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EAN : 9781548139728
176 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (27/06/2017)
4.28/5   25 notes
Résumé :
Édouard Hythlodée, vétérinaire spécialiste en chirurgie, internationalement renommé, est néanmoins convaincu d’être l’homme le plus poissard du monde. Embarqué dans un vol Tokyo-Sydney, le destin semble lui donner raison : il se retrouve coincé dans les toilettes, tandis que l’avion traverse d’interminables zones de turbulences. Se heurtant la tête contre la cuvette, il finit par sombrer dans l’inconscience.
Lorsqu’il en émergera, Hythlodée se retrouvera seul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Une robinsonade moderne, pour les vacances, ça vous dit ?


Tout commence comme la série LOST par un crash d'avion sur une île qui semble déserte (mais qui sait ?), avec un ou des survivants (vous verrez bien), et la découverte d'un bunker dans la jungle profonde… La référence à Robinson Crusoé ne tarde pas à se faire sentir, notamment dans les tentatives d'organisation de la survie en attendant les secours (mais viendront-ils seulement ?) : hutte, recherche de nourriture, domestication d'animaux… et jusqu'à vendredi, mais que se passe-t-il vendredi ? C'est le noeud du roman, qui certainement vous surprendra.


J'y ai retrouvé aussi une problématique que Robert Merle a déjà exploré dans « l'Ile », roman que j'emporterai sans hésiter sur une île déserte : Une réflexion sur l'organisation sociale et la suprématie ou pas de la démocratie. Il faut dire que le personnage principal a le temps de cogiter. J'ai aimé le fait que sa réflexion le mène à explorer une autre piste que Robert Merle justement, une piste qui nous donne un espoir pour l'humanité, même si au final, il se pourrait que tous les chemins, si pleins d'espoir fussent-ils, mènent aux mêmes impasses humaines.


Vous trouverez probablement avec plaisir dans ce roman autant de références possibles que vous aurez lu de livres sur le thème (sa majesté des mouches, etc…). Pour autant ne vous y trompez pas : Ce roman ne ressemble en réalité à aucun autre de ceux à qui il rend hommage. Fidèle à ce que j'ai lu de l'auteur pour l'instant, il vous offre une fin surprenante qui donne tout le relief au roman, et lui apporte tout son intérêt. C'est agréable à lire, le personnage, aussi fataliste que sarcastique, apporte la touche d'humour. Il est néanmoins plein de ressources et attachant : Dynamique et débrouillard, il représente l'essence même de l'instinct de survie qui sommeille en chacun nous. Son amour de la vie et son désir de vivre sont contagieux.


Puis quand vous finissez par vous demander si tout cela n'est pas juste une compilation modernisées de récits plus ou moins connus, vous vous offusquez soudain de la fin bâclée que vous sentez poindre à l'horizon, avant de vous rappeler qu'il s'agit de BOUFFANGES mais là, il est déjà trop tard : En moins de temps qu'il ne faut pour le lire, il vous retourne, vous et la situation, comme deux pancakes. Et vous êtes là, pantelant, souriant de vous être fait avoir, mais heureux qu'on ne vous ai finalement pas laissé en plan. La vague est passée, elle vous a brassé, lessivé avant de vous laisser échouer là, sur la plage où vous lisez, coquillages et crustacés.


Serveur ! Un verre de vin blanc sec s'il vous plaît !


« Dans de cruelles circonstances,
Je n'ai ni gémi ni pleuré,
Sous les coups du hasard,
Ma tête saigne mais reste droite.


En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l'ombre de la mort,
Et bien que les années menacent,
Je suis et je resterai sans peur.


Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme. » (Invictus)
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Édouard Hythlodée se considère comme l'une des personnes les plus malchanceuses au monde. Et il semblerait que le destin ne cesse de lui donner raison. Tenez par exemple, lorsqu'il prend l'avion avec plusieurs de ses collègues pour se rendre à un colloque, il se retrouve enfermé dans les toilettes. La porte est coincée, et l'hôtesse, mal à l'aise, l'informe qu'il devra prendre son mal en patience puisqu'il faut attendre que l'avion ait atterri pour qu'on vienne lui débloquer la porte. Il reste deux heures de vol... Mais pendant ces deux heures, l'avion traverse plusieurs zones de turbulence. Pas attaché évidemment, il a beau s'agripper à ce qu'il peut, il ne cesse de se cogner partout... Puis arrive le moment où le commandant de bord informe les passagers qu'il va devoir amerrir suite à une avarie, il leur dit de surtout bien rester attachés et d'enfiler les gilets de sauvetage à leur disposition sous leur siège... Ça lui fait une belle jambe à Édouard, qu'une ultime secousse assomme. Quand il reprend connaissance, il est toujours dans ses toilettes, en queue d'avion, seul morceau qui a survécu à l'amerrissage. Édouard est le seul rescapé, perdu sur une île déserte...

Ne pourrait-on pas dire qu'il a eu de la chance dans sa malchance ? Tout dépendra de lui finalement...

Les secours tardant à venir, il lui faut apprendre et s'adapter au plus vite...

Au premier abord, on pourrait se croire dans une robinsonnade quelconque mais grâce à la plume quelque peu sagace de Bouffanges, on a tôt fait de se rendre compte du contraire. L'auteur se démarque avant tout par son style de narration, ou devrais-je dire plutôt ses styles de narration. Car, en effet, le récit se découpe en trois parties narrées chacune d'une manière différente.

La première partie, narrée à la première personne, nous relate le moment du crash et les jours qui suivent. Nous sommes dans la peau d'Édouard et nous vivons avec lui son désappointement, l'attente des secours et sa résignation. Nous l'accompagnons dans ces premiers jours de survie sur l'île, que nous découvrons avec ses yeux.

La seconde partie, dont les événements se situent deux ans plus tard, est narrée à la troisième personne, comme une invitation à percevoir plus loin que ce que le regard d'Édouard nous permettait de voir jusque-là. Ce dernier connaissant désormais l'île sur le bout des doigts, c'est comme s'il nous offrait une vision entière, sur plusieurs perspectives, de son lieu et mode de vie.

La troisième partie, qui se projette huit ans plus tard, est très particulière, puisqu'elle nous est relatée sous forme d'émissions radiophoniques. C'est un peu déstabilisant sur le moment puisqu'on se demande bien comment ce genre d'émissions peut être possible sur une île déserte. Mais tout s'explique rapidement, nous permettant de rentrer facilement dans le jeu...

Le ton donné est subtilement cynique. Là encore, comme avec "Zombies", on aime à lire entre les lignes. Et puis on aime aussi les petits clins d'oeil à l'actualité, glissés ici et là comme des petites piques ou des rappels (comme les drames de Malaysia Airlines de 2014, ou encore les régimes capitalistes). Les références culturelles, littéraires notamment, arrivent toujours à point nommé.

Mais je me rends compte que je n'ai pas encore parlé du fond. On est certes dans une robinsonnade et les références sont nombreuses, notamment en ce qui concerne l'organisation sociale et la nature humaine qui revient au galop dès lors que l'on n'est plus seul. Pourtant le parcours d'Édouard prendra un tout autre chemin, qui lui permettra de s'en démarquer. Difficile d'en dire plus sans prendre le risque de divulgâcher, je vous invite donc à le découvrir par vous-même.

Et que dire d'Édouard ? Un peu décrit comme un anti-héros, il a clairement la guigne mais sait finalement s'en accommoder. Il est débrouillard, un rien sarcastique également. Il n'hésite pas à jouer d'autodérision pour mieux se relever de sa dernière poisse. Édouard est un personnage aussi intéressant qu'original.

J'en arrive maintenant à la fin, que je pressentais décevante et baclée au fur et à mesure que je m'en approchais. C'était évidemment sans compter sur le retournement des toutes dernières lignes, nous offrant finalement une fin aussi inattendue que sensationnelle. Ça, je ne l'avais pas vu venir !

"Rodden Eiland" est un livre qui fait réfléchir par les différents sujets abordés (organisation sociale/sociétale, idéologies utopiques, vivre-ensemble, nature humaine). Mais c'est aussi un livre subtilement drôle, ironique et perspicace.

On le referme avec cette question en tête et dont on peine à trouver la bonne réponse : Sur une île déserte, vaut-il mieux y vivre seul ou mal accompagné ?

Je remercie une nouvelle fois @NicolaK, sans qui je n'aurais jamais découvert l'univers de Bouffanges.
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Je vais ajouter ma perle au collier, ou plutôt pour rester dans l'ambiance mon île à l'archipel. Merci à Paul, Patrick, Nicola et Sarah qui m'ont donné envie de découvrir ce livre, et merci spécialement à Nicola qui l'a partagé avec moi.

Rodden Eiland : ile baptisée ainsi par Édouard Hythlodée en l'honneur de son meilleur ennemi et néanmoins collègue, Piet de Band, de nationalité néerlandaise. Édouard Hythlodée est un poissard. Déjà imaginez porter un nom pareil : quel cauchemar à chaque rentrée scolaire quand il faut remplir quelques dizaines de fiches avec son nom correctement orthographié (c'était encore le cas quand mes enfants étaient scolarisés, peut-etre internet les a fait disparaitre). Cela ne l'a pas empêché de devenir vétérinaire, et pas des moindres, puisqu'il est une des sommités de la chirurgie vétérinaire et ainsi invité à un congrès au Japon. ce qui lui vaut, comble de la poisse, de se retrouver enfermé dans les toilettes d'un avion que personne ne réussit à ouvrir.

Il ne sait pas encore que cet énième déboire va lui sauver la vie, quand l'avion va s'abimer en mer;

Notre anti héros, seul dans ses toilettes, va se retrouver tout aussi seul sur son ile après le crash de l'avion. Il va devoir s'adapter, déployant des trésors d'ingéniosité, espérant dans les premiers jours l'arrivée des secours. Espoir déçu soir après soir, mais demain est un autre jour...

Je ne vous en dirai pas plus, de peur de déflorer le sujet. Sachez que j'ai beaucoup apprécié cette lecture, l'écriture sans fioritures et efficace de l'auteur, les questions soulevées par les diverses situations dans lesquelles se retrouve notre Robinson qui nous poussent à réfléchir, les références littéraires nombreuses.

J'ai cru deviner une fin, qui m'aurait un peu déçue. Il n'en est rien. La chute est surprenante et m'a beaucoup plu.

Un roman et un auteur à découvrir.
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♫ Sur la plage abandonnée
Coquillages et crustacés ♪
Qui l'eût cru ! Déplorent la perte de l'été ♫
Qui depuis s'en est allé ♫
♫ On a rangé les vacances
Dans des valises en carton ♪
Et c'est triste quand on pense à la saison ♫
Du soleil et des chansons ♫

Durant quelques jours, j'ai jeté l'ancre à Rodden Eiland. Si l'endroit est exotique à souhait, il ne se prête pas pour autant aux joies insouciantes des vacances et de la farniente. En effet, Bouffanges nous invite ici à une robinsonnade. Mais qu'est-ce qu'une robinsonnade ?
Approchez un peu les amis, asseyez-vous sur le sable tiède de cette plage, mettez-vous en cercle autour du feu. La nuit sera longue, j'ai une histoire à vous raconter...
Parfois, certaines lectures sont des naufrages, chapitre après chapitre, page après page, nous bataillons parmi les mots comme parmi les vagues pour atteindre un hypothétique rivage.
J'aime les livres qui s'ouvrent comme devant un fleuve impassible que je descends et où je pousse ma barque avec jubilation. Les flots tumultueux ne me font pas peur. Qu'importe le chemin ! Qu'importe d'être bousculé ! Qu'importe de m'y perdre ! Qu'importe presque la destination ! Pourvu qu'il y ait en route de l'émotion, des aspérités, des fissures, des abysses où entrer, où tomber, des failles sidérales d'où s'échappent la vie à contrecourant de nos propres existences...
Ce récit, écrit par un certain Bouffanges, démarre donc comme je vous l'ai dit sous l'allure d'une robinsonnade. Mais au fond, qu'est-ce qu'une robinsonnade ? Je ne vous apprendrai pas que le modèle du genre fut Robinson Crusoé avec son célèbre créateur, Daniel Defoe. D'autres se sont essayé au genre sans égaler le grand maître, tout en s'en rapprochant, voire l'imitant.
Le synopsis est souvent le même : prenez un navire, une mer furieuse de préférence en hémisphère sud, un équipage en panique, un personnage qui va devenir héros malgré lui, seul survivant après le naufrage, l'aventure qui continue sur une île déserte, sauvage et hostile, puis survivre... Agitez le tout et vous obtiendrez une robinsonnade. Parfois certaines se veulent porteuses d'un message philosophique, ou tout au moins d'un éclairage sur une morale forte.
Bouffanges cite d'ailleurs ici quelques-unes des plus célèbres robinsonnades...
Mais qu'en est-il de Rodden Eiland qui reprend à son compte le fameux thème ? Peut-être le renouvèle à sa manière. D'ailleurs est-ce vraiment une robinsonnade ? Ou n'est-ce qu'une robinsonnade ? Qu'apporte-t-il de plus au genre ?
Approchez, approchez près du feu que je vous en parle... Apportez vos guitares et vos carnets de chants, faites-nous entendre Maxime le Forestier, Hugues Aufray, Graeme Allwright et tutti quanti... Alors, pour les béotiens de la variété, je préciserai que tutti quanti n'est pas un chanteur révolutionnaire piémontais, hein ?!...
Le récit de ce naufrage n'en fut pas un pour moi. Voilà, déjà c'est dit.
Des amis m'ont convaincu de rejoindre leur archipel, celui de ceux qui ont été séduits par ce texte d'un auteur qu'une certaine Nicola nous a fait connaître sur Babelio et je l'en remercie.
À contrevent, j'ai donc rejoint la horde de mes amis pour cette lecture qui m'attendait depuis des lustres, - entendez par là des semaines...
Ici notre Robinson Crusoé est un anti-héros, - quoi que sur cette définition nous pouvons engager de multiples discussions... Échouant sur une île déserte et sachant faire preuve d'une telle résilience, je serais prêt à accepter le qualificatif d'anti-héros.
Il s'appelle Édouard Hythlodée. Pourquoi ce prénom d'Édouard ? Ne me le demandez pas, je suis aussi atterré que vous de le découvrir. Malgré sa belle réussite professionnelle, - Édouard Hythlodée est vétérinaire spécialiste en chirurgie, internationalement renommé, il véhicule cependant la poisse depuis sa plus tendre enfance. Vous vous en étiez déjà aperçu, n'est-ce pas ?
J'ai connu quelqu'un un peu comme cela quand j'étais étudiant parmi un groupe de copains. Il s'appelait d'ailleurs Marcel lui aussi. Lorsque nous étions au bord d'une plage, s'il y avait un seul goéland qui passait dans le ciel dégagé, c'était pour son crâne... Lorsqu'on prenait l'apéritif chez l'un d'entre nous, on évitait de lui confier la tâche de dresser les verres sur la table et surtout de les débarrasser après...
Pour revenir à notre vétérinaire émérite, embarqué dans un vol Tokyo-Sydney pour un congrès international, le destin semble continuer de lui donner raison : il se retrouve coincé dans les toilettes, tandis que l'avion traverse d'interminables zones de turbulences. Se heurtant la tête contre la cuvette, il finit par sombrer dans l'inconscience. À des moments très rares de mon existence, il m'est arrivé de vivre les mêmes désagréments. Et mon esprit chahuté par les paliers de décompression se situait comme dans un Boeing sept-cent-quelque-chose... Bon, il y a heureusement prescription depuis...
Lorsqu'il en émergera, Édouard Hythlodée se retrouvera seul, sur une île oubliée du Pacifique. À l'exception d'un fragment de queue, l'avion aura disparu, et avec lui l'intégralité des passagers.
Avouez, avoir la vie sauvée par une porte de chiotte capricieuse, tout de même...
La première partie écrite à la première personne du singulier nous donne à voir son apprentissage des lieux, des premiers jours, d'une nouvelle vie. L'humour n'est pas en reste. Ainsi, cherchant à ouvrir les deux valises de son célèbre rival Piet de Band qu'il retrouve échouées près de la queue de l'avion, ce moment est un pur bijou déclenchant le fou rire lorsqu'il cherche à identifier leurs codes d'ouverture.
Les jours s'égrènent, se passent dans le meilleur des mondes. On pourrait en rester là.
« Il avait trop longtemps cru pouvoir vivre seul. Mais bientôt, Vendredi serait là. »
Et vendredi arriva.
Nous le savons tous, sans Vendredi Robinson Crusoé n'existerait pas... Ne survivrait pas... C'est Vendredi qui donne l'existence et le sens du personnage de Robinson Crusoé.
« Gooooooooood evening, Rodden Eiland ! »
Alors il y a ce cri de rage lancé chaque vendredi par Édouard dans une radio où il espère que son message sera porté à l'universel, cela m'a évoqué une sorte de parodie touchante et désespérée, qui forcément nous fait penser à « Good Morning, Vietnam », comme un cri de ralliement que lançait Adrian Cronauer alias Robin Williams...
C'est lors de cette seconde partie, - où la narration passe à la troisième personne du singulier pour suivre de plus près Édouard, sa vie, son oeuvre, bref c'est là que le texte prend une tout autre dimension...
Dans le ressac du récit, cette seconde partie offre une digression fort intéressante vers les organisations sociales, sur les joies et les contraintes de la vie communautaire, les apprentissages de la démocratie, ses lois, ses chemins, ses impasses, ses illusions, ses contours, ses rebonds... L'expérience de la démocratie vécue difficilement en territoire hostile suscite une observation intéressante lorsque les contingences extérieures fragmentent le collectif, renvoyant chacun à son intérêt personnel. Cela ne vous parle-t-il pas ?
Et puis la fin est sidérante, comme une mer qui se retire sur le naufrage de nos vies, ayant effacé les dernières traces qui subsistaient et c'est peut-être tant mieux.
Dans les clapotements furieux des marées, je me retrouve à présent seul. Devant moi un archipel me tend ses rivages, alors je ne suis pas tout à fait seul puisque vous êtes là.
Rodden Eiland, une bien belle robinsonnade, mais pas que... qui trouve son ton particulier, sa musique, une île où viennent aussi à notre rencontre des livres, ceux de l'île déserte de Bouffanges, son panthéon littéraire...

« Sur l'eau calme voguant sans trêve
Dans l'éclat du jour qui s'achève
Qu'est notre vie, sinon un rêve ? »
Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll

« Gooooooooood morning, Babelio ! »
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Une belle couverture toute douce, bleu profond Océan Pacifique, au milieu se dessine une petite île rousse en forme de croissant approchée par un autre petit îlot : tel est l'écrin de ce roman de Bouffanges, Rodden Eiland.

Grâce à l'éclairage d'Elea (vu pour ma part vers la fin de ma lecture), il est en effet évident que cette île représente la prison de N. Mandela, encore fallait-il le savoir ou ne pas l'avoir oublié...

Des références culturelles, multiples et variées, ce livre en est rempli, j'ai bien dû passer à côté de quelques-unes ;-), notamment des références littéraires avec entre autre J.L Borges et L.Caroll.

Ajoutées à une écriture agréable et pleine d'humour, malgré la situation, dirons-nous critique, ces citations (Invictus par exemple) font de ce livre un écrit fort intéressant de Monsieur Bouffanges ! Merci à vous, j'ai adoré ! Et merci à Nicola de m'avoir fait découvrir cet auteur que je continuerai à lire à travers ses Zombies, moi qui n'aime pas les zombies, c'est un comble ;-)

Mais je m'égare.

Notre héros, si je puis dire, il s'agirait là plutôt d'un anti-héros, Edouard Hythlodée, est un éminent vétérinaire. Il pense être l'homme le plus poissard du monde. Pas si poissard que ça finalement au vu des événements à venir.

Bon d'accord, je vous l'accorde, ça commençait mal. Edouard, se rendant à un congrès professionnel, se retrouve coincé dans les toilettes de l'avion Melbourne-Tokyo, ce qui n'est pas du meilleur confort quand les turbulences se mettent de la partie. Mais quand l'amerrissage d'urgence s'impose et que l'avion se partage en 2, se trouver dans la queue du boeing vaut à Edouard de se retrouver seul survivant sur une île déserte.

Après le prologue où le narrateur se présente, le livre est découpé en 3 parties.

La 1ère est consacrée à la découverte de l'île et à l'installation d'Edouard qui fait preuve d'un trésor d'habileté, ses qualités de chirurgien lui sont d'un grand secours , il est doté d'une inventivité que, même dans les cas les plus désespérés, tout le monde n'aurait pas.

Dans la seconde partie, la vie s'organise, on frôlerait presque le confort ;-)

Et la 3ème partie, ah ah, vous y avez cru hein, et ben non, je ne vous dirai rien, na !

Dans cette robinsonnade, très agréable à lire, on retrouve bien sûr Robinson Crusoé, Seul au monde... qui posent la question du sens à donner à sa vie dans cette situation de solitude ?

De plus, une analyse très pertinente de la société est ici faite par l'auteur. Il nous apporte une réflexion sur l'organisation sociale, notamment sur la démocratie. Les humains, même s'ils cherchent à s'éloigner des schémas habituels, ne retombent-ils pas toujours dans les mêmes travers dès qu'ils sont une petite poignée ?

Pour ce livre sympathique, écrit avec humour et sujet à réflexion, je réitère mes remerciements à Nicola et aux amis Babéliotes qui m'ont permis de découvrir cet auteur (merci à Nicola aussi de m'avoir envoyé ce livre). Auteur que je continuerai à suivre et qui m'aura donné envie de lire Borges que, honte à moi, je n'ai fait que parcourir au travers d'extraits.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
J'en ai marre. Ras la crête. Je n'en peux plus des échecs. Je ne suis pas fait pour réinventer l'humanité. Je veux un briquet, je veux un couteau, je veux l'eau courante, l'électricité, je veux Wikipedia, je veux ma salle de chirurgie, mes instruments. Je veux ma bibliothèque ! Et je veux une bavette à l'échalote, nom de Dieu ! De rage, je balance la seringue dans le sable. Combien de temps vais-je encore attendre ces putain de secours ? Cinq jours à ronger de la noix de coco, ça commence à bien faire. Qu'est-ce qu'ils fabriquent ? Est-ce que tout le monde s'en fout, qu'un avion se crashe ? Surtout un avion comme celui-ci, ce n'est pas comme si c'était un coucou au milieu du Bangladesh ! Est-ce qu'il y a une grève des secours en mer ? On serait au large de Brest, je parierais bien sur un coup de la CGT, mais là, quand même !
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Je rentre à l’avion , en songnant à mon chat. Être orphelin et célibataire a un côté positif : personne ne se laisse mourir de chagrin en attendant de mes nouvelles. En revanche, pour Octave, mon vieux greffier, la vie doit être difficile. J’espère que quelqu'un pensera à aller le nourrir. Ce vieux poilu, ça fait si longtemps qu’il m'accompagne que je n'ai plus tellement d'attention pour lui, mais il commence à me manquer, Cest quand même con, à mon âge, de se faire du souci pour un chat !
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J’ai du mal à trouver le sommeil, alors j’essaie de rappeler à ma mémoire la voix de Gérard Philipe. Enfant, j’ai dû l’écouter chaque soir pendant quinze ans me raconter l’histoire du Petit Prince. Il me semble savoir par cœur chaque phrase.
J’ai vécu seul, sans personne avec qui véritablement parler, jusqu’à une panne, dans le désert du Sahara, il y a trois ans.
Était-ce trois ans, ou quatre, ou huit ? Je ne parviens pas à me souvenir.
Quelque chose s’était cassé dans mon moteur… Si je peux me permettre de renchérir, moi ce sont deux moteurs qui ont expiré.
… et comme je n’avais avec moi ni mécanicien ni passagers… Pas mieux.
… je me préparais à essayer de réussir, seul, une réparation difficile. Dans mon cas, difficile me semble être un moindre mot.
C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours. Huit jours ? En comptant large…
Je me suis endormi à mille milles de toute terre habitée… Mille milles, c’est fort possible... Où peut bien être l’humain le plus proche ?
J’étais bien plus isolé qu’un naufragé au milieu de l’océan. Bien plus ? Ça reste à prouver.
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Le recensement des insectes, au demeurant, n'est pas une activité désagréable. Oscar en connaît un rayon, et il adore en parler ce doit être le seul domaine où il est capable d'aligner plus de deux phrases sans ironie. Coléoptères, diptères, hémisphères, aptères, hétéroptères... Moi qui ne connaissait guère que les puces et les poux, ça m'a permis de me remémorer mes cours de classe préparatoire.
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Il y a des gens qui n’ont vraiment pas de chance. Évidemment, ça reste difficile à objectiver. Il faut distinguer les vrais poissards de la cohorte des geignards qui cèdent à la facilité de renvoyer la responsabilité de leur médiocre condition sur une prétendue malchance. J’en connais un rayon sur le sujet : je suis l’Empereur des poissards.
L’on m’oppose souvent ma réussite sociale, comme une preuve de ma non-malchance. Malchance et réussite n’ont pourtant rien à voir. Être conscient de sa malchance insistante peut tout autant s’avérer le moteur d’une détermination inflexible. Le poissard devra travailler bien plus que son homologue mieux servi à la table des dieux, et apprendre à contenir les aléas dans chaque entreprise en laissant au hasard une part négligeable.
Il y aurait probablement une excellente étude scientifique à mener sur le sujet. J’y songerai.
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