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Olangar tome 2 sur 3

Clément Bouhélier (Autre)
EAN : 9782375791790
667 pages
Critic (18/06/2020)
4.45/5   37 notes
Résumé :
La menace d’un nouveau conflit gronde aux portes d’Olangar. Furieux de la pollution qui touche leur fleuve sacré, les elfes sont sur le pied de guerre. La Chancellerie charge deux nains, Kalin et Nockis, de trouver les preuves qui permettraient de maintenir la paix.
Pendant ce temps, dans l’arrière-pays, d’insaisissables incendiaires frappent au hasard, ne laissant dans leur sillage que des cadavres brûlés. Quand la province d’Enguerrand est attaquée à son to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Deux ans après Bans et barricades, Clément Bouhélier nous emmène à nouveau en Olangar avec Une Cité en flammes, dans ce royaume où son éditeur Critic nous promet de la fantasy entre J.R.R. Tolkien et Karl Marx !

Le retour des problèmes
Dans le royaume industriel d'Olangar, le prologue d'Une Cité en flammes sonne comme une veillée d'armes ; l'auteur fait le point sur la situation qui a évolué depuis cinq ans en nous rappelant les fondamentaux (les ouvriers nains, dont les syndicalistes composent la Confrérie, tiennent les activités portuaires d'Olangar ; le chancelier actuel, mis au pouvoir par une alliance bancale, se veut régionaliste mais négocient avec les duchés voisins de nouveaux avantages pour la bourgeoisie en place, les nobles du Sud tiennent leurs prés carrés, les elfes qui se tenaient tranquille s'éveillent doucement devant l'ingérence des humains et les orcs se sont fait oublier) et en nous dévoilant les nouveaux enjeux politiques du royaume d'Olangar : la destruction de l'environnement pourrait détruire les anciennes alliances entre elfes et humains, le terrorisme fait son apparition par le biais d'attentats non revendiqués et de nouvelles contrées attisent des velléités colonialistes. de nombreux personnages De Bans et barricades avaient encore des intrigues endiablées à vivre. Ainsi, Torgend, l'elfe exilé, poursuit une piste étrange qui voit des orcs s'enrôler comme mercenaires pour retourner en Olangar. de plus, les syndicalistes nains sont tiraillés entre la défense directe de leurs intérêts et le soutien qu'ils sont censés apporter au chancelier du moment, or celui-ci a une grave affaire à régler dans les confins de Frontenac, la région industrielle aux portes des terres elfes. Enfin, Evyna a repris le territoire patrimonial et dirige d'une main maternaliste la province d'Enguerrand, la plus importante des provinces du Sud ; toutefois, elle doit jongler entre les négociations au Parlement et la gestion d'attaques d'illuminés contre ses sujets.

Croisement d'intrigues
Comme dans Bans et barricades, l'intrigue d'Une Cité en flammes est multiple. Il y a, à mon sens, trois arcs principaux, à nouveau autour des trois piliers de l'univers : les nains, les elfes, les humains. Tout le sel revient à déceler ce qu'elles ont en commun… Il faut par exemple attendre la page 212 pour que deux enquêtes commencent à se croiser, par un mot détourné mais qui fait faire « tilt ». le lecteur ne peut alors que guetter le confluence avec la troisième. Au bout du compte, on peut parfois se dire que tout cela est cousu de fil blanc, mais pour autant, le suspense tient vraiment bon et le final surprend. La toute fin promet un autre voyage en perspective pour résister à l'oppression, en espérant que les faits ne reprendront pas juste après les derniers mots d'Une Cité en flammes, car le saut de cinq ans entre Bans et barricades et Une Cité en flammes a permis de très bonnes choses tout au long du roman (évolution des personnages, ressentiment entre eux parfois, affadissement de certaines relations, déplacement des tensions à l'échelle du royaume, etc.). En tout cas, nous sommes bien moins dans une ambiance « populaire » ; comme ces trois narrations ne se passent ni dans les rues d'Olangar, ni dans les usines de Frontenac, ni dans les grandes plaines où pourraient arriver de vastes batailles, il y a beaucoup moins matière à déceler des situations de rapports de force entre classes. Pour autant, maintenant le cadre mis en place avec Bans et barricades, l'auteur affine les habitudes de ses lecteurs.

Montée en puissance
Dans Une Cité en flammes, on retrouve, il est vrai, de nombreux personnages et des intrigues proches de ce que Bans et barricades nous a fait découvrir, mais le lecteur ayant pratiqué les deux dans l'ordre peut ressentir une certaine montée en gamme, une montée en puissance avec celui-ci. La première véritable scène fait largement écho à la première d'Olangar – Bans et barricades : un elfe se tient en embuscade pour déjouer une scène qui peut sembler anodine ; le décor est posé : on est prêt à repartir au combat ! Et de l'action, il y en a… Torgend et les syndicalistes nains sont bien de la partie, ainsi que quelques antagonistes déjà rencontrés, tous sont remontés de voir le fragile statuquo du moment être ébranlé par des pollutions intempestives, des attentats sans revendication et des remous géopolitiques. de son côté, Evyna d'Enguerrand, la noble des régions du Sud, passe du statut de personnage « qui découvre les inégalités sociales » à celui de personnage « qui se lasse de ne pas avoir de remerciements du peuple qu'elle pense tant aider » ; toutefois, son évolution est bien meilleure, plus « active » dans ce roman. Tous les nouveaux personnages sont particulièrement bien campés, notamment l'elfe Eirukkus et le mercenaire Keiv, dont les histoires sont très fouillées. D'ailleurs, du côté du style, les descriptions sont désormais toutes utiles. La galerie de personnages augmente légèrement et le passage de l'un à l'autre est très fluide. L'auteur incorpore des enjeux politiques plus forts (moins à base de mouvements sociaux, certes) tout en multipliant l'extension culturelle de son univers (quelques aspects religieux, la place des femmes dans certaines contrées, la place intéressante des transports, et toujours le racisme vis-à-vis d'autres personnes humanoïdes), en se faisant parfois bien plaisir dans des petits chapitres uniquement consacrés à la description de tel aspect de la société orque ou de tel autre de la religion d'Olangar.

Une Cité en flammes nous emmène à nouveau et avec beaucoup de plaisir dans l'univers d'Olangar ; que vous découvriez ou non l'auteur ou cet univers par ce roman, le voyage vaut largement son pesant de mildur !
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Olangar semblait en paix. Plus juste après les révoltes de la classe ouvrière guidée par les nains. Plus sûre après la disparition du danger venu de l'intérieur. Chacun était retourné à sa vie. Mais une menace sournoise et terrible pèse à nouveau sur Olangar. Et cette fois-ci, pas sûr qu'elle s'en sorte intacte !

Evyna, Torgend, Baldek : des noms qui résonnent dans l'esprit de qui a lu et aimé Bans et barricades (c'est mon cas). Nous les avons laissés meurtris et séparés. D'où la joie de les redécouvrir dans ce nouveau récit de la saga d'Olangar. Tous ? Non. L'un d'entre eux déserte ces pages. Baldek laisse la place à Kalin et Nockis, deux autres nains qui ont participé activement aux révoltes passées. Mais qui se sont encroûtés dans leur nouvelle vie. Nockis, resté au contact des ouvriers, trouve que Kalin s'est embourgeoisé et se perd dans des intrigues de palais. Cependant, ils vont rapidement devoir faire taire leurs différents : une menace pèse sur la ville. Les ZEF, ces zones franches économiques où les propriétaires peuvent faire ce qu'ils veulent, sans aucun contrôle, ont ouvert la porte à des excès. Et l'une d'entre elles, celle de Lorkhil, attise toutes les inquiétudes. Ajoutons à cela la poussée des elfes qui, suite à des morts suspectes, s'unissent derrière un leader avide de revanche contre les humains. Et des orcs qui sont embauchés pour une mystérieuse mission. Cela fait trop et Evyna, devenue dirigeante de son royaume, ne peut rester les bras croisées. D'autant qu'un attentat touche son territoire d'atroce façon.


Pour tout dire, quand j'aborde une suite, je suis partagé entre enthousiasme et crainte : enthousiasme de retrouver des personnages que j'ai appréciés et un monde qui m'a accueilli ; crainte de ne découvrir qu'une pâle copie décevante du volume précédent. Mais ici, dès les premières pages (et cela s'est confirmé tout au long de ma lecture), toute crainte a disparu au profit d'une joie pleine de reconnaissance envers Clément Bouhélier pour la qualité de ses intrigues. Une fois encore, il parvient à tresser de nombreuses histoires, mettant en scène des personnages déjà vus dans Bans et barricades, mais aussi de petits nouveaux. Et tout cela avec une rigueur extraordinaire. Ce qui fait que peu à peu, on comprend les liens qui unissent tous ces fils. Et on découvre avec stupéfaction la vue d'ensemble qui a été dessinée par petites touches, au fur et à mesure de l'avancée du récit. C'est vraiment de la belle ouvrage ! À la fin d'Une Cité en flammes, on ne se dit pas : « Pourquoi tout cela ? », ni « Tout ça pour ça ! ». On sort bouche bée et essoufflé par la série d'aventures parfois ébouriffantes, parfois épiques dans lesquelles se trouvent embarqués les personnages principaux.

Car une des forces de cet auteur, c'est sa capacité à alterner des moments intimes avec des portes ouvertes sur l'âme de ses personnage, sur leurs doutes, leurs envies, et des moments d'une force digne de grands films hollywoodiens, avec mouvements de troupes et explosions grandioses. Et tout cela avec le même succès, la même réussite. Et cette alternance permet au livre (assez long en nombre de pages) d'être un redoutable page turner dans lequel je ne me suis pas ennuyé une minute. Elle permet également de découvrir plus encore les héros dont nous suivons les aventures, de les rendre plus denses et plus proches de nous. Tout en nous abreuvant de scènes de combats rudement bien menées, car on s'y retrouve et on comprend qui fait quoi, ce qui n'est pas toujours évident pour moi qui ai parfois du mal à me représenter spatialement ces moments plus complexes. Clément Bouhélier gère le spectaculaire comme le normal avec le même talent, la même maitrise.

Vous l'aurez compris, je ressors plein d'enthousiasme de ma lecture d'Une cité en flammes. Ce roman fait partie de ces récits qui vous prennent aux tripes dès les premières pages et ne vous lâchent qu'une fois la dernière ligne lue. Heureusement, il me reste un dernier tome à découvrir, le Combat des ombres (paru voilà quelques semaines). Sans quoi, j'aurais éprouvé de la tristesse à laisser partir définitivement Evyna, Keiv, Torgend, Ergan… et Baldek.
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Après un premier diptyque très réussi relatant une insurrection populaire dans un monde de fantasy peuplé d'orcs, d'elfes et de nains, Clément Bouhélier récidive avec un nouveau roman, toujours consacré à la ville d'Olangar. Si l'intrigue ne fait pas directement suite à celle développée dans « Bans et barricades », il reste tout de même préférable d'avoir lu les deux précédents tomes pour bien comprendre les tenants et aboutissants du récit, d'autant qu'on y retrouve la plupart des personnages de départ. Cinq ans se sont écoulés depuis la bataille du port, mais à Olangar peu de choses ont finalement changé, même si les conditions de vie des classes populaires se sont légèrement améliorées suite à la victoire de la Confrérie. le système politique en place n'a toutefois pas bougé et cultive toujours l'opacité, même envers les parlementaires qui peinent parfois à se tenir informés des décisions prises par la Chancellerie. L'une d'entre elles soulève en particulier l'indignation : la création de ZEF, zones économiques franches, où, au nom de l'emploi, carte blanche est donnée aux investisseurs qui peuvent ainsi s'affranchir de la réglementation en vigueur partout ailleurs et rester flous concernant la nature de leur business. La zone de Lorkhil suscite notamment beaucoup de questions, d'autant que les espions envoyés sur place par certains curieux ne sont jamais revenus. Olangar a toutefois bien d'autres soucis en tête, à commencer par la tension croissante avec les elfes du Pradennad qui menacent d'entrer en guerre contre les hommes et les accusent de polluer leur fleuve sacré. Et puis il y a ces attaques terroristes menées un peu partout sur le territoire, pour le moment non revendiquées, devant lesquelles le pouvoir en place se trouve complètement impuissant. C'est dans ce contexte pour le moins tendu que l'on retrouve plusieurs des protagonistes du précédent roman. Torgend, d'abord, qui se voit forcé de mettre fin à son exil chez les orcs lorsqu'il découvre d'étranges manigances qui pourraient indiquer une possible nouvelle invasion du royaume. On retrouve aussi Evyna, devenue suzeraine d'Enguerrand à la place de son père dont elle tente d'administrer les terres tout en restant fidèle à ses idéaux. On retrouve enfin deux des nains de la Confrérie, Kalin et Nockis, forcés à une alliance contre-nature avec le chef de la garde civile afin de tenter de désamorcer le conflit avec les elfes et mener l'enquête à Lorkhil.

Le premier diptyque d'Olangar avait créé la surprise et séduit bon nombre de lecteurs non seulement grâce à ses problématiques très actuelles et son ton résolument engagé, mais aussi par son sens du rythme et de l'aventure. On retrouve les mêmes éléments dans « Une cité en flammes », avec toutefois un niveau de maîtrise bien supérieur de la part de l'auteur, si bien que, alors que les deux premiers tomes souffraient de petites baisses de régimes, ce troisième opus se dévore de bout en bout, sans que l'intérêt du lecteur ne décline à aucun moment. Clément Bouhélier étoffe ici son univers qui dévoile peu à peu toute sa complexité. L'action prend place dans un royaume devenu monarchie constitutionnelle depuis seulement un siècle suite à une révolution et dont la capitale, Olangar, et les territoires qui l'entourent ont été placé sous l'autorité d'un Chancelier élu et d'un Parlement. Les tensions restent toutefois vives, notamment entre le Nord et le Sud où prédomine la vieille aristocratie régionaliste qui ne goûte gère la centralisation et la démocratisation initiée par la révolution. Au sein même de la capitale, la Confrérie des nains donne également pas mal de fil à retordre au pouvoir en place, puisqu'elle entend défendre les intérêts des classes populaires et mettre fin au monopole et aux abus exercés par les grandes compagnies. le traitement des affaires politiques n'est donc pas abordé ici (comme c'est souvent le cas en fantasy, et ailleurs) par le seul prisme des affrontements entre les « grands » de ce monde, l'auteur n'hésitant pas à mettre en scène une classe ouvrière revendicatrice et combattante. Cette mise en lumière des combats exercés par les « petits » et de leurs conditions de vie permet à Clément Bouhélier d'aborder des sujets qui font échos à l'actualité comme la « flexibilisation » du droit du travail au nom de l'emploi, ou encore l'opacité volontaire dont certains grands actionnaires entourent leurs affaires. Comme dans les tomes précédents, l'auteur mentionne également (plus superficiellement) des problématiques d'ordre écologique puisqu'il est question ici, entre autre, de pollution industrielle. La question du racisme est elle aussi omniprésente, que ce soit à l'encontre les elfes ou des nains, puisqu'il y est question de groupuscules d'extrême-droite violents et de discriminations.

Le roman ne parle toutefois pas que de politique et s'attache aussi à développer un univers de fantasy complet, avec ses propres particularités. Y cohabitent les races « classiques », même s'il n'existe pas ici de différences notables entre elles, autre que le physique (les elfes vieillissent et meurent comme tout le monde, les nains n'ont pas d'appétence particulière pour les milieux souterrains…). le choix de placer ces créatures traditionnellement associées à la nature (montagne ou forêt) dans un décor d'inspiration industrielle permet cependant de s'écarter des stéréotypes tout en variant les décors (train, usines, parlement…). Plusieurs aspects de cet univers sont pour leur moment seulement évoqués (passé révolutionnaire, royaumes voisins, mode de vie et culture des Orcs…) mais témoignent d'une richesse bien plus grande que j'ai hâte de voir l'auteur exploiter dans le/les tome(s) à venir. Les références à la vie quotidienne des habitants du royaume permettent quant à elles de renforcer l'immersion du lecteur, que ce soit grâce à des touches d'argot, aux spécificités propres aux célébrations des mariages dans le sud, à la pratique religieuse ou encore au sport, puisque l'auteur s'attarde ici sur une discipline originale et qui devait en amuser plus d'un : le borillo. L'intrigue, quant à elle, est palpitante de bout en bout : on suit l'enquête avec plaisir, on tente nous aussi de rassembler les indices, et on est frustré de constater que l'adversaire a toujours un coup d'avance. Les rebondissements sont nombreux, les scènes marquantes aussi, avec plusieurs montées en tension particulièrement réussies. Idem pour les scènes d'affrontements, bien écrites et immersives, l'auteur ne cherchant pas à faire dans le spectaculaire mais à donner le point de vue de différents types de combattants dans le feu de l'action. Un mot, enfin, sur les personnages qui figurent également parmi les points forts du roman. Ce n'était pourtant pas gagné, puisque Evyna, placée ici au coeur du récit, était loin d'être mon personnage favori dans « Bans et barricades ». Clément Bouhélier lui donne heureusement dans ce nouveau volume davantage d'épaisseur, si bien qu'on se prend à prendre en sympathie cette noble pétrie d'idéaux mais confrontée à des choix difficiles (même si la demoiselle redevient agaçante à l'occasion d'une ou deux scènes). Torgend est quant à lui toujours aussi attachant, en dépit de son manque d'expressivité, idem pour les deux nains qu'on est peiné de voir se déchirer de la sorte. Les nouvelles têtes venues rejoindre le casting d'origine sont elles aussi particulièrement réussies, à commencer par les membres de la Cohorte noire, qu'il s'agisse de son gueulard de capitaine ou de son effronté de sergent.

Pari réussi pour Clément Bouhélier qui nous offre avec « Une cité en flammes » une suite remarquable qui tient toutes ses promesses et dépasse même largement en maîtrise le premier diptyque. Sens du rythme, intrigue bien construite, personnages nuancés et attachants, univers immersif : tous les ingrédients sont là pour faire un bon roman de fantasy qui ravira aussi bien les néophytes que les habitués du genre. A ne pas manquer !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ce livre, c'est une bombe ... un peu du genre de celles que des incendiaires balancent justement aux quatre coins du royaume pour ouvrir le roman.

Cinq années après son élection, le Chancelier Ransard d'Alverny a multiplié les plans destinés à relancer l'économie du royaume. Des zones économiques franches et des grands projets publics fleurissent de-ci de-là mais pourtant rien n'y fait : la relance tant espérée tarde à venir. Alors quand un groupuscule d'incendiaires aux revendications floues se met à semer la terreur parmi la foule et les honnêtes travailleurs, la tension monte et la grogne populaire avec. La Confrérie naine oeuvre avec les puissants d'Olangar pour tenter de démêler la situation ... et enquête au passage sur une affaire que le gouvernement d'Alverny souhaite taire à tout prix : celle d'une guerre imminente avec les elfes du Pradennad, furieux de voir leur fleuve pollué par les industries du fer en amont. Les deux camps sont à couteaux tirés et c'est aux nains Kalin et Nockis qu'il advient de mettre en lumière le dramatique complot visant à monter les uns contre les autres, avec l'appui inattendu de la milice citadine, d'une certaine Evyna d'Enguerrand des provinces du sud et d'un elfe renégat de retour sur le continent. Une vraie poudrière prête à vous exploser à la tronche !

Vous l'aurez compris, il s'en passe des choses, il s'en passe beaucoup, et ça sent encore une fois le roussi pour Olangar. A cinq années des évènements De Bans et Barricades qui avaient vu la Confrérie naine obtenir gain de cause et les géants de la pègre se faire botter le cul, le royaume galère toujours. Les points qui posent problème au Chancelier d'Alverny et autres grands pontes du Parlement rappellent les gros titres habituels qu'on lit dans la presse : il y a la question environnementale, celle de la pénurie d'emplois et des inégalités sociales, la lutte sans merci que se livrent les partis régionalistes, unionistes et autonomistes, les différents diplomatiques, la crise économique et enfin la course au profit quel qu'en soit le prix - pour autant que ce prix, bah ce soient les autres qui le paient, naturellement. Je ré-insiste là dessus parce que ça m'avait déjà fait grande impression la première fois avec Bans et barricades, mais rencontrer tous ça dans un roman de Fantasy où se mêlent hommes, elfes, nains et orcs, c'est franchement super fort et c'est d'ailleurs pour cette raison que cette saga restera l'une de mes meilleures découvertes francophones. J'avais parlé de social-fantasy quand j'avais chroniqué l'opus précédent et j'ai bien envie de recycler mes propos pour Une cité en flammes (à une nuance près puisque ici on joue dans la cour des grands et pas des petits salariés) : la social politique-fantasy francophone est de retour !

L'ami d'Alverny pensait pas à mal quand il a eu cette grande idée supposée relancer l'économie, mais en autorisant l'implantation de zones économiques franches (comprenez par là des zones de non-droit échappant à toute autorité, oui oui), il a donné l'opportunité aux plus grands magouilleurs du royaume de bidouiller en toute impunité, avec pour conséquences un bordel sans nom du côté des elfes. Heureusement les nains de la Confrérie, pour la plupart toujours galvanisés par leur victoire il y a cinq ans, sont prêts fureter et à mettre la main à la pâte (faut dire que la guerre, ça arrange jamais personne). En les suivant dans leur enquête incognito, on se rend compte que la Confrérie naine autrefois unie est très largement divisée. Une cité en flammes permet de faire le point sur les acquis sociaux De Bans et barricades avec le recul de cinq années d'une politique nouvelle pas au goût de tous, et de deux nains aux opinions divergentes pour se donner la réplique. Ça s'invective, ça se fait des reproches et surtout ça montre bien que Bans et barricades était déjà vachement abouti : les romans où tout est bien qui finit bien, ça n'existe pas - et Une cité en flammes poursuit dans cette lignée-là. Un très, très bon point.

De la plus suspecte des zones économiques franches aux arènes de combats clandestins d'Olangar, c'est la course aux réponses pour Evyna, Kalin, Nockis et Torgend !

Mais outre les enjeux sociétaux, ce roman c'est aussi une histoire de camaraderie perdue et de persos qui en ont gros sur la patate. Un peu comme le duo de nains Kalin-Nockis, tous les protagonistes qu'on connaissait déjà ont fait du chemin... et pas forcément pour le meilleur, ce qui me plaît vachement. Je ne vous cache pas que ce sont les deux nabots qui m'ont le plus tapé dans l'oeil, mais le récit fait aussi la part belle à Evyna. En début de roman l'héritière de la province d'Enguerrand doit quotidiennement composer avec des nobles mécontents de voir une jeune femme tirer les rennes. Et comme elle sait qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, c'est elle-même qui part enquêter à la capitale sur le groupuscule incendiaire qui vient de semer la mort sur ses terres - un personnage téméraire comme je les aime ! Torgend en a lui après des orcs fraîchement débarqués de leurs lointaines terres et se fait très discret tout du long... mais qu'à cela ne tienne, son heure il l'a déjà eue dans Bans et barricades alors moi ça m'a convenu. Toujours est-il que chacun finit par apporter sa pièce au grand puzzle d'ensemble et ça a de la gueule - on ne voit rien venir et ça tient sans longueurs les six-cents-septante pages du roman ! Bref c'est franchement bien amené et j'ai apprécié que l'auteur nous ramène quelques personnages qui nous étaient un peu passés par dessus la jambe précédemment ; c'est cool et ça laisse espérer que la suite nous ramènera quelques abonnés absents que j'ai super hâte de revoir.

La suite, oui, parce qu'il y en aura manifestement une - et là j'attaque avec quelques bémols purement éditoriaux (aïe aïe). Je suis pas une lectrice super organisée, j'avoue, mais j'aime bien savoir un minimum dans quoi je me lance quand j'attaque un bouquin. Ce qui me désole un poil ici, c'est que clairement on est sur un diptyque (voire une trilogie, ce sera selon les plans de Clément Bouhélier), et que rien en couverture ne l'indique. Moi ça m'aurait plu de le savoir parce que si ç'avait été le cas, j'aurais certainement différé ma lecture de quelques mois histoire de pas avoir à poireauter trop longtemps d'ici à ce que sorte la suite - et puis bon, juste pour le principe ça m'agace. Sachez donc qu'on est sur la même mouture que Bans et Barricades : deux tomes minimum. Ensuite, il y la carte qui sert à rien. Dans Une cité en flammes l'intrigue est décentralisée : on cause de terres orcs outre-mer et d'îles lointaines à coloniser, on fait entrer les dûchés voisins dans l'équation complexe de la politique olangardaise ... et tout ce beau monde, on a un mal fou à le situer. D'un parce que ça apparaît nulle part sur la carte ; et de deux parce que les indications textuelles sont hyper confuses - surtout au début du roman quand t'essaies déjà de te dépatouiller pour dresser un tableau mental de la situation politique du royaume. En bref, ça m'a agacée. C'est qu'avec un roman aussi bon on s'attend forcément à ce que les à-côtés le soient aussi ... avec chez moi une tendance à tacler d'autant plus fort que le roman me plaît. Soyons donc positif : si tout le reste n'avait pas été aussi réussi, je râlerais pas autant (ceci est donc un compliment ~ vous avez vu comme je me rattrape bien ?).

Vous qui n'avez pas lu Bans et barricades et à qui cette chronique met l'eau à le bouche (j'aime me jeter des fleurs et croire que je vous influence, laissez-moi rêver !), ne paniquez pas : on peut s'enfiler Une cité en flammes indépendamment du reste - parole ! Faudra juste accepter quelques petits raccourcis et faire l'impasse sur deux-trois moments émotion, mais c'est très largement faisable si tel est votre souhait. Toutefois l'opus précédent est tellement bon que je vous recommande de commencer par le commencement : cet auteur est une vraie mine d'or, alors ne vous privez surtout pas d'aller y piocher un coup !
Lien : https://la-choupaille-lit.bl..
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Nous voici de retour à Olangar, cinq ans après les événements relatés dans Bans et barricades. À l'époque, la ville était en proie à un incendie social ; aujourd'hui elle est “une cité en flammes”. Dans un cas comme dans l'autre, il ne faut pas grand-chose pour bouter le feu aux poudres, ce qui me fait dire que la municipalité olangarienne devrait avoir pour priorité numéro un de se doter d'un corps de pompiers d'élite.
Cinq ans d'écart, le laps de temps permet à l'eau de couler sous les ponts à défaut d'éteindre les incendies. Ce lustre est une idée lumineuse pour dissocier les barricades d'alors des flammes de maintenant et raconter deux histoires indépendantes. Plus ou moins. J'entends par là qu'on peut lire et comprendre Une cité en flammes sans avoir lu Bans et barricades, qui développent chacun son intrigue propre. Mais ! Il serait dommage de passer à côté de l'excellent diptyque qui ouvre la saga Olangar et permet de mieux saisir ce deuxième épisode, rapport aux bases déjà posées de l'univers et de certains personnages qu'on retrouve.


Une cité en flammes vérifie-t-il le principe des suites qui seraient toujours moins bonnes que l'oeuvre fondatrice ? Pour ceux que ce vain débat intéresse, il est résumé dans le film Scream 2. Dans le cas qui nous occupe, on s'en fout.
Si vous avez lu et aimé Bans et barricades, vous aimerez Une cité en flammes, les deux titres proposent la même qualité d'écriture de haut niveau. Et si vous n'avez pas lu Bans et barricades, pareil, qualité identique sauf que vous n'avez pas de point de comparaison. Fuyez, pauvres fous, en direction de la librairie la plus proche pour réparer cette lacune !
Pour ma part, je garde une préférence toute subjective pour le premier tome De Bans et barricades, liée à la découverte de l'univers, découverte qui s'estompe par définition au fur et à mesure que l'environnement devient de plus en plus familier. Mais bon, ce classement personnel ne se dessine qu'une fois la lecture terminée. de la première à la dernière page d'Une cité en flammes, le plaisir de lire a été au rendez-vous et ce fut une vraie joie de remettre les pieds dans le monde de Bouhélier.


Qui dit suite dit grande question de la continuité et du renouvellement, conserver l'esprit tout en racontant autre chose. Soit le problème de la plupart des sagas actuelles qui mettent trop souvent les mêmes personnages face aux mêmes problématiques en ne changeant d'un volume l'autre que l'apparat des péripéties.
Ici, continuité assurée à travers l'univers bâti par Bouhélier, soit une fantasy qui s'offre un grand écart entre le Moyen-Âge, ses arcs, ses épées, et la Révolution industrielle, toute de vapeur et de poudre à canon. L'auteur continue à se réapproprier avec brio les archétypes de fantasy. Après les nains industrieux De Bans et barricades, c'est au tour des elfes, que l'on sait proches de la nature. La vision proposée ici est éloignée – et c'est tant mieux – des blondinets babas cools en collants verts, plantés dans les forêts à écouter les arbres pousser. C'est la plus grande force d'Olangar : apporter quelque chose à l'édifice de la fantasy au lieu de se contenter de refaire du Tolkien et du AD&D. En plus, ce quelque chose se tient et fait sens. Soit, à travers les elfes, nains et orcs, une démarche similaire à celle d'Anne Rice avec la figure du vampire : réinventer le mythe tout en se montrant respectueux de son essence.
Niveau thématique, on se situe à la charnière continuité/renouvellement. On retrouve le même esprit procédant d'une volonté de raconter davantage qu'une gentille histoire avec des elfes et des nains. Plutôt que de n'écrire sur rien, Bouhélier transpose dans son monde les problématiques du nôtre. La question environnementale des elfes prend le relais des revendications ouvrières des nains. À la quête de pouvoir et de profits des puissants succède… ah ben non, ça, c'est toujours là, le même leitmotiv que dans la vraie vie, parce que la marche du monde, quel que soit le monde, dépend toujours des appétits de quelques-uns qui entraînent tous les autres dans la course à l'abîme. Bref. Autour de l'environnement, du rapport à l'autre, du pouvoir politique ou encore du terrorisme, Une cité en flammes évoque des sujets très en phase avec les préoccupations de notre temps (même si d'une certaine façon, elles le sont depuis l'aube de la civilisation). Autant de thèmes présentés avec assez d'intelligence pour dépasser la stricte actualité sans se périmer avec elle.


Entre évasion, grand spectacle et réflexion, Olangar, Une cité en flammes, c'est de l'excellente littérature de genres, qui mérite pour le coup un pluriel avec sa fantasy mâtinée de steampunk, de polar à enquête, de thriller politique, de cape et épée. “Il faut de tout pour faire un monde” chantaient Arnold et Willy au début des années 80, Bouhélier l'a bien compris et a su faire de son univers une réussite sur tous les tableaux.
Entre terrorisme, destruction de l'environnement, argent-roi, corruption et luttes de pouvoir, on est bien content qu'Olangar relève de la fiction. Imaginez un peu que tout ça arrive pour de vrai dans le monde réel…
Lien : https://unkapart.fr/olangar-..
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
26 août 2020
Clément Bouhélier monte en puissance dans un roman plus intimiste et toujours aussi passionnant.
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-Cherchez-vous notre hôpital ?
Un à un les ouvriers hochèrent la tête. La révolte des nains avait amélioré le sort d’une partie du peuple. Les écoles ouvraient et les hôpitaux disposaient de meilleurs moyens pour soigner les malades et les infirmes. Mais les bases sociales demeuraient inchangées. Dans les usines, au fond des mines, sur les navires de commerce et dans les champs désormais arrosés de substances « bienfaitrices » pour les légumes, on mourrait encore. Ces hommes, comme tant d’autres, venaient ici pour éviter d’être vus dans les hôpitaux d’Olangar. Contre quelques couronnes d’argent, des mouchards donnaient aux grandes compagnies les noms des ouvriers qui se portaient mal et qu’il valait mieux ne pas embaucher.
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Le royaume ne savait pas gérer ses pauvres. Ou plutôt les ministres de D’Alverny et tous les autres avant eux ne savaient qu’attendre ce miracle économique qui devait les sauver. Un mirage. Pour survivre, il fallait faire grossir la caste des bourgeois. L’engraisser. Lui donner suffisamment pour qu’elle craigne de perdre. Et parfois, il fallait saisir l’un de ses membres pour le placer à un poste symbolique. Mais surtout, il fallait contenir la misère. Ne pas la laisser s’afficher au grand jour. Faire en sorte qu’on la méprise et non qu’on la prenne en pitié. Faire en sorte que la piétaille ouvrière tourne sa vindicte vers les petits exploitants et les autres travailleurs plutôt que vers les grands possédants.
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Ransard d’Alverny justifiait sa politique de construction massive par la nécessité de la reprise économique. Un damné mirage puisque seules les dépenses du royaumes permettaient de préserver les emplois créés. Aucune grande compagnie n’emboîtait le pas à la puissance publique.
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Par tous les démons, la politique qui se joue dans les quartiers coupe-gorge d’Olangar… Voilà que ça recommence.
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On ne se sentait jamais autant à Olangar que lorsqu’on se trouvait dans ses boyaux.
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Lecture du début du Tome 1 d'Olangar de Clément Bouhélier
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