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EAN : 9782020525183
213 pages
Seuil (03/10/2002)
4.75/5   4 notes
Résumé :

La calligraphie japonaise est à ce jour quasiment inconnue en France ou, pire encore, totalement confondue avec la calligraphie chinoise. Pourtant, cette écriture, dans sa fluidité, a su délicatement retranscrire la pensée poétique du Japon. Les mots et les contours des signes ont une dimension plus humble ; les caractères délayés adoptent une simplicité en harmonie avec la langue de l’archipel. Chaqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voilà un très beau et très riche livre permettant de comprendre les particularités de la calligraphie japonaise (par rapport à la calligraphie chinoise qui en est le point de départ) - c'était mon objectif, il est pleinement rempli !

Une très bonne présentation de la calligraphie chinoise pour commencer, très claire et qui recoupe ce que j'ai pu lire à ce sujet, si ce n'est que la dimension spirituelle extrêmement forte n'est pas mentionnée au départ, ce qui m'a gênée.

L'autrice développe au fur et à mesure des chapitres les particularités de la calligraphie japonaise, dans son esprit, ses supports, ses méthodes, ses techniques. Chaque partie est accompagnée d'illustrations de belle taille permises par le format du livre, et de remarquable qualité. La plupart des calligraphies sont traduites, au moins en partie, et souvent décrites, commentées ou analysées dans un paragraphe explicatif. Cela permet d'en éclairer le sens et de mieux sentir les particularités de l'oeuvre. Même chose pour les outils du calligraphe. La dimension explicative / illustrative de cette oeuvre est une vraie réussite.

J'ai été surprise de constater la richesse des supports utilisés, des papiers extrêmement travaillés, qui donnent effectivement une dimension très particulière aux signes calligraphiés. On sent que cela forme un tout, une symbiose - cela explique également le goût pour les papiers originaux d'origami.

Sont également listés les différents courants calligraphiques prédominants à travers les âges : un par exemple, très épuré proche de la calligraphie chinoise (le bokuseki, du bouddhisme zen), un autre qui m'a époustouflée par sa beauté et sa puissance évocatrice, que j'ai appris être l'école "rinpa" après quelques recherches, le nom n'est pas mentionné dans le livre. Ce style associe étroitement peinture et calligraphie, le texte calligraphié étant lui-même artistique puisque bien souvent des poèmes anciens chinois ou japonais. Est notamment citée et illustrée la collaboration de Tawaraya Sôtatsu et de Hon'ami Koêtsu (fin XVIè-début XVIIè). Un exemple de leur oeuvre : la peinture de l'envol de grues sur la mer, le sens du poème "Sous mes yeux /nulle trace de l'automne / mais dans le bruissement du vent soudain / j'entends sa venue" : je sens le vent qui porte les grues, qui entraîne le ressac de la mer, et les traits calligraphiés également emportés par lui, légers fils s'étirant pour les uns, formes consistantes ondulées au gré du vent, telles des cerfs-volants : wahou !
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Contrairement à une idée trop répandue, la calligraphie japonaise n'est pas la soeur jumelle de la calligraphie chinoise.

Le triple système d'écriture propre au Japon - l'un composé d'idéogrammes chinois, les kanji ; auquel s'ajoutent deux jeux de syllabaires - a permis le développement d'un art de l'écriture original qui s'est épanoui dès la période Héian. A ce trait spécifique, s'ajoute au japon un art du papier, polychrome, aux incrustations d'or ou d'argent.

Pour découvrir cet autre monde calligraphique, ce beau livre est idéal. Tant pour la qualité du texte que pour celle de l'iconographie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
     
Si tu as un coeur, cerisier sauvage de Fukakusa
cette année seulement
fleurit de la couleur de l’encre
     
Et l’arbre entendit sa plainte. Cette année-là, le cerisier fleurit de la couleur de l’encre et partagea la tristesse de Kamitsuke. L’arbre devint légendaire. Clair-obscur, il était passé de l’extrême pâleur à des pétales d’encre délavées. Comme le cerisier de Fukakusa, la calligraphie est l’art du contraste entre l’ombre et la lumière. L’encre est le trait de la nuit. Mais tout ici est aussi son contraire, et c’est une ombre lumineuse et profonde qui ne révèle son esprit que diluée à la plus pure des eaux.
     
     
(En 891, le régent Fujiwara no Mototsune s’éteint et Kamitsuke no Mineo compose cette élégie à la mémoire de son ami, inhumé à Fukakusa)
     
     
Les trésors du calligraphe : L’encre, p. 179
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Les "kana" sont des signes qui glissent. L'idéogramme à la chinoise s'élève sur des points de force où l'encre s'incruste dans le papier. La souplesse des "kana" réside justement dnas cet éclatement des points d'assise et leur étirement en un rythme très fluide. (p104-105)
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Dans l'attaque du pinceau, le style "kaishu" chinois porte encore en lui les vestiges des caractères gravés. Le pinceau y écrit comme le stylet a incisé. Il s'appuie sur les points de force qui ont hérité de toute la puissance de la gravure initiale. Elle persiste dans la trace de l'encre, et le papier qui supporte ce trait garde en spectre la profondeur de l'incision de la pierre. (p26-27)
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Sa calligraphie en "kana", avec ses cimes ou ses cours ondulants, entretient et amplifie ces images [de la nature]. Elle dit la végétation des jardins entrevus sous les stores. Les signes ont la souplesse d'herbes qui plient doucement au vent. Ils ont le mouvement de l'eau douce ou bondissante, et l'assise du rocher. Le tracé fluctuant et léger prolonge une compréhension du monde. (p104)
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Les calligraphes [japonais] ont été des poètes, et les poètes [japonais] des calligraphes. La calligraphie [japonaise] ne s'est pas restreinte aux vertus gymniques et esthétique d'un art cherchant l'harmonie des signes. Elle a cherché l'essence des mots. (p50-51)
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