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Critique de Bigmammy


Lorsque cet ouvrage est sorti au début de l'année 2017, il a bénéficié pour sa promotion d'une extraordinaire polémique et d'une diffusion exceptionnelle pour un livre d'histoire … J'ai préféré attendre que les éructations des uns et des autres se calment pour le lire tranquillement, dans le calme de ma campagne. Férue de livres et d'histoire, je collectionne les anciennes et les modernes Histoires de France … depuis Ernest Lavisse jusqu'à Mac Ferro, et suis une admiratrice sans borne de Fernand Braudel …
Donc, j'ai beaucoup apprécié cet énorme bouquin avec ses chapitres ultra-courts – pas toujours de la même qualité, il est vrai – mais sans notes de bas de page, faciles à lire à petites doses ou, comme moi, dans l'ordre chronologique, pour y découvrir plein de notations laissées sous silence la plupart du temps sur quelques dates-clés de notre histoire. Une brillante démonstration de l'influence de la France dans le monde de son temps et de la perméabilité des mouvements du monde dans notre histoire politique. Un discours qui permet un dynamitage parfaitement documenté de certains mythes nationalistes, forgés après coup  pour des raisons de politique intérieure – en particulier à la suite de la défaite de 1870 – par les historiens révérés de la Troisième République.
Des notations decoiffantes : les héros de la France sont souvent d'origine étrangère, comme par exemple Saint Martin de Tours, révéré dans toute l'Europe … Paradoxe : les auteurs – que certains polémistes qualifient « de gauche » - insistent sur les fondements chrétiens de l'identité française (exemple : la fondation de l'abbaye de Cluny en 910 par le duc d'Aquitaine et son épouse, symbole de l'alliance de deux familles dont les domaines étaient contiguës, sans oublier toutefois que les célébrations du millénaire de cette fondation servirent de symbole à une partie antidreyfusarde, catholique et se considérant victime de la persécution laïque de 1905).
Le choix des dates est naturellement contestable, car il s'agit parfois de non-événements (comme 987). En revanche, des événements passés inaperçus, sauf des chercheurs, émergent : l'ordonnance de 1357 qui pose la question des Etats Généraux dans l'équilibre des pouvoirs, symbole de la réforme de l'Etat et de la mise en place d'une fiscalité moderne puisque le roi n'a plus la possibilité de financer la guerre avec les seuls revenus seigneuriaux.
On y découvre aussi des perles : la loi instituant le 8 mai comme fête nationale est datée du 10 juillet 1920 en référence à la levée du siège d'Orléans par Jeanne d'Arc, le compilateur-auteur des « Mille et une Nuits », Antoine Galland (1646 – 1715), s'était largement inspiré d'un maronite d'Alep, Hanna Dijâb … J'ai aimé les visions transversales sur l'évolution de la Côte d'Azur, les loisirs, et beaucoup appris sur des événements des années d'après-guerre, dont enfant, j'avais entendu des éclats comme le barouf littéraire lors de la parution du livre de Simone de Beauvoir « Le Deuxième Sexe », été étonnée de l'excellent article de Marc Lazar sur la mort de Staline et des éclaircissements de Jean-Pierre Bat sur la décolonisation gaullienne et l'affaire des diamants de Bokassa.
Un propos salutaire, celui de montrer tout ce que la France d'aujourd'hui doit au monde pour son rayonnement international, au-delà de toute manipulation et concurrence de mémoire, une méthode accessible à tous pour mieux connaître notre histoire insérée dans celle des nations et combattre certains fétichismes du « Roman national ».
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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