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EAN : 9791032903483
198 pages
L'Observatoire (18/04/2018)
4.34/5   56 notes
Résumé :
« Je vis chaque minute de cette nuit-là à sa place. Il était seul, toutes ces heures. Sans un appel. Sans un cri. Cela m'arrache le coeur. J'aurais pu le serrer, le rassurer, l'apaiser, le faire respirer, le calmer, le soulager. J'aurais pu lui ôter sa peur, la rendre acceptable, tolérable. Je n'étais pas là. » Avec des mots d'une rare force et d'une grande dignité, Juliette Boudre fait le récit de la longue descente aux enfers de son fils Joseph, décédé à 18 ans d'... >Voir plus
Que lire après Maman, ne me laisse pas m'endormirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Une mère fait la chronique de l'addiction toxicomaniaque jusqu'au décès par surdose médicamenteuse de son fils adolescent. S'ouvrant sur la reconstitution d'une page de journal par la plume de Joseph, datée du 28 décembre 2016, où est anticipée sa mort imminente, à l'âge de 18 ans, la chronique se poursuit contée par la narratrice, chaque entrée étant rigoureusement datée telle une anamnèse médicale, à partir du 27 mars 2015, lorsque un comportement suspect concernant la prise d'anxiolytiques du jeune homme est décelé. On constate donc un parcours particulièrement bref mais intense de dépendance, d'autant plus que les 21 mois en question sont ponctués de plusieurs traitements de sevrage et d'un période de 8 mois d'apparente abstinence.
Une lecture à peine attentive nous en apprend au moins autant à partir du texte que des non-dits de l'autrice ; cependant, plus que par ce que l'on apprend, on est surtout touché par la profondeur de la détresse émotionnelle de cette mère et de son sentiment d'impuissance, malgré ce qui apparaît comme sa disponibilité pratiquement illimitée aussi bien de temps que de ressources financières, familiales et affectives, circonstance particulièrement rare bien sûr.
Du côté de ce que la narratrice exprime, on peut retenir d'abord la désinvolture coupable avec laquelle les benzodiazépines sont prescrites par les soignants, même à un adolescent intelligent et manipulateur qui n'a même pas besoin de dissimuler sa toxicomanie. Les « médocs » sont partout instantanément accessibles, même dans les centres de désintoxication ; les mises en garde et autres recommandations des parents ne sont généralement pas entendues par les professionnels de santé, surtout dès lors que les patients franchissent le seuil de la majorité. Est confirmée aussi la vérité bien connue que le sevrage n'est pas une question bio-chimique, et qu'il ne peut être imposé sans l'adhésion de l'addicté sans que ce dernier ne retombe dans sa consommation avec une insouciance liée à son rapport intime à la prise de risques, une substance pouvant par ailleurs être aussitôt remplacée par une autre. le récit de la mère apparaît pour cette raison comme une inutile course-poursuite entre mère et fils, faite de contrôles et d'interdictions, d'une part, de fugues et de demandes d'attention de l'autre, mais surtout d'incompréhensions constantes...
Du côté des non-dits, l'on est d'abord frappé par l'irréalité de la phrase servant de titre : en effet, aucun appel n'est adressé explicitement à la maman dans la forme citée – elle l'est à l'identique à une ex-amoureuse, ancienne héroïnomane : « 21h37 – Tara, parle-moi, ne me laisse pas m'endormir. » (p. 14). Deuxièmement, les épisodes de prise de risque sont toujours quasi exposés par Joseph à sa mère, qui accourt aussitôt. Cette dernière, pourtant apparemment si présente et disponible ne semble jamais prendre la temps d'un dialogue approfondi sur les raisons du comportement de Joseph ni sur son malaise existentiel. Il est bien question tardivement d'une thérapie familiale, qui semble être la seule cure relativement bénéfique, mais elle a requis un cadre formel et est sans doute intervenue trop tard. Pourtant, la narratrice semble être consciente d'une forte hérédité addictive du garçon : Fred, le père de Joseph, qui est toujours impliqué dans chaque étape du récit est lui-même en cure de désintoxication alcoolique ; la propre mère de la narratrice ayant également eu un passé d'alcoolisme. La narratrice, quant à elle, ne semble jamais se questionner sur la question. Troisièmement, un rôle fondamental dans le parcours du jeune semble occupé par sa scolarité dans de sévères internats britanniques ; la solution à la conflictualité de l'adolescent avec son beau-père, Paul, dont ne sont mis en exergue que son indéfectible soutien et son rôle éducatif irréprochable, réside pour elle dans cette tension entre l'éloignement du fils (à l'étranger) et les voyages très fréquents de l'un et des autres pour qu'ils se rejoignent : à l'évidence cette solution convient très mal au garçon et en tout cas elle ne fait jamais l'objet d'un accord négocié. Plus globalement, le dialogue entre mère et fils est complètement absent dans cet ouvrage : la seule cit. que j'ai retenue se rapporte justement au cas unique où Joseph semble s'ouvrir, et il s'avère à la fois tronqué, et bientôt « oublié » par lui. Ce personnage est donc réduit au silence ou au mensonge caricatural et énervant.
À noter enfin l'entrée conclusive du livre, qui représente une sonnette d'alarme très opportunément tirée devant les ravages des médicaments légalement prescrits mais à l'usage abusivement détourné, notamment en cocktail : benzodiazépines-opioïdes, dont particulièrement le Fentanyl. « Entre 2014 et 2016, les overdoses mortelles de fentanyl y [aux États-Unis] ont augmenté de 540%, avec 20.100 décès en 2016, en faisant la première cause de mortalité parmi les 66.000 décès recensés dus à l'usage de drogues ; 6 décès par overdose sur 10 sont dus aux opiacés. » (pp. 194-195). Ces chiffres sont d'ailleurs en augmentation, me semble-t-il.
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Un livre poignant sur le mal être existentiel d'un jeune à la recherche d'un paradis artificiel.
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Tout d'abord, « Maman, ne me laisse pas m'endormir » m'a choqué. Je n'étais pas préparé à un témoignage aussi fort, aussi bien écrit. C'est un « page turner » comme certains thrillers, mais là c'est un récit vécu, et l'on voit les problèmes qui prennent de l'ampleur, j'avais envie de crier à Joseph d'arrêter ses bêtises, et avide, je tournais les pages pour me dire « oh non, il n'a pas fait ça ».
En tout cas, j'admire l'abnégation et l'amour sans fin de la mère et de toute la famille de Jo. Il a eu une chance extraordinaire, une aide sans faille, mais quand un addict ne veut pas arrêter, malgré la déchéance, on ne peut rien pour lui.
Petite déception par les services de santé qui ont fait beaucoup d'erreurs, et qui se sont même faits manipuler par Jo, un enfant de 17, 18 ans.
Pour conclure, lisez le livre sans hésitation, mais soyez prévenus que des passages sont éprouvants émotionnellement.
PS : Je me répète, mais le livre est vraiment très bien écrit, structuré. La lecture est fluide et agréable, en dépit du fond.
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Ce roman est un récit bouleversant d'une mère dont le fils est Addict aux benzodiazépines et leur descente aux enfers.
Nous avons d'un côté une mère, aidée de ses proches, qui se bat contre l'addiction de son fils, inquiète et prête à tout pour l'aider à s'en sortir. On sent un grand désarroi, un épuisement psychologique et une culpabilité.
D'un autre côté nous avons Fred, son fils aîné, qui dédramatise la situation, prend parfois les choses à la légère, inconscient et insouciant des dangers de ces médicaments qu'il absorbe.
Entre les deux, nous avons ces médecins, ces institutions qui semblent incapables de mesurer la dangerosité de ces « drogues » présentes dans les armoires des adolescents et surtout responsables de la surconsommation médicamenteuse.

Ce roman permet de prendre conscience sur les dangers de la consommation précoce des anxiolytiques et opiacés, qui rappelons-le entraînent une rapide addiction.
Des méthodes alternatives se développent pour arriver à gérer les angoisses et le mal-être des adolescents, alors profitons-en!!

Récit très poignant, raconté avec pudeur, sensible et triste.
Se lit facilement et je recommande car peut éveiller des consciences.

#julietteboudre #jailuedition #temoignage #addiction #amourmaternel #adolescentensouffrance #bookstagram #kannybooks99
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Ce livre c'est le cri déchirant d'une mère. Ce livre c'est la descente aux enfers d'un fils.

Juliette Boudre raconte avec beaucoup de pudeur et de délicatesse le parcours de Joseph, son fils, mort d'une overdose d'anxiolytiques et d'opiacés à l'âge de 18 ans.

On y découvre le parcours de Joseph et les différentes étapes de son addiction. L'incompréhension, la colère, l'espoir. L'ascension insidieuse de ce mal qui a ravagé toute une famille. Ce livre est un panel d'émotion décrit si justement par cette maman. Chaque page est plus difficile à lire de que la précédente.

Ce récit est tragique et douloureux mais n'y voyait là qu'une mère qui tente de tirer la sonnette d'alarme sur un réel problème de société. Son fils n'est plus certe mais le combat lui est bel et bien là.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le purple drank, ou lean, est un mélange de sirop codeiné, d'antihistaminique et de soda qui fait tourner la tête des jeunes aux Etats Unis et à la France. Consommé à forte dose ou mélangé à d'autres produits tout à fait légaux ou en vente libre, le sirop codeiné devient hallucinogène et euphorisant. Une ivresse qui peut mener à l'overdose et à la mort. En France, depuis 2013, le purple drank est de plus en plus populaire auprès des adolescents. Cette boisson est très appréciée dans le milieu du rap américain. Elle est aujourd'hui considérée comme un problème de santé publique aux Etats unis où la pratique est popularisée depuis les années 1990 par un grand nombre de rappeurs. En 2014, une chanson faisant l'apologie de cette boisson va participer à l'augmentation de la consommation du mélange chez les adolescents. En France, depuis le 12 juillet 2017, suite à un arrêté, les médicaments codeinés sont enfin uniquement vendus sur ordonnance.
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« Nous repartons. Il est de plus en plus fatigué. Il me dit que ça lui a fait du bien de me parler, de me dire la vérité. Il me dit qu'il le regrettera sûrement, mais que ça n'a pas d'importance.
Il est assis sur le siège passager, les yeux mi-clos. Il me dit qu'il a peur, qu'il ne sait pas comment se débarrasser de tout ça, que c'est plus fort que lui, qu'il n'y arrive pas. Une larme coule sur son visage, je tends ma main pour lui caresser la joue.
Je me gare, il sort de la voiture tant bien que mal, je fais le tour, il se blottit dans mes bras.
- Je suis là, chéri, je vais trouver une solution, on va y arriver. Je sais que c'est dur, je suis heureuse que tu parles sans retenue. C'est comme ça que démarre la voie de la guérison. Quitter le déni, c'est le premier pas. Je t'aime, ça va aller, mon ange.
[…]
- Maman, je voudrais rester seul avec le médecin.
- Tu m'as tout dit, chéri, je peux rester près de toi.
- Non, maman, pas tout... S'il te plaît, me dit-il avec une voix remplie de honte et de tristesse. » (pp. 155-156, 157)
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On m'a dit que le temps apaiserait la douleur, je maudis le temps qui passe. C'est lui qui m'éloigne de toi. Je déteste m'éloigner de toi. J'entrevoi.s la permanence de ma terrifiante tristesse. La constance du manque.
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Vers 15 heures, je reçois une photo. Joseph est à table. Quelque chose de singulier me trouble.
Ses lèvres sont entrouvertes, son regzrd semble éclairé, comme si un souffle nouveau l'habitait. Un trait de lumière passe sur son visage. Un rayon dont la trajectoire traverse ses yeux.
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"L'absence n'est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ?"
Marcel Proust
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Invitées : Gwendoline Hamon, actrice, et Juliette Boudre, auteure de “Maman, ne me laisse pas m'endormir” - éd. L'Observatoire • Ces jeunes accro aux opioïdes : une mère raconte • L'histoire vraie d'un ado addict aux antidouleurs
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