La nuit des abeilles, de
Josette Boudou, paru aux éditions
De Borée, nous permet de suivre la vie d'une famille juste après la seconde guerre mondiale, dans un petit village d'Auvergne. Nous sommes en 1947, à Saint Didier les Bois.
Simon, veuf jeune, a élevé seul ses deux filles. Désormais à la retraite, il est devenu apiculteur et vit au Clos des églantiers avec la plus jeune, Pauline, maman célibataire d'une petite Héléna (Léna). Elle tient une librairie, elle est heureuse, mais ne fait plus confiance aux hommes. le père de la petite l'a abandonnée alors qu'elle était enceinte.
La fille aînée, Alice, est mariée à Germain, un homme autoritaire et irascible devant qui elle s'efface. Ils ont un petit garçon,
Jean-Pierre, dit Pierrot. C'est lui qui l'aide à surmonter les colères et reproches de son mari. Ils tiennent une quincaillerie- droguerie, l'ancien commerce de Simon, et habitent en dessus du magasin. Personne n'aime vraiment Germain, un personnage détestable et désagréable.
En 1947, le petit village s'enrichit de deux âmes supplémentaires. Rémy, 11 ans, un orphelin placé chez Germain et Alice. Très vite, il apprend à ne pas contrarier Germain et trouve des alliés avec Alice et
Jean-Pierre, ainsi qu'avec Simon, Pauline et Héléna qui l'accueillent à bras ouverts.
Le second, c'est Tristan, locataire d'une maison voisine de Simon. C'est quelqu'un de sympathique et d‘avenant, auquel Pauline n'est pas insensible. Mais Tristan semble cacher quelque chose.
*******
Je ne connaissais pas la plume de l'auteure et ce roman a été une excellente découverte. Une écriture fluide et rythmée, qui sait faire ressortir les paysages tout autant que le caractère des personnages, leurs sentiments et ressentis.
On ne peut que compatir à leurs peines, sourire aux faits et gestes des enfants. On ressent tout l'amour qui émane de Simon, la détresse d'Alice, les doutes de Pauline. Des personnages auxquels on s'attache presque involontairement.
Cette famille reste marquée par de tristes événements : la mort de Noéllie, la femme de Simon, qui n'a pas pu supporter la mort accidentelle de son jumeau malgré ses filles ; la mort accidentelle de son fiancé pour Alice ou l'abandon du père d'Héléna pour Pauline. Mais ce qui ressort c'est une immense chaleur humaine, une compassion pour l'autre.
Le dénouement est assez évident, mais ça ne gêne pas la lecture. C'est une belle histoire, joliment écrite, rendue réaliste par les protagonistes, mais aussi par les descriptions sur les abeilles, les fêtes du village, les enfants à l'école…
Les pages défilent sans qu'on s'en aperçoive. On est entrainé dans le récit, on prend fait et cause pour Alice et Pauline, ou pour Rémy, ce jeune garçon qui a si peur d'être abandonné à nouveau. Je me suis même surprise à râler sur le comportement de Germain, c'est dire si j'étais vraiment dans l'histoire ! Un excellent moment de lecture avec cette tranche de la vie d'une famille et un « étranger » qui cache un secret. Des personnages humains et vrais qui nous plongent dans cette période d'après-guerre assez difficile…