AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070771257
144 pages
Gallimard (20/08/2004)
3.71/5   105 notes
Résumé :

Un petit peuple issu d'Europe s'est établi " au Nord du monde ", dans une solitude glacée où il s'acharne à survivre. Mais, au fil des siècles, les communications s'espacent, puis s'interrompent. L'oubli et l'abandon menacent. Court Serpent est le navire spécialement commandité et construit selon un savoir ancestral, à la fin du XVIe siècle, pour aller à la recherche de cette communauté pendue et lui porter secours. L'abbé Montanus, chargé de conduire l'... >Voir plus
Que lire après Court serpentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 105 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
3 avis
1
1 avis
Le titre du livre m'a interrogé, le dos du livre m'a renseigné juste ce qu'il faut pour que j'emporte avec moi ma première oeuvre de Bernard du Boucheron.
Entre hier et aujourd'hui, j'ai donc été happé par ce récit noir et historique.
J'ai eu froid avec ces voyageurs du petit âge glaciaire! J'ai ressenti cette misère et ces atrocités, cette pestilence et ces moeurs à jamais dissolus d'un peuple abandonné.
Dans ce nord devenu abominablement inhospitalier, rien ne peut advenir de bon ni de simplement vivable, avec un été trop court et infesté de mouches et de moustiques! Rien n'a le temps de vraiment sécher, et tout n'est que plaies, mort et souffrance!
La lumière et le secours qu'est censé amener l' abbé de Joug-Dieu semblent tellement dérisoires, illusoires et provisoires à des êtres depuis trop longtemps livrés à eux-mêmes.
Mais quelle froidure, qui s'insinue au coeur de toute chose!
Bernard du Boucheron n'offre aucune pause ni aucune chaleur au lecteur! C'est noir, dans un monde blanc de mort!
Tellement noir.
J'engage donc les babéliotes qui ne l'ont pas lu et qui ont le coeur bien accroché, à suivre la terrible mission du Court Serpent.
Commenter  J’apprécie          522
Nous sommes au XIV ème siècle. Sur ordre du cardinal-archevêque de Nidaros et recommandation de l'Ordre du Joug-Dieu, l'abbé Montanus fait construire un bateau, appareille et met le cap sur la Nouvelle Thulé, une colonie chrétienne plus ou moins oubliée au nord du nord…
Une expédition. Et quelle expédition !
Le Court Serpent arrivera finalement à bon port, si l'on peut dire, pour découvrir une colonie livrée à elle même et au froid intense, aux bassesses et aux comportements déviants, tant sexuellement qu'alimentairement : l'abbé Montanus sera confronté à des pratiques incestueuses, anthropophages et coprophages ; quant à la religion…
Même lui, le Docteur en Théologie, l'inquisiteur, l'exorciste… sera confronté aux amours interdites.

A 76 ans, en 2004, Bernard du Boucheron, après une carrière dans l'aéronautique, publie son premier roman… Un roman âpre comme le climat de ce petit âge glaciaire qui sévit à cette époque sur le nord du Groenland ; âpre comme le tempérament des hommes poussés aux comportements extrêmes face à la misère, la famine, le froid intense.
Ce genre de littérature qui ne manque pas de rappeler certains ouvrages de Jean Teulé – en plus soft – n'est en principe pas vraiment mon créneau. Néanmoins Bernard du Boucheron sait maintenir l'attention du lecteur et la brièveté de l'ouvrage ne nous conduit pas à l'indigestion par excès de description d'humains corrompus, autant dans leur tête que dans leur corps : pus, pustules, gangrène, supplices barbares, amputations, exécutions sommaires…
Malgré tout, une narration maritime dans le grand nord qui ne manque pas d'intérêt.
Pour le reste, j'avoue qu'il était temps que ça se termine…
Commenter  J’apprécie          340
A la fin du quatorzième siècle, l'abbé Montanus est chargé de se rendre "au nord du monde", afin de ramener dans le giron de l'Eglise une communauté abandonnée depuis longtemps et livrée à elle même.

Court serpent, est le nom du bateau qui amène Montanus sur ces terres plus qu'inhospitalières.
Les lieux et les temps sont rudes...

Le récit du périple de l'abbé et de ses marins l'est tout autant, et plus encore.

Bernard du Boucheron, signe un roman d'une rare âpreté, qui fut cependant couronné par le prix de l'académie française en 2004.

Les conditions de survie sont incroyablement difficiles, et pour rechristianiser ses ouailles Montanus dont être aussi dur que les calamités qui accablent les malheureux habitants de la "Nouvelle Thulé".
Froid extrême, misère, famine, cruauté, rien n'est épargné à ces pauvres hères !
L'équipage de Court Serpent ne sera guère mieux loti.

Un tel roman pourrait être déprimant ou révoltant tant il est une suite de scènes horribles et tragiques.
C'est là que l'art de l'auteur fait la différence.
La plume de Bernard du Boucheron est riche, précise et puissamment évocatrice...

Je conclue en précisant que ce premier roman, fut publié par un auteur alors âgé de...76 ans !
De quoi laisser de l'espoir à toutes celles et ceux qui écrivent et craignent de ne jamais être publié !
Commenter  J’apprécie          260
Vraie bonne surprise à la lecture de ce roman sorti il y a dix ans, bien loin de mon petit radar bibliophile. Il y a encore deux mois, l'auteur m'était totalement inconnu et je dois remercier Babelio et ses contributeurs d'ouvrir encore une fois mes horizons...

Au Moyen-Age, un prêtre scandinave est mandaté vers la Nouvelle Thulé (au sud de l'actuel Groenland), à des fins prosélytes et mercantiles, afin de ramener sur le droit chemin une ancienne colonie ne donnant plus signe de vie depuis plusieurs dizaines d'années.

C'est court (133 pages), ça s'embarrasse peu de fioritures et de personnages à la psychologie complexe, ça file droit vers une conclusion à double face, d'une sécheresse glacée.

L'abbé Montanus se rêvant en pilier de la foi finira en monstre d'hypocrisie et partie prenante dans l'échec de son utopie évangélisatrice.

L'auteur a une plume pour le moins élégante en nous dressant pourtant un inventaire de pas mal de bassesses et de perversions humaines.
Il crée une langue paraissant d'époque sans être passéiste et ramène cette épopée glauque vers un récit d'anthropologue.
Pire, ou mieux, c'est sa précision d'entomologiste détaillant une colonie de fourmis sans but qui fait froid dans le dos et fait tout le prix de Court Serpent.

C'est cruel, très cruel, ceci n'excluant pas une certaine délectation dans le détail. Mais cette cruauté se trouve moins dans l'accumulation des actes (même si cela peut apparemment heurter les plus sensibles) que dans le constat de l'échec d'une civilisation en plein délitement.

Pour ma part totalement convaincu, piqué au vif par cette froideur gracieuse et vicieuse, je continue ma découverte de du Boucheron avec Chien des os.


Commenter  J’apprécie          211
Une histoire noire mais bien racontée. Nous sommes au XIVe siècle quand l'Abbé de Joug-Dieu, Montanus, un Norvégien et inquisiteur ordinaire et extraordinaire, est envoyé en mission. Il doit visiter une colonie chrétienne de Nouvelle Thulé dans l'extrême Nord du Groenland avec laquelle on a perdu le contact. Sa mission est simple ; enquérir de l'état du peuple chrétien, faire un rapport sur la situation locale et restaurer la foi et l'ordre.

Le Court Serpent est le nom du bateau avec lequel Montanus fait le voyage. C'est un voyage effrayant, le temps est terrible et il fait froid. Après son arrivée en retard, après une traversée dégoûtante, il découvre le destin triste de la colonie. C'est la déchéance totale : les gens ont perdu la foi chrétienne, mais, plus important, leurs fermes ont échoué, on a faim, on a froid, ils n'ont rien à perdre, bref, ils sont désespérés. Alors, l'inquisiteur, il va essayer de reconstruire la colonie et de rétablir la foi.

C'est une histoire noire sans un quelconque élément positif. Les colons et l'équipage du Court Serpent, les deux se trouvent dans une position impossible dans laquelle ils ont recours au cannibalisme. En lisant ce livre, on n'oublie jamais que l'histoire se déroule au XIVe siècle, c'est toujours le Moyen Âge barbare. Les punitions sont affreuses, même si le bois manque pour les bûchers. L'inquisiteur cherche d'une façon créative des nouvelles punitions pour discipliner ses ouailles. Par exemple, il se demande comment il devrait punir quelques enfants. Finalement, il décide de leur prendre un oeil, au lieu de leur trancher une main ou un pied de sorte qu'ils puissent encore travailler la terre.

C'est une histoire effrayante, mais c'est aussi une histoire vraiment fascinante. le style du texte est original et authentique, par exemple par l'utilisation des formes de politesse démodées. Bien que les phrases soient longues et le vocabulaire est riche, le texte reste toujours facile à lire. J'ai aimé surtout ce sens de l'humour noir et subtil.

J'ai lu le livre avec beaucoup de plaisir. Malgré la sauvagerie et malgré toutes les choses épouvantes, pour moi, le texte ne dégénère jamais. Je crois que l'auteur ne présente pas les horreurs pour choquer les lecteurs d'une façon facile. C'est une histoire sur un temps impitoyable, le Moyen Âge, et sur un endroit lamentable, Groenland au début d'un petit âge glaciaire. Alors, c'est un roman réaliste qui n'a rien d'un conte de fées.
Le livre a gagné le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2004

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
Commenter  J’apprécie          170

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'ordonnai qu'ils soient brûlés le lendemain même. Un obstacle s'opposa à mon dessein par le manque de bois : je dis qu'on utilisât du foin et de la paille, sur quoi Einar me fit comprendre qu'ils manquaient pour les bêtes et que la famine s'accroîtrait de cet usage, quelque modeste qu'il fut par la quantité. On convint donc que les deux condamnés seraient brûlés par un mélange de tourbe et d'huile de phoque, d'où une sage économie d'aliments pour les bêtes et une grande lenteur de supplice, propice à une juste expiation.
Commenter  J’apprécie          100
Les païens leur avaient volé toute la nourriture si laborieusement amassée. Ils avaient abandonnés trois corps mutilés... Il y avait là, à raison d'une livre par personne et par jour, plus de deux semaines de survie en déduisnt un déchet d'un cinquième que la faim, si elle se prolongeait, ferait consommer par force. Sans en rien trahir, le Capitaine songea qu'en outre il était improbable que tous survivent si longtemps. La mort, en frappant certains, augmenterait la ration des autres.
C'est une chose bien curieuse que ce besoin absurde de l'accessoire et du superflu quand manque le plus absolu nécessaire... Malheureux, qui oubliez que l'ornement, la vanité, la dépense doivent pour ne pas offenser Dieu être le fait du seul riche !
Commenter  J’apprécie          30
J’y trouvai matière à constater que la poix, et même le suif, étaient plus précieux que l’or, lequel est de peu de conséquence pour le salut du marin, qui ne saurait payer avec doublons et ducats l’apaisement des vagues et l’accalmie des vents.
Commenter  J’apprécie          70
On s’accorde pour attribuer au tempérament des Français cette alliance de rigidité dans la rhétorique et de légèreté dans le raisonnement qui, Nous dit-on façonne leur étrange destin.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Bernard du Boucheron (4) Voir plusAjouter une vidéo
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (234) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3173 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}