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EAN : 9782911464539
NDZE (04/01/2010)
5/5   3 notes
Résumé :
Dans ce récit-poème, Catherine Boudet visite en une poétique concise, précise et inattendue comme l’éclair, le mythe hindou de la genèse du monde, réinterprété dans le cadre de l’île, et dans lequel le dieu Shiva absorbe le poison issu du barattage produit par les efforts conjugués des démons et des dieux, sauvant ainsi le monde de la destruction.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Article de Norbert Louis sur le barattage de la mer de lait, dans Week-End, 13 juin 2010

"On ne quitte pas une île/ On ne quitte pas une île comme on quitte une amante/ Quand on est né dans une île on a pour toujours le coeur assigné à résidence/ L'ïle vous habite/ Comme un assassin qui revient sur les lieux de son crime on ne quitte pas une île/ Car l'île/ C'est comme une évidence avec la mer autour..."

Les jours et les nuits du poète sont rythmés par le battement sonore de ces terres baignées par la mer, ces îles créoles, "Île-Longaniste" "Île-volcan" qui rythment la vie quotidienne, la culture, la politique. Ce sont ces traces et ces présences de l'île dans l'imaginaire et le réel que Catherine Boudet explore en ouvrant aussi sur d'autres espaces dans Nos éparses nos sulfureuses (préface d'Ananda Devi, Acoria, 2010). Ses textes poétiques éparpillés sont à lire dans les mailles d'une oeuvre qui dit le sentiment océanique à couper le souffle (Résîliences, le Barrattage de la mer de lait).

Si l'on s'en tient à l'idée selon laquelle la qualité d'un écrivain s'évalue selon la complexité de son oeuvre, Catherine Boudet a fait une entrée remarquable en poésie avec trois livres de poèmes. C'est une poétesse novatrice dont l'écriture est marquée par cette gravité aux accents huysmansiens que l'on trouve particulièrement dans Nos éparses nos sulfureuses. Catherine cherche à s'affranchir des contraintes formelles. Elle cherche une langue poétique qui revient à dépasser toute forme de catégorisation. Ce qui la pousse dans les retranchements les plus intimes et les plus risqués de l'être.

La poétesse se dépeuple : "Mais voilà, moi je n'y peux rien, je suis poète. C'est tout ce que j'ai trouvé à vous survivre. C'est tout ce que j'ai trouvé pour retenir un peu de vie qui me coule entre les doigts..." On entend alors sa voix éclatée, le bruissement confus de la langue. Est-ce une fuite ou une avancée, résistance ou résilience ? Avec Nos éparses nos sulfureuses, Catherine convoque une traversée, un voyage en soi pour reconnaître la matrice de sa poésie et ses éclatements. Elle dit : "Toute île est racine et voyage/ Elle me cautérise/ Lorsque jaillit l'enfer/ de lointain incarnée je gis : Ebréchée de mille traces / de succinctes plaies/ Loin de mes rivages initiaux quand l'acier d'une mémoire anguleuse m'ecchymose/ désir d'ancrage/ L'homme surgit avec son coeur de lion/ géant de l'équinoxe il régit de nouvelles glaises de nouveaux ferments/ Faudrait-il que je sombre ou que j'émerge neuve au solstice de ses yeux/."

Pour Catherine, la poésie est un enjeu - matière et âme. Chaque vers est comme une coulée dans son être et aussi un moyen de retrouver la lumière australe qui baignait le paysage à présent meurtri par les mains de l'homme: "Je bois à même le mot/ La liqueur essentielle/ Je saigne de tous mes sens..." Par un retour au pays natal, le poète peut toucher la conscience de l'homme. Nos éparses nos sulfureuses luttent contre les injustices et la violence de l'Histoire (Jacques, marchand d'esclaves).

Fruit des noces avec la mer et le soleil, son texte donne de l'importance au règne de la matière comme si le poète s'en remet à son île-volcan pour une poussée de sagesse. La poésie peut permettre une restitution du souffle, "Tracer avec la mer /Sur le ferment des décadences et de l'azur/ Une brève clarté et une vague trêve..". Plus loin, Catherine prévient (Attention, vertige) : "J'ai un chantier en cours. Ne me dites rien. Surtout pas vous qui marchez sur ce sol où vous pratiquez l'équation du profit. Je sais déjà par coeur ce que vous allez me dire. Mais moi, j'ai un chantier en cours. Non, vous ne voyez rien car mon chantier est invisible. Il érige vers le ciel ses bulles de savon comme autant de tours de guet. car moi, je suis poète..." Comme toujours des motifs se dégagent dans la poésie de Catherine. Quelques figures aimées apparaissent et aussi l'arbre, le volcan, la ravine, le volcan, l'albatros, l'azur. La poétesse cite Césaire (Cahiers d'un retour au pays natal) comme pour évoquer la reconquête du lieu-revenir au point de départ dans un univers de sensations (l'île des retournements, l'île de violence).

Quiconque a osé s'aventurer dans cette poésie épineuse et triste, sans voyeurisme aucun, a peut-être découvert la grande constante de l'écriture singulière de Catherine. Une singularité qui réside dans la composition du poème par juxtaposition. Les phrases, les mots se côtoient, se bousculent, déroutant le lecteur : "ça fait peur d'aimer ça fait tout drôle dans le coeur ça fait le coeur chavirer panga il va déborder comme un radier trop rempli ça fait peur d'aimer ça rend le coeur sauvage et fou ça fait peur d'aimer on se sent tout petit ou très grand ou les deux on ne sait plus on pourrait sauter sur les nuages pour te rejoindre parfois aussi on ne sent plus rien c'est comme d'avoir mangé des brèdes mafane on ne sent plus sa bouche et le coeur c'est pareil d'avoir tant aimé on ne sent plus son coeur devenu coeur mafane..."

D'autres procédés permettent de briser l'enchaînement comme ces textes qui se doublent de commentaires (Attention, vertige, Chemin de la Giroday, Identité batarsité)). La pensée de l'auteur s'incarne dans l'écriture. Tout ce passe comme si les mots se bousculent dans un espace jamais figé. Catherine aime aussi les digressions. Elle propose dans un même recueil des textes rédigés à des périodes différentes. La digression facilite l'anamnèse et permet aussi des mises au point en passant. Réminiscences, envolées lyriques ou érudites - tout laisse croire que Catherine Boudet quitte souvent la trame narrative au profit de l'introspectif et le digressif. L'histoire est morcelée, l'être aussi. La mer indienne donne une configuration imaginaire de l'île. Chaque fragment poétique possède un titre et chaque titre place le poème sous le régime de l'intemporel. La poésie de Catherine Boudet n'est donc perceptible que dans ce jeu kaléidoscopique et c'est au lecteur de construire le sens de l'oeuvre.
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Recension de Dominique Bellier sur le Barattage de la mer de lait,
dans le Mauricien du 29 janvier 2010

Un deuxième recueil de Catherine Boudet est disponible depuis peu, le barattage de la mer de lait, sorti chez l'éditeur franco-camerounais Ndzé. La poétesse nous donne aussi à lire, dans le dernier numéro de la revue L'Atelier d'Écriture, le Poème-fleuve pour un disparu. Un autre livre, Nos éparses nos sulfureuses, arrivera fin mars avec une préface d'Ananda Devi, pour dévoiler encore une autre facette de l'auteur. Trois arguments pour rencontrer cette Réunionnaise qui a choisi non seulement d'étudier Maurice, mais aussi d'y vivre et d'y travailler.

Catherine Boudet s'est estimée trop impliquée émotionnellement dans la vie de son île natale, La Réunion, pour y consacrer ses études en sciences politiques. Aussi était-elle fascinée par Maurice sur laquelle elle a finalement réalisé sa thèse de doctorat, s'intéressant particulièrement à la construction identitaire et politique, ainsi qu'à la diaspora mauricienne en Afrique du Sud. Et si la poésie est le langage de l'émotion, elle réserve nombre de ses poèmes à La Réunion, principal sujet de sa récente publication, le barattage de la mer de lait.

Travailler sur Maurice a représenté un challenge sociologique pour la chercheuse, qui était intriguée par la complexité de cette société. Elle constate aussi ne pouvoir dissocier les deux îles soeurs qu'elle estime complémentaires : " J'ai une posture plus clinique vis à vis de Maurice, nous dit-elle, que je regarde avec une certaine distance. Les deux îles font balancier pour moi. Des réflexions que je ne peux pas écrire sociologiquement sur La Réunion seront basculées autrement dans la poésie. "

Le barattage de la mer de lait, qui vient de sortir chez l'éditeur franco-camerounais Ndzé, dans la collection Les apprentis sorciers, témoigne de cette passion poétique intarissable pour La Réunion. Par son titre et le chapitre auquel il fait référence, le barattage de la mer de lait est une référence à la genèse dans le Ramayana, quand Shiva, le Dieu de la création comme de la destruction, absorbe le poison issu du barattage produit par les efforts conjugués des démons et des Dieux, sauvant ainsi le monde de la destruction…

Cette référence mythologique donne un échos métaphorique à cette poésie politique qui dénonce par exemple le surdéveloppement économique dont notre interlocutrice dit qu'il tombe brutalement sur le département français. Elle illustre pour nous son propos avec quelques chantiers qu'elle juge pharaoniques tels que le bâtiment du Conseil Régional, la Maison des Civilisations, la Route des Tamarins récemment ouverte sur le littoral, ou encore le projet de Tram train qui fait couler beaucoup d'encre dans l'île soeur. " Ces projets ne sont pas conçus de façon adaptée pour La Réunion. Nous savons pourtant très bien qu'il ne faut pas brusquer la nature dans notre île car cela a généralement de graves conséquences. Or là, on a tranché les montagnes ! "

Le fil de la mémoire

La vibration de la mémoire est l'autre axe du recueil pour cette spécialiste de la construction identitaire. " Nous avons du mal à nous approprier notre histoire pour construire les mythes de la fondation de l'île. Il y a pour moi un iatus entre l'impossibilité de s'approprier le passé et ce développement exponentiel ! " Aussi, ces petits poèmes composés à tout casser de cinq vers, à la manière des haïku japonais que l'auteur affectionne particulièrement, peuvent-ils se lire à deux niveaux. D'un côté, le lecteur se laisse bercer, cajoler et aussi bouleverser par la richesse des images et métaphores qui décrivent tout ce qui fait la substance du pays, sa géographie, ses atmosphères, son parfum, sa culture. de l'autre, il peut décrypter la dimension politique et codée, comprendre par exemple que "La pyramide" est une allusion directe au bâtiment du Conseil Régional.

Béton sur la ravine et le repos des âmes / Sur le volcan et sur la Vierge bleue / Béton sur nos bouches de pluie / Béton sur le nuage et l'arbre talipot

Le mot qui revient le plus souvent dans ce recueil est la "déshistoire" que l'auteur emploie pour illustrer l'idée du citoyen qui n'arrive pas à se constituer, qui ne peut adhérer à ce qui lui a été imposé presque de force. Alors pourquoi avoir choisi le mythe de la création dans la genèse hindoue pour ces écrits ? " Ce mythe de la genèse vient se substituer à ce manque. Il est très proche de nos imaginaires… On veut d'une certaine manière nous faire boire le petit lait de la haine, on veut nous faire croire à une vision du monde manichéenne. Nous avons certes une histoire violente mais nous avons aussi une grande capacité de résilience qui permet de construire beaucoup. " L'auteur nous confie que ce mythe est aussi pour elle une passerelle vers Maurice, regrettant qu'il y ait si peu de liens entre nos deux îles à cause de ce qu'elle dénonce comme les " parasites idéologiques".

La déshistoire

Depuis mille ans que nous barattions la mer/ Voici que jaillit l'Île/ L'Île sans serpents et sans scorpions / L'Île foudre et repère / Depuis mille ans que nous barattions la mer

La poétesse évoque ensuite " le long grondement du Piton dans la genèse de l'île-tortue, la canne amère et le choeur des esclaves. " Plus loin elle constate " un peuple docile au fouet de la modernité " et s'exclame : " J'ai la gorge bleue de vos compromissions. " Et d'évoquer pour nous la grande blessure de l'atteinte faite à la nature réunionnaise par différents chantiers de construction qui ont modelé son littoral. Elle insiste sur l'idée d'une île profondément marquée par les éléments : " On rit de moi à Maurice quand je note scrupuleusement les positions cycloniques sur une carte. Mais il faut comprendre qu'à La Réunion, nous avons l'obligation de ne pas faire abstraction des éléments. "

Catherine Boudet offre dans ce recueil un flot ininterrompu d'images puissantes pour dire ses inquiétudes, ses déceptions, ses joies et ses passions à l'égard de l'île soeur. Chaque petit poème forme un bloc rectangulaire tel une pierre apportée à un édifice général. Chacun donne une sorte d'instantané pour faire le récit d'une émotion forte. L'auteur voulait inscrire ces idées alors qu'elle quittait l'île pour mieux s'en imprégner dans son exil volontaire. S'il constate l'échec de la déshistoire, ce recueil glorifie cependant les attraits, l'imaginaire et les potentialités d'une île passionnément aimée.
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Africultures, 16 février 2010
Note de lecture de Dominique Ranaivoson sur le barattage de la mer de lait

Catherine Boudet nous avait déjà émerveillés avec son premier recueil poétique,Résîliences. Cette fois, elle joue sur le mystère contenu dans son magnifique titre. le barattage (qui donne le beurre en fouettant la crème), n'est plus connu que par les vieux éleveurs laitiers : serait-il proche du baratin, du bavardage ? La mer de lait se répandrait-elle en douceur ?

Point de flux de paroles mais de très brefs paragraphes denses rassemblés sous huit titres différents forment la mer de cette Réunionnaise désormais fixée à l'île Maurice. Non, point de fluidité dans la tension de ces segments, trois à cinq seulement au centre de chaque page, lancés comme les flèches d'un arc guerrier. Point d'exotisme non plus malgré l'abondance des termes réunionnais ou rares nécessitant un lexique en fin de volume : "Phalaenopsis au cou de cygne et granuleux de pénombre" (p.16), "l'aube pipangaye déroule son hawni bleu" (p.29). Point d'histoire non plus, sauf une rapide évocation du malgache "peuple de lémures " à l'Ouest (p.42) et du "lazaret des ancêtres esclaves " (p.40) : "laissez à la mer le privilège du récit " (14).

Non, c'est l'exigence qui sourd de cette densité, de ces mots ciselés, du rebond entre les étapes. Cette poésie cherche à mettre le doigt à l'endroit exact des blessures, cette "pointe de sel " (p.12) où s'est fixée la "déshistoire " (p.11) : "L'os blanc de la mémoire célèbre la cicatrice / La dévastation " (p.22).

Ce passé bloqué est celui de "l'Ile" (p.26), du "peuple mascarin" (p.46) vivant sur les "hautes terres de l'indicible" (p.35) dans la "nuit cafrine" (p.36), parlant "une langue qui ne s'écrit pas " (p.24). le lecteur avisé reconnaît le volcan, discerne l'amertume face à l'autoroute en hauteur ou à la construction de la Pyramide emblématique de la Réunion contemporaine où "les grands chantiers s'élèvent de toutes parts " (p.39).

Si la déshistoire engendre la "tragédie insulaire " (p.34) du silence et de l'oubli "béton sur nos bouches de pluie", (p.41), elle devient le motif de cette parole arrachée et lapidaire : "le sens a pris des allures de guerrier berbère / Ils ont lancé les chiens sur le mot / Cadenassé l'oubli / On en saigne" (p.35). Il faut arriver aux dernières pages pour retrouver la métaphore du titre empruntée à une légende indienne et entendre par elle cette indignation face à l'ignorance entretenue dans l'île du Piton, des ravines, du maloya et de la canne, patrie sans nation (p.58) où les mythes sont "poison bleu" (p.58): "Cracher l'ici et maintenant à la face de ces désécriveurs d'origines / Ceux qui barattent la différence et nous font boire le petit lait de la haine / Car / L'ombri planté en terre a la couleur / de la terre" (p.49).

Cette poésie de la dénonciation est en réalité celle de la célébration de cette île comme lieu d'enracinement : en réponse aux nombreux et lancinants termes dépréciatifs (déshistoire, déraison, béance, malédiction, les âmes non ramassées, le monde déclive, jours tronqués, ignorance), elle oppose un lexique botanique rare ("Miroir du sapotillier en flammes", p.17), l'utilisation à la malgache de l'adjectif "bleu" pour désigner la beauté (du gingembre, du rêve, de la peau des arbres, de la falaise du rêve) et le champ lexical de la mer ("éblouissement d'un nouvel azur", p.44). Comme si, face à la violence des mutismes forcés, la poésie, en insérant ces images, de luttait contre le pouvoir destructeur de la déshistoire et ainsi répondait à sa propre question : "de quelles racines faire sagaie" (p.42).

Catherine Boudet réussit donc à construire un univers poétique aux résonances multiples qui conjure les diverses entreprises de dévastation. Après avoir "bu le jus des jours au fangourin de l'indifférence" (p.23), elle rétablit par touches successives exemptes de sentimentalisme les éléments nécessaires à la restauration d'une mémoire spécifique pour que le "peuple mascarin poursui(ve) son rêve bleu " (p.46).
Lien : http://www.africultures.com/..
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"Une déshistoire singulière", note de Gabriel Mwènè Okounji sur le barattage de la mer de lait, dans New African n°14, mai-juin 2010
Oh que la nuit cafrine vienne et berce/ Avec ses mots de nénène créole/ Et son parfum de fleurs où gît la lune

Ainsi parle, avec une maîtrise poétique précieuse de la langue, du rythme et du souffle, Catherine Boudet dans son dernier recueil de poèmes le barattage de la mer de lait. L'auteure est une jeune femme qui connaît parfaitement ce que renferme le vocable en son noyau et qu'elle distille à merveille, que ce vocable appartienne à la langue française ou à la langue créole. Car cette Réunionnaise qui vit et travaille à l'île Maurice, n'est pas de ceux que l'indicible effarouche.

Ici commencent les hautes terres de l'indicible/ le sens a pris des allures de guerrier berbère/ Ils ont lancé les chiens sur le mot/ Cadenassé l'oubli/ On en saigne

Ce second recueil, bâti comme un récit poème, confirme que la voix de Catherine Boudet est indéniablement d'emblée de celles qui demain laisseront une empreinte majeure dans la parcelle des écrivains de langue française.

Et c'est une voix venue des territoires de l'Océan Indien. J'ai la gorge bleue de vos compromissions/ Dans mes cheveux coulent les eaux du cyclone

J'ai cru personnellement lire dans ces vers la source et l'origine du souffle de l'auteur. Un poète intarissable comme le cyclone des îles.
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Article d'Aline Groëme-Harmon sur le Barattage de la mer de lait

Il faut d'abord y mettre de l'énergie. Car baratter n'est pas affaire de ramolli. Battre le rappel de la «déshistoire». Au- delà de l'histoire, du soi, traverser ce qui déçoit. Pour enfin brasser la mer, le champ originel. Pas salé, mais ici fait de lait.

Images complexes. Quatrains pour se suspendre au sens. Notre collègue Catherine Boudet, vient de publier le barattage de la mer de lait aux Editions Ndzé. Recueil de poésie où la «Chair médusée/ Chair en putrescence renouvelée » raconte «La déshistoire où l'eau trace le contraire des torpeurs ». Car il s'agit de se réveiller. Dans un «monde de déclive » , d'«errer dans la ravine sombre ». Signe de décadence. de pourrissement.

De poison. Sujet choisi par Catherine Boudet : l'image du dieu Shiva absorbant le poison. «J'ai la gorge bleue de vos compromissions.» Il faut en passer par là. C'est le moyen de sauver le monde de la destruction. de sauver l'île à la «nuit cafrine». Pour ce faire, l'auteur nous livre un récit-poème aéré dans sa construction – un quatrain par page. Mais aux sens si condensés, si ramassés, si reconnectés entre les niveaux de lecture qu'il fallait bien cette présentation-là pour appréhender les diverses étapes de la compréhension avant de passer au quatrain suivant.

Si le barattage de la mer de lait est indéniablement un récit, fait de tourments, d'obscurité et de clarté vacillante, le travail sur la langue et les sens qui captive tant l'auteur, qu'il lui fait dire, «je ne suis pas dans un chemin de quête. Je crois au travail sur les mots, sur l'esthétique du texte. Non, je n'écrirai pas de roman.»

(l'express de Maurice, 25 janvier 2010)
Lien : http://www.lexpress.mu/servi..
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Vidéo de Catherine Boudet
Catherine Boudet, lecture du poème "Nous, Îlochtones" (extrait de : Nos éparses nos sulfureuses, Acoria, 2010), lors du festival de poésie Voix Vives en méditerranée, 28 juillet 2012.
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