Excellente, cette nouvelle de Bouffanges, qui ne cesse de nous retourner en une quinzaine de pages seulement (trente si l'on compte la traduction anglaise). Mais moi qui aime vous mettre dans l'ambiance des histoires que vous allez lire, là, je suis bien embêtée, parce que dire quoi que ce soit serait déjà révéler la surprise du début ou, pire, la fin… Alors je me contenterai de dire que l'auteur excelle tout d'abord à nous enflammer par la sensualité d'une relation amoureuse qui semble parfaite, puis il brise l'ambiance en mille morceaux choisis avec une réaction masculine qui nous interroge, enfin la poussant à son paroxysme, il interroge sur les rapports homme-femme, homme-androïdes, et plus si affinités … Paradis ou enfer ? A vous de juger, en commençant par répondre à la question posée par le titre ! Alors quoi, les androïdes fantasment-ils sur les orgasmes électriques ? Les dialogues sont excellents. Intelligent et explosif, pas besoin de lubrifiant, ça passe tout seul !
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- Allo ? oui bonjour j'ai un problème avec mon Lord 4389.
- Oui bonjour madame, vous pouvez m'expliquer la panne.
- Evidemment, c'est très simple il a l'érection molle.
- Ah bon ? [Mentir à la cliente et ne pas signaler qu'il s'agit là d'une panne récurrente sur ce modèle]. C'est étonnant, d'ordinaire ce produit donne entière satisfaction. Nous pouvons vous envoyer un dépanneur. En attendant, dans la fesse droite se trouve un clapet. Vous avez à votre disposition une pompe qui permettra de …
- Je vous arrête tout de suite je n'ai pas payé une petite fortune pour faire des finitions manuelles !
-………………………………. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiippppp !
……………………Ce site étant ouvert aux mineurs le reste de cet échange est censuré………………………….
D'humeur primesautière, j'ai décidé de vous immerger dans l'univers Bouffanges de manière peu conventionnelle. Ne vous fiez pas à cette entrée en matière triviale, ce serait réducteur. L'auteur à la dent et la plume acérées. Critique de la société et de ses dérives. Critique d'un monde qui s'automatise, se robotise et se déshumanise il y a tout ça dans ce texte. Un texte court certes, mais peu de pages pour un effet uppercut !
Messieurs qui depuis des siècles vénérez le dieu phallus et pensez que cet attribut fait de vous les rois du monde : le roi est mort, vive la reine…
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Petite interprétation toute personnelle de la nouvelle de quelques pages de Bouffanges, connue grâce à Nicolak.
Lily est une blonde plantureuse, elle est en train de cuisiner parfaitement un plat de curry lorsque Gérald rentre chez eux.
Elle abandonne la queue de la poêle pour celle, bon, vous avez compris, et Dieu sait qu'elle sait.
Mais, mais, il y a un mais , en la retournant, comme on retourne un morceau de viande, il n'arrive pas, il est vrai qu'il est doté moyennement, ce pauvre Gérald, et se contente de la posséder de façon catholique. Et de l'insulter.
Le coeur n'y est pas, et il téléphone à Purple Velvet. Lilly est trop sèche, il faut faire quelque chose.
Sauf que Lily est un vieux modèle, il n'y a pas de contrat de maintenance, ni de mise à jour, ça va coûter moins cher de prendre un autre modèle plus performant que de la réparer.
Un autre modèle, dit Gérald, à condition qu'elle n'ouvre pas la bouche, sauf quand elle s'agenouille.
Serait-ce ça le monde des androides, surtout que Bouffanges conclut que les femmes ont pris le pouvoir par le sexe, puis par l'intelligence, et qu'elles vont bientôt pouvoir se passer des hommes ?
Les androides sont des hommes, que je sache, alors, ou énorme renversement des rôles : des machos décrit dans leur brutalité, pourrait-on passer à des femmes appuyant sur un bouton pour leurs orgasmes, à elles ?
Ou bien, de toute façon, ça n'arrivera pas.
Qui a permis cependant à Bouffages d'imaginer un dialogue jouissif de vérité cité en partie par Nicolak: questions et réponses orchestrées par algorithmes, et guidant le demandeur à acheter plus, mais avec remise, attention, parce que c'est lui.
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Helen raccrocha le combiné. Autour d’elle, les sonneries battaient la mesure, et les réponses des standardistes s’unissaient en un vrombissement entêtant. Son téléphone ne tarda pas à la remettre au travail.
— PurpleVelvet, Helen à votre écoute ?
— Bonjour, j’ai un problème avec Lily.
— D’accord. Avant toute chose, puis-je me permettre de vous demander votre code client ?
— Euh… Attendez… Voilà : le 13039 FSK.
— Parfait, Monsieur… Legrand. Je vois que vous disposez d’un modèle Blue Orchid…
— Oui, voilà. Et là, ça ne va pas du tout, elle est toute sèche !
Helen travaillait depuis peu dans le centre d’appels, mais un algorithme minutieusement conçu permettait de répondre parfaitement à toutes les situations.
[sécheresse : ne pas mentionner la fréquence de la panne, courante sur les modèles Blue Orchid. Mener l’interrogatoire comme si la panne n’était pas évidente]
— Je vois ce que vous voulez dire. Avez-vous pensé à vérifier le niveau de lubrifiant ?
— Bien sûr ! Pour qui vous me prenez, ça fait six ans que je l’ai, vous pensez bien que je sais comment elle marche !
[Vérifier la validité du contrat de maintenance]
— Six ans, vous dites ? En effet. D’ailleurs, je vois que la garantie est expirée depuis quatre ans, et que vous n’avez pas renouvelé votre contrat de maintenance l’an dernier…
— Oh dites, hein, ça va bien, à quarante mille boules la machine, vous allez bien faire quelque chose, non ?
[Une fois inversés les rapports de force, mentionner la lourdeur probable de l’intervention]
— Bien sûr… Naturellement, Monsieur Legrand. Il va falloir nous la retourner pour révision. A minima, il faudra vérifier le circuit de lubrification, mais si le problème ne se situe pas à cet étage-là, il faudra une inspection logiciel. [Vérifier la date de dernière mise à jour : si elle date de plus de six semaines, le mentionner] Pouvez-vous me redire de quand date votre dernière mise à jour ?
— Oh là, qu’est-ce que j’en sais ? Je ne fais plus les mises à jour, depuis la dernière que j’ai faite, elle n’arrête plus de parler. Pourtant à l’achat, on m’avait certifié qu’elle n’ouvrirait jamais la bouche. Enfin, je veux dire, pas pour parler…
— J’ai parfaitement compris, Monsieur. Mais vous savez, ce n’est qu’une question de paramétrage. Il suffit d’aller dans votre compte client, et de redéfinir les options interactionnelles...Oh, oui, en effet, je vois que la dernière mise à jour date d’il y a plus de six mois !
— Mais de toute façon, quel rapport ? Puisque je vous dis qu’elle est toute sèche, c’est pas un problème de logiciel !
[Face à l’énervement du client, toujours opposer un calme absolu]...
Gérard s'approcha à pas de loup et posa la paume d'une main sur ce galbe parfaitement dessiné. Lily se cambra instantanément, sans pour autant délaisser ses cuillères en bois. Gérald appuya le menton sur son épaule, et déposa un baiser délicat sur la joue qu'elle ne manqua pas de lui tendre avec un petit sourire. Il l'étreignit un moment, laissant courir sa main sur sa fesse. Dépourvue de la moindre once de cellulite, sa peau était parcourue par une délicate horripilation qui lui donnait un aspect délicieusement granuleux.
- Tu me fais goûter ?
Lily sourit, et lui tendit une cuiller, qu'il lécha avec délectation.
-Hmm, curry ?
Lily opina, et se tourna vers lui. Ses mamelons pointaient sous le tissus blanc, qui lui laissaient entrevoir les ombres de ses aréoles. Les trois boutons supérieurs négligemment ouverts offraient en outre un décolleté affriolant. Gérald songea qu'il y manquait une petite tâche de curry, qu'il aurait pu lécher avec appétit ; mais Lily ne se tâchait jamais.
La jambe droite de Lily se pressa contre celle de Gérald, et remonta en se frottant lentement. En réponse, Gérald la serra plus fort contre sa poitrine et l'embrassa à pleine bouche. La main droite de Lily coula vers le bas ventre de Gérald, tandis que la gauche éteignit les feux dans son dos. Tandis qu'il fermait les yeux, elle dégrafa son pantalon, et s'accroupit devant lui. Après avoir suspendu le temps de longues secondes, elle engloutit sa verge. Elle était d'un appétit rare, et d'une science inégalée pour l'exercice. Gérald se sentait gonfler dans sa bouche mouvement après mouvement. Pour l'accompagner, il prit dans ses mains la chevelure soyeuse de Lily, qui redoublait d'application. Par moment, il donnait de petit coups de reins pour gagner la gorge de Lily, qui n'avait jamais ce réflexe désagréable de recul qu'ont habituellement les femmes, même avec les hommes modestement membrés comme lui.
Cependant, quelque chose clochait, et Gérald grimaça.
- Je prends un exemple simple : actuellement, quand vous recevez des amis, que faites-vous de votre opératrice ?
- Eh bien ? Que voulez-vous que j’en fasse ? Je la mets au placard, et je la déconnecte.
- Exactement : elle serait incapable de tenir une conversation construite. Et quand vous allez chez vos amis, que font-ils ?
- Pareil, je suppose. En tout cas, je n’ai jamais vu leurs opératrices.
- Voila ! Alors qu’avec la Vale Lys, le degré de réalisme est parfait, Vous pourrez la présenter à vos amis, elle sera capable de soutenir une conversation sur n’importe quel sujet.
Les femmes avaient commencé par prendre le pouvoir par le sexe, menant les hommes à la braguette ; puis elles l’avaient pris par l’intelligence, les surclassant dans toutes les universités ; bientôt la lubricité des hommes les pousserait à tous se faire implanter une puce, et elles pourraient les éteindre et les rallumer à volonté.
Quelques années, encore, et peut-être pourraient-elles enfin se passer tout à fait d’eux.
Les femmes avaient commencé par prendre le pouvoir par le sexe, menant les hommes à la braguette ; puis elles l’avaient pris par l’intelligence, les surclassant dans toutes les universités ; bientôt la lubricité des hommes les pousserait à tous se faire implanter une puce, et elles pourraient les éteindre et les rallumer à volonté.
Quelques années, encore, et peut-être pourraient-elles enfin se passer tout à fait d’eux.