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Critique de KrisPy


L'émotion un peu retombée, je peux tenter de "critiquer", je peux tenter d'analyser tous ces sentiments contradictoires suscités par cet horrible "fait divers" survenue le 26 juillet 2003 à Vilnius, le tristement célèbre évènement de Vilnius... : la mort de Marie Trintignant sous les coups de Bertrant Cantat.
Comme nombre d'entres nous nés vers les années 66, j'ai commencé à écouter Noir Désir très jeune, dès la montée encore confidentielle du groupe, je n'ai pas attendu "Ô sombres héros" pour tomber dedans. du ciment sous les plaines, Tostaky, Veuillez rendre l'âme... La musique et les paroles de Noir Dès, c'était moi, c'était mon âme torturé, mes pensées enfin accouchées par ce charismatique petit frère de Jim Morrison... Jusqu'à ce terrible jour de début août, où la nouvelle est tombée en France : Cantat a tué celle qui l'aimait, une que j'aimais aussi, Marie Trintignant, dont j'aimais voir le visage et les yeux énigmatiques manger l'écran depuis "Série noire" avec Dewaere.

Ce livre, comme une enquête, retrace ces évènements, et tente d'éclairer cette sombre histoire d'une lumière froide et clinique : il faut comprendre pour pouvoir faire son deuil.
Car c'est ce que je tente de faire depuis 15 ans, mon deuil de Noir Désir, ce groupe culte, dont je me suis petit à petit détachée, sans le vouloir, mais parce que les textes de Cantat et sa musique, sombre, ne me conviennent plus.
Et puis, pour moi, tout cela ne me regardait pas. C'était leur histoire, leur amour mis à mort.
Je n'avais pas voulu prêter foi, ni même attention aux dires de Lio, de Nadine Trintignant, toutes deux très affectées par la perte de Marie. Elles me semblaient trop à vif pour être objectives. Et cela était bien ainsi.
Mais il y eut la mort de Kristina Rady, la femme de Cantat, suicidée quelques années après le drame.
PUis récemment, des journalistes ont "rouverts" les cicatrices, arguant que des langues se déliaient, une omerta se diluait, pour laisser apparaitre des zones bien sombres dans les comportements censés exemplaires de Bertrant Cantat : il n'aurait pas été ce mari et ami si parfait, il serait un pervers narcissique de plus, ayant fait subir des violences morales et physiques à Kristina, et se montrant sans doute irascible aussi avec Marie.
Le récit de ce livre rejoint parfois ces témoignages tardifs. Tout est disséqué (les interrogatoires, les dires des uns et des autres) mais comment savoir si ce qu'a dit Cantat aux enquêteurs est vrai et c'est bien passé comme il le prétend ?
Face aux dires récents, mon opinion est faite.
Cantat a tué Marie, de ses mains, il l'a frappée plusieurs fois, et l'a laissée agoniser. C'est impardonnable.
Qu'ils se disputent, qu'ils s'empoignent, et qu'il ne se maitrise plus et lui balance une ou deux baffes, ça se peut, la passion, l'alcool, les drogues dures (il a eu beau nier, un point reste très mystérieux lors de cette terrible nuit, un témoin est mis un peu à l'écart, cela arrange bien la police lituanienne et Cantat), mais lui massacrer le visage, et la laisser agoniser, prétendant qu'elle dort !!! Je ne peux l'entendre. C'est le comportement de quelqu'un qui se sent merdeux, et qui a peur des conséquences de ses actes. Pas de quelqu'un d'amoureux qui s'inquiète pour son amour tombé dans les pommes sous ses coups !!!
Comment oser dire : "elle dormait, je n'ai pas voulu la réveiller, elle était fatiguée..." ??? alors que tu viens de la massacrer, et qu'elle est à terre ?
Non je ne comprends plus cet homme qui se fait passer pour un autre depuis si longtemps. D'ailleurs ses amis lui tournent le dos, se rendant compte de leur erreur aussi, se rendant compte qu'ils ont donné leur amitié à un sale type. Tout comme eux, je me sens flouée, trahie.
Je regrette de ne pas avoir lu ce livre plus tôt. J'aurais pu clore le sujet plus tôt.
Pour moi Noir Désir est mort ce mois d'août 2003. Il me restait des vestiges, des souvenirs aimés, mais c'est maintenant un goût d'amertume qui me vient quand j'entends leurs chansons.
Cantat a détruit sa vie, celle des Trintignant, celle de sa femme, Kristina Rady, de ses parents... Je me demande parfois avec tristesse et compassion comment les enfants de Kristina et ceux de Marie vivent-ils la leur, de vie ?
Et comment Cantat peut-il continuer la sienne, et continuer à vouloir monter sur scène ?
Je comprends mieux Nadine Trintignant.



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