Joséphine Baker racontée par
Jean-Claude Bouillon-Baker, un de ses douze enfants adoptés ; voilà ce que nous propose les éditions Hors Collection.
Celle qui chanta le célèbre « J'ai deux amours » et qui se produisit dans les plus grands cabarets, celle qui livra un combat contre la ségrégation et qui ne cessera de prouver que toutes les cultures et religions peuvent s'entendre ; cette femme s'appelle Joséphine Baker. Artiste connue et reconnue de son temps, cette petite américaine fit de la France sa patrie d'adoption.
Ce qui m'a plu au premier abord avec ce livre, c'est incontestablement le fait qu'il soit écrit par un proche de Joséphine Baker, puisqu'il s'agit d'un de ses enfants. Et j'ai retrouvé dans le récit ce que j'attendais de cette particularité, à savoir une profonde tendresse et une admiration qui donnent un charme que les biographies didactiques n'ont pas.
Le lecteur découvre l'artiste par son « rêve brisé », à savoir la cession de son château des Milandes, dans le Périgord, pour couvrir les dettes accumulées tout au long de sa vie. Or, ce domaine est devenu le symbole de sa « tribu arc-en-ciel » : une ribambelle d'enfants ; douze au total ; adoptés dans des pays différents, élevés ensemble dans le respect de leur religion d'origine, afin de montrer que l'amour va au-delà de tous ces principes de culture et de couleur de peau.
Après avoir conter cet évènement, l'auteur s'engage donc à nous faire le récit de la vie de sa mère par le début : son enfance dans les quartiers pauvres de Saint Louis, sa condition de noire dans un pays gangréné par la ségrégation, puis le début de sa carrière de danseuse dans une troupe itinérante et dans une comédie musicale, pour finir par être repérée par une américaine résidant à Paris, qu'elle va suivre. Dès lors, sa carrière va prendre un tournant : vedette de la Revue Nègre, sa carrière de star est lancée.
Mais Joséphine Baker n'est pas qu'une danseuse et une chanteuse. Fière de son adoption par la France, elle luttera pour elle lors de la Seconde Guerre Mondiale, comme agent du contre-espionnage. de plus, elle est porteuse d'un idéal d'entente entre cultures et religions. Blessée par les souvenirs racistes de son enfance, elle va notamment soutenir
Martin Luther King dans son combat et soutiendra les pauvres lors de nombreuses soupes populaires.
J'ai été charmée par cette approche, mais en même temps,
Jean-Claude Bouillon-Baker n'est pas dupe. Aussi aimée qu'elle pensait être, sa mère attirait aussi pour son argent. Beaucoup de bourgeoises se moquaient par-derrière. Sa condition de noire dans la France profonde ne cessera de faire jaser.
Par ses souvenirs d'enfants, l'auteur nous évoque Joséphine-maman, une femme dévouée corps et âme à des bambins qu'elle chérit plus que tout. Une « tribu arc-en-ciel » où les allusions péjoratives à la couleur de peau ou l'origine culturelle sont très sévèrement punies ; Jean-Claude s'en souvient encore ! Quoiqu'il en soit, on devine l'amour au sein de cette fratrie, un rêve abouti, puisqu'aujourd'hui, presque quarante ans après la mort de leur mère, les onze frères et soeurs encore en vie se côtoient tous.
Quelques mots sur le style de l'auteur qui est très agréable à la lecture. Fluide et sentimental, avec une pointe de nostalgie. Pour les amoureux de ses figures féminines qui s'illustrèrent dans la première partie du XXe siècle, par leur beauté et leur engagement, je vous conseille cet ouvrage biographique sur une fillette de Saint-Louis devenue une star mondiale.