« Heureux mortel.Quand tu me liras , je ne serai plus ».
écrit Joachim Martin sur l’une de ses planches retrouvées » ..
« Ami lecteur, quand tu prendras femme demande- lui son instruction et non pas d’argent pour dot » ..page 34.
Heureux mortel, quand tu me liras, je ne serai plus. Sois plus sage que moi de 15 ans à 25 ne vivant que d'amour et d'eau de vie fesant peu et dépensant beaucoup.
[L'auteur parle ici du propriétaire du château, et non de Joachim] :
Il recommande également à ses enfants de se marier dans un milieu comparable sur le plan de la fortune et termine son propos par cette projection dans l'avenir qui a dû marquer ses enfants au point qu'ils ont presque complètement rempli ses espérances :
" Voilà comment à votre place je voudrais arranger ma vie. Vous êtes quatre, trois garçons et une fille. L'un de vous serait militaire, un second prêtre, un troisième élève de l’École des chartes et bibliothécaire à Paris. La bonne petite Lydie resterait avec sa mère tant qu'elle vivrait pour la soigner et la consoler quand je ne serai plus là, puis si sa mère venait à lui manquer, elle irait habiter avec son frère l'abbé qui peut être, qui sait ? serait alors évêque."
Il amalgame deux mots "acolytes" et "alcooliques", en un "alcoolytes" savoureux, qui laisse entendre que ses compagnons de fêtes étaient aussi amateurs de boisson.
« Il a trouvé dans l’écriture un substitut à une existence qu’il juge médiocre parce qu’il ne se sent pas reconnu par ses contemporains comme un homme cultivé. Il veut de ce point de vue sortir de sa condition d’anonyme et démontrer à la postériorité ses talents d’écrivain, au risque, en choisissant l’improbable support du revers des planches, de n’être jamais lu. La chance lui a souri. Aujourd’hui, par le truchement d’un livre, Joachim connaît une forme de notoriété qu’il avait manquée de son vivant. » (p. 159)
Mon histoire est courte et sincère et france, car nul que toi ne verra mon écriture. C'est une consolation pour s'obligé d'être lu.
Heureux mortel, quand tu me liras, je ne serai plus
Grâce aux écrits découverts sous les parquets, nous disposons d'un peu moins de 4 000 mots laissés par Joachim. Eux aussi nous parlent à leur façon. Tracées au crayon noir, le crayon du menuisier, les phrases laissées par Joachim présentent un aspect généralement régulier; il écrit droit, de manière lisible. Il forme es lettres et n'omet pas les majuscules en début de phrase ou quand il énonce un nom propre. Il écrit en français et n'emploie jamais de mots de patois, ce qui révèle une éducation assez poussée, à une époque où les patois sont encore utilisés par les instituteurs dans l'apprentissage du français.
Ami si tu veux bien faire le travail fais toi payer. Ne fais pas comme moi à 0,60 centimes le mètre de façon. Aussi bien, je ne fais rien de bon . Il faut 1f la pause.