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Critique de brumaire


Je n'avais jamais lu Alphonse Boudard. Dans cette période ingrate que l'on nomme adolescence, je me faisais presque une gloire de cracher sur ce genre de littérature : Simonin, Le Breton, Audiard , même le grand Simenon.... littérature de gare....Heureusement on prend de l'âge et du bon sens.
Alors oui Boudard c'est pas Céline et le corbillard de Jules c'est pas le Voyage... , juste "un" voyage en compagnie de l'auteur , de Pedro un ancien des Brigades internationales, de Jean Paul l'ahuri de service , et de Gaston Ribourdoir boucher parisien enrichi dans le marché noir , toute cette fine équipe ramenant le corps de Jules Ribourdoir fils tué au combat afin qu'il soit enterré dans le caveau de famille à Gentilly. Lecture jouissive , ça fuse, ça pète, ça gicle, ça éjacule. L'argot, la méthode à Mimille, tout ça , c'était le fond de commerce de Boudard, mais au-delà des mots jetés tout crus il y a le regard sans concession que l'auteur porte sur son engagement dans les FTP du fameux colonel Fabien, sur les manigances sordides des staliniens opposés aux "facho-trotskytes, sur l'époque en général. Gaston Ribourdoir ne va chercher la dépouille de son fils que pour faire oublier ses collusions avec l'occupant. Boudard avait bien compris la nature humaine. Ceux qu'il vomit le plus ce sont les résistants de la dernière heure , les plus prompts à châtier les collabos pour faire oublier leurs propres compromissions.
Malgré le ton gaillard et enjoué du roman , argot oblige, la morale, s'il fallait en tirer une , est que l'homme est partout le même et dans tous les siècles passés et à venir. AMEN.l

" .... les hommes tout leur est bon pour déchaîner leurs instincts sanguinaires. Les idéaux ne sont que des prétextes...l'essentiel c'est de poser des bombes, de violer la petite fille du voisin, pirater la commode Louis XV ,humilier son semblable . Ca peut toujours être la fiesta dans ce domaine....on trouve toujours plus juif que soi, plus collabo, plus nègre,plus bourgeois, plus sale gueule de fasciste assassin. Ce qui est le plus difficile à traverser....ces sortes de parenthèses de paix, d'abstinence, on s'y ennuie ferme et on fermente. Mais l'homme a des ressources utopiques, philanthropiques, des petites doctrines qui vont vous faire le bonheur universel...il finit toujours par se trouver une nouvelle cause pour laquelle tuer, faire sauter la bombe sur le paillasson, brûler les panards des récalcitrants. En plus il se sent héroïque, il a le frisson, il défend les opprimés, il se sent généreux....il plane ! "





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