Je ne voulais faire de mal à personne...
Ca commence toujours comme ça.
Jusqu'au jour où on tue quelqu'un.
Et puis on ne se regarde plus jamais pareil.
La vie dort à tombeau ouvert.
Je préfère demander pardon que la permission
Cette enquête mettait une nouvelle fois en exergue le fonctionnement de la politique sécuritaire de la France, pointant ses limites.
Les deux femmes ne semblaient pas l'avoir remarqué. Alors qu'il s'apprêtait à les interpeller pour annoncer sa présence, le commissaire se figea : elles se tenaient par la main venaient de s'arrêter et si elles ne parlaient plus, c'est qu'elles étaient en train de s'embrasser.
Un parfum coûteux envahit l'atmosphère, qui devint sirupeuse: l'argent mimait l'élégance pour qui ne la possédait pas naturellement.
Savez-vous que pour le même larcin, alors qu'un voleur adulte est condamné à quelques semaines d'emprisonnement, le jeune voleur, sous prétexte d'éducation, s'en va pour trois, quatre voire dix ans en internat ? (p.132)
Revenu en 1916 de la Somme amputé de la jambe droite, Victor Kolvair ne se faisait plus guère d'illusions sur son potentiel de séduction. Avant cette blessure, le commissaire, grand et élégant, malgré une carrure imposante, était d'un naturel avenant avec les femmes. Aujourd'hui, une démarche claudicante et la canne qui la ponctuait, avaient amplifié la maladresse et développé une timidité pour lui nouvelle. Il avait bien croisé une infirmière excitée à l'idée de faire l'amour avec un unijambiste, mais le fétichisme le mettait profondément mal à l'aise. Tout juste convenait-il qu'empêchée par ce complexe sa vie sexuelle avait sombré dans le néant, entraînanr sa vie affective dans une inexorable chute. Jusqu'au choc de sa rencontre avec Bianca, à laquelle il ne s'était pas attendu. (page 18).
En ce cinquième jour du mois de septembre 1920, le professeur Hugo Salacan terminait son allocution. Pas très grand, les cheveux aussi foncés et fournis que sa moustache, en bon Lyonnais il arborait une cravate en soie. Celle d'aujourd'hui était pourpre, barrée de trois rayures d'un ton plus sombre. Depuis peu à la tête du premier laboratoire de police scientifique de France, fondé par l'éminent Edmond Locard en 1910 et encore unique au monde, Hugo Salacan mettait sa passion de la criminologie, ses connaissances en physiologie et ses recherches scientifiques au service de la traque des criminels. Une révolution dans le monde de la police : la technique des aveus, utilisée jusque-là, avait donné lieu à trop de controverses dans des affaires récentes. Salacan expérimentait des méthodes innovantes : études des empreintes et des écritures codées, analyses biologiques, bactériologiques ou chimiques, invention de prototypes. (début du roman, page 13).