) en tant que citoyen-ne.
La créativité se veut réflexive, et doit bouleverser le paysage habituelle, elle n'existe pas lorsque les concessions font d'une idée une impasse parce que les décideurs semblent trop frileux pour bouleverser le système (toujours) archaïque que nous connaissons et dans lequel nous vivons.
Les exemples proposés dans le livre pour initier cette créativité dans son milieu raisonne sympathiquement, il ne s'agit pas là de recopier les actions, mais de s'en inspirer en se disant que si d'autres y sont arrivés, et si nous sommes suffisamment nombreux, alors on arrivera à changer la donne.

Ce livre m'a plu, même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il s'y décrit, je retrouve en tout cas le besoin de changer les choses, de forcer le destin à prendre en compte les plus petites idées afin de se retrouver enfin dans une société où on se sent écouté, et pas seulement lorsqu'il faut aller voter.
Cela raisonne très clairement avec le débat politique actuel à quelques semaines des élections présidentielles. Ce livre m'a plu (je le redis) car il permet de poser question, de se dire : on est tous partie prenante du changement, mais aura-t-on l'audace de se lancer ? Dépassé ce stade où on végète en râlant mais en n'étant pas acteur, voilà ce que cela me fait dire.
Bref, je recommande, cela donne des idées de créativité, et cela fait du bien !

Ce « Petit manuel de créativité politique » n'est pas si petit que ça, 400 pages tout de même. Il présente abondamment les raisons pour lesquels nous avons besoin de plus de créativité en politique, décortique les obstacles qui retiennent le système sur cette voie, présente quelques réussites ou expériences politiques créatives, évoque ce qu'il faudrait faire pour que la créativité soit plus présente dans l'activité politique et les risques encourus si on ne le fait pas, ou qu'on affiche seulement de le faire sans s'y engager vraiment.
Côté points positifs, la langage est clair et les néologismes ou anglicismes inévitables dans le domaine sont expliqués. Les exemples de réussites, d'expériences intéressantes ou d'échecs ne sont pas tous pris au même bord politique, et viennent des quatre coins de la planète. Certains sont très surprenants, et assez inspirants.
D'autres points peuvent être positifs ou négatifs suivant les goûts ou les intérêts du lecteur : un système de notes très fournis, avec beaucoup de références, beaucoup de citations aussi d'un grand nombres de personnes actives dans le domaine de la créativité en général, chercheurs, membres de Think tanks divers, développeurs de solutions. Cela donne beaucoup d'informations... au point parfois que l'on peut se sentir noyé.
D'autre part, même si les exemples sont internationaux, et que l'analyse de certaines difficultés vaut pour la plupart des Etats modernes, le livre se concentre tout de même surtout sur le cas de la France.
Pour les points plus franchement négatifs, eh bien... il y a tout d'abord le fait que la lecture de ce livre est la plupart du temps assez ennuyeuse. Cela vient notamment du fait que le propos est assez répétitif, revenant sur certains éléments à plusieurs reprises, insistant sur certains aspects. C'est au point que quand on quitte la page des yeux et qu'on cherche ensuite le point où on s'est arrêté, on se surprend à se dire « mais, est-ce que je n'ai pas déjà lu cela ? », alors qu'il s'agit seulement d'une idée proche de celle d'un passage précédent. Cela s'améliore dans les passages qui décrivent de réelles réussites créatives, mais ils ne sont pas si nombreux.
La grande abondance de citations entraîne de nombreuses présentations de personnes comme « X, membre du comité Y de recherches Chose, actif dans le domaine Z », qui alourdissent la lecture.
Il reste un nombre relativement élevé de coquilles et petites erreurs, moins d'une par page certes, mais suffisamment pour que cela agace un lecteur pointilleux.
Et finalement... le livre parle beaucoup de ce qu'il faudrait faire et pourquoi, mais accorde une part plutôt maigre au comment, au véritablement concret. Il ne mérite donc à mes yeux que partiellement son titre de « manuel » de créativité politique.

Ce livre est un outil méthodologique, qui ne propose pas un carnet de solutions toute faites pour révolutionner le monde, mais un ensemble de pistes pour y parvenir.
Face à la complexité, nulle évidence et point de certitude, il faut toujours chercher et le faire tous ensemble, se nourrir de nos erreurs, tester nos hypothèses, se confronter au doute, une approche très scientifique de la politique en fait, en opposition à ses tendances conservatrices,empiriques et ses immobilismes structurels. le constat est clair, la politique vacille sur ses bases, ébranlée par l'accélération des mutations du monde. Elle doit s'adapter vite mais comment y parviendra t'elle?
Nous ne sommes pas dans la lecture de ce manuel, dans l'exaltation de celui qui a trouvé la solution salvatrice à tous les problèmes.
Nous sommes dans la réalité, dans le labeur, dans l'effort collectif, dans le bilan de ce qui a été proposé: points positifs, points négatifs, visions d'espoir. Stephen Boucher en écrivant ce livre, s'est engouffré dans les brèches qu'est parvenue à emprunter la créativité pour distiller sa lumière; pour tenter d'éclairer tous ceux qui voudraient suivre son chemin. Face à des enjeux majeurs et inédits, l'humanité va devoir trouver des solutions au plus vite, celles-ci seront complexes et nécessiteront la coopération de tous ses acteurs.
Loin du fatalisme, Stephen Boucher croit au vivre-ensemble, à l'intelligence collective, à la capacité des êtres humains d'être responsables et coopératifs. L'intuition que tout n'est pas fait pour y parvenir est presque évidente. Il nous reste une infinité de choix à faire, l'avenir est devant nous, trouvons les meilleures solutions ensemble , faisons tout notre possible pour construire un monde meilleur, défaisons les fausses croyances, les oppositions stériles, les procédés contre-productifs, acceptons nos erreurs, réinventons-nous encore et encore. Continuons d'être adaptatifs pour poursuivre notre chemin, améliorons-nous encore, épanouissons-nous davantage, trouvons les voies propices à notre bonheur, utilisons toutes les ressources de notre pensée pour créer le monde que nous souhaitons. Merci pour ce message fédérateur et cette analyse complexe qui guidera sûrement les pionniers de demain.

J'ai trouvé la lecture de ce livre agréable et le fond très utile, car personne n'avait croisé les champs de la créativité et de la politique de cette manière à ce jour. Et ce regard croisé met en perspective la politique sous un jour positif et offre une grille d'analyse et des recommandations d'action qui dépassent les clivages politiques (même si on peut deviner que l'auteur a lui-même certaines préférences). Il est présenté comme étant "grand public", mais est probablement plus destiné à des personnes agissant dans le domaine public.

La partie la plus originale et intéressante est le long chapitre 5 ("sous les pavés, la créativité") qui recense une 20aine de cas de différents pays de créativité en politique et les analyse. Les plus pressés je pense peuvent et doivent lire d'abord ce chapitre-là. Ensuite les chapitres sur la définition de ce qu'est la créativité en politique (chap.2) et les recommandations d'action (chap.6) me semblent prioritaires. Les autres seront peut-être plus convenus pour certains lecteurs.

Mais au global un livre utile et stimulant !

Je remercie Babelio et sa masse critique de m'avoir fait parvenir ce livre. J'en ai personnellement pas réussi à rentrer dedans mais je trouve l'idée très bonne. Peut être faut il être plus passionné par la politique pour aimer ce livre.