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Critique de Tiphrom


Que fait-on lorsque, à l'occasion d'une énième restructuration de l'entreprise multinationale dans laquelle on occupe une fonction « de soutien » dans un petit local perdu au fond d'une impasse, il se trouve qu'on a été... oublié ? Voilà ce qui arrive à Janvier, seul dans un bureau isolé en compagnie d'une plante qu'il soigne, d'un téléphone muet, d'une photocopieuse en veille. Pourtant il vient chaque matin, culpabilisant de recevoir chaque mois un salaire pour prix du néant, compensé par son assiduité sans but.

La situation est absurde mais le roman ne l'est pas. Janvier est un petit homme triste, paroxysme de relativité. Il est mesure, rationalité, contentement, les choses lui conviennent, le temps est plutôt doux ce matin. Toute son existence est à l'avenant. Mais de malheur aucun ! Il mène une vie d'une neutralité satisfaisante que sa place d'atome (désormais invisible) dans la puissante machinerie sociale confortait et sécurisait.

La situation nouvelle de Janvier lui est vertige : être l'oublié lui offre une immense liberté, terrifiante, qu'il va saisir avec précaution et parcimonie, domptant page à page les limites de son propre bocal.

La sobriété de l'écriture permet au récit de se dérouler avec retenue, une certaine langueur, en évitant toute condescendance et invitant imperceptiblement à apprécier Janvier, moins avec envie de le plaindre que de le pousser un peu plus au Monde. Son regard devient attachant.

Reste, en refermant ce court récit, la puissance d'un contraste qui fait celle du roman : la sincère simplicité d'un homme qui n'éprouve en tout instant qu'une humanité virginale, face à la déshumanisation caricaturale de l'entreprise qui l'a... bêtement oublié.
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