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Critique de Diabolau


Pour découvrir cet auteur, j'ai choisi délibérément de commencer par un recueil de nouvelles déjà ancien et pas très chroniqué, d'une part pour ne pas me laisser influencer par ce que j'avais lu (d'assez élogieux) sur son oeuvre plus récente, et d'autre part parce que le monsieur est visiblement un grand adepte de la nouvelle – genre injustement délaissé, je ne le dirai jamais assez, car art à part entière, permettant par ailleurs de se mettre sous la dent quelque chose d'achevé, et dont on ne remettra pas éternellement la suite au lendemain durant les périodes où l'on ne dispose pas forcément de longues plages horaires quotidiennes pour lire.
Après cette légère digression, revenons à notre sujet : « Abîmés », de Bouffanges. Un recueil que j'ai donc « picoré » avec bonheur durant une petite semaine.
Le problème des recueils de nouvelles est souvent semblable à celui des anthologies (c'est souvent pire pour les anthologies, même). C'est aussi un problème que, de mon point de vue, on rencontre souvent sur un album musical : les « morceaux » sont inégaux. On aime beaucoup un ou deux textes, beaucoup moins les autres.
Ici, rien de tout cela. Tous les textes sont très travaillés, tant sur la forme que le fond, et il n'y en a aucun que j'ai trouvé véritablement en-dessous des autres, même si l'une des nouvelles, par contre, m'a particulièrement marqué en cela qu'elle m'a bouleversé : il s'agit d' « algologie ». Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour deviner qu'il y a des éléments autobiographiques dans cette magnifique histoire.
L'une des grandes forces de Bouffanges, c'est la simplicité de ses sujets. Il parvient à faire vibrer quelque chose qui, présenté en un pitch d'une phrase, ne fait pas forcément beaucoup rêver. Prenons par exemple la première : « je suis un piano demi-queue dans un appartement londonien à la veille de la seconde guerre mondiale. Chaque jour, Graham le virtuose vient faire ses gammes sur moi »… Présenté comme ça, je me serais dit : oula, je vais me faire sérieusement braire. Mais il tourne ça de telle manière que ça passe comme une lettre à la poste. Car Bouffanges est un grand peintre du quotidien, et des sentiments du quotidien. Un grand sentimental, à n'en pas douter. Avec l'or qu'il a dans les doigts, il parvient à captiver son lecteur à partir d'un sujet aux apparences banales, mais très finement traité.
Oh, on trouve bien de ci de là quelques coquilles et scories qui vont parfois jusqu'à surprendre tant elles détonnent avec le niveau général, mais on le pardonne à l'auteur… d'autant qu'il pourrait les gommer à peu de frais, ce que je l'encourage d'ailleurs à faire. C'est peut-être une « oeuvre de jeunesse », mais il aurait tort de la négliger.
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