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EAN : 9782848140346
335 pages
Pascal Petiot (Editions) (02/10/2006)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Christian Ranucci a-t-il enlevé puis assassiné la petite Marie-Dolores Rambla le 4 juin 1974 à Marseille ?
À cette question, la justice a répondu oui et prononcé un verdict de mort. Christian Ranucci a été exécuté le 28 juillet 1976, il avait 21 ans.

Loin de refermer le dossier, cette exécution allait être à l'origine d'une polémique judiciaire sans précédent. Un livre de Gilles Perrault, le Pull over Rouge, puis un film du même nom signé Mic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Mes réflexions sur ce livre et toute l'affaire Ranucci…..

En 1974, j'avais 20 ans, et comme beaucoup de personnes, j'avais été très marquée par l'enlèvement et le meurtre de la petite Marie Dolorès Rambla.
Nul ne peut ignorer aujourd'hui que ce meurtre odieux allait très vite devenir l'affaire Ranucci, du nom de l'assassin de cette malheureuse enfant. Christian Ranucci, rapidement confondu et arrêté fut jugé devant les assisses d'Aix en Provence et condamné à la peine capitale le 10 mars 1976. Son exécution a eu lieu à la prison des Baumettes à Marseille le 28 juillet 1976 à 4h13 du matin.
En 1978, paraissait le livre de Gilles Perrault « le pull-over rouge » qui se voulait être un plaidoyer pour l'innocence de Christian Ranucci. le doute c'est alors installé dans bon nombre d'esprit. La polémique était en marche.
38 années ont passés et j'avais toujours envie de lire ce livre. Pour moi qui suis une passionnée d'affaire criminelle, cette lecture semblait impérative. Après des ouvrages d'investigations remarquables sur le double crime de Montigny les Metz, l'affaire Grégory ou encore le crime de Thorigné sur Dué, je voulais en savoir plus sur l'affaire Ranucci. J'ai donc décidée de lire le livre de Gilles Perrault « le Pull-over Rouge ».
Je ne vais pas revenir en détail sur ce livre, je l'ai déjà fait longuement dans un autre écrit que je lui ai consacré.
Comme j'avais beaucoup entendu parler de cet ouvrage, par média interposés, je pensais sincèrement que lorsque j'en aurai terminé la lecture, je serai intimement convaincu de l'innocence de Christian Ranucci. Hors, c'est tout le contraire qui s'est produit. Lorsque j'ai refermé ce livre, j'étais persuadée que la justice française ne c'était pas du tout trompée en prononçant son verdict et que Christian Ranuci était bien le coupable du meurtre de Marie Dolorès.
Dès lors, me sentant un peu seule dans mes convictions, j'ai décidé de consulter sur internet les pages consacrées à l'affaire Ranucci, et, outre le site dédié à ceux qui soutiennent sa défense et demandaient un procès en révision, j'ai trouvé cet autre livre « Autopsie d'une imposture » écrit par un ex policier, Gérard Bouladou. J'ai donc décidé d'acquérir ce livre qui est arrivé chez moi avec un petit mot de l'auteur, ce dont je le remercie.
Tout au long de cet ouvrage, Gérard Bouladou s'emploie à détricoter tous les arguments mis en avant par Gilles Perrault et qui ont conduit bon nombre de personnes à croire en l'innocence de Ranucci. Ce livre très bien documenté reprend les uns après les autres, les affirmations, les invraisemblances et aussi les mensonges contenus dans le « Pull-over Rouge ». Etayé par les véritables PV d'audition de l'accusé et des principaux témoins mais aussi par exemple par le PV de la découverte du couteau dont la copie figure à la fin du livre, l'auteur nous propose une très sérieuse contre-enquête. Gérard Bouladou a d'ailleurs rencontré et interrogé plusieurs protagonistes de l'affaire et il nous livre le compte rendu de ses conversations, ce qui nous apporte un éclairage nouveau et o combien authentique sur ce qui s'est réellement passé ce jour de 1974 et les semaines qui suivirent. Chapitres après chapitres, au fil des pages, on découvre que les arguments de Gilles Perrault ne tiennent pas, car ils s'appuient sur de soi-disant manquement dans l'enquête, sur des témoignages qui auraient été selon lui aiguillés volontairement par des policiers soucieux d'en finir avec Ranucci.
En voici quelques exemples :
le cadavre de la petite fille qui aurait été retrouvé après qu'un chien ait reniflé le fameux pull-over rouge découvert dans la champignonnière; Faux, selon Gérard Bouladou, c'est un gendarme qui a retrouvé la fillette.
La découverte du couteau qui aurait été mis en scène par les gendarmes ; Faux car c'est sur les indications de l'accusé lui-même qu'il a été retrouvé et le PV de découverte de celui-ci porte bien la date du 6 juin 1974 et non pas celle du 5 comme l'affirme Gilles Perrault.
le petit Jean Rambla, le frère de la petite victime, avait 5ans1/2 le jour de l'enlèvement, il aurait affirmé que l'homme qui les avaient abordé conduisait une Simca 1100 grise ; Faux, aucun PV d'audition ne rapportent ces affirmations et monsieur Rambla dira que son fils ne connaissait pas les marque de voitures, et qu'il n'en possédait pas lui-même.
Les exemples sont nombreux, de la manipulation induite par le livre de Gilles Perrault, mais je ne vais pas tous les citer. J'ai envie de dire, que je suis beaucoup plus encline à croire Gérard Bouladou que Gilles Perrault. Tout d'abord parce que comme je l'ai déjà dit, après avoir lu le livre de ce dernier, j'ai basculé du côté de la culpabilité. Ensuite, je pense qu'en tant qu'ex policier, Gérard Bouladou connait parfaitement les arcanes des procédures policières et judiciaires et qu'à ce titre il peut se permettre de corriger les fausses affirmations contenues dans le « pull-over rouge, notamment en ce qui concerne les dates apposées sur les scellées, je pense en particulier à la date contestée de la découverte de l'arme du crime. Enfin, je ne vois pas ce qui pourrait pousser Monsieur Bouladou à vouloir démontrer la culpabilité de Christian Ranucci. Sauf à penser qu'il voudrait se poser en défenseur de ses ex confrères policiers, il n'avait selon moi aucune raison d'écrire ce livre, si ce n'est de vouloir mettre à jour la vérité et conjurer l'imposture.
L'enquête qu'il a menée est extrêmement complète et très documentée. Il s'appuie comme je l'ai dit sur des PV d'audition, notamment les aveux de Ranucci, mais aussi sur les témoignages qu'il a recueilli auprès de personnes qui ont approchées l'affaire à l'époque. Et là on tombe de très haut, en effet, car M. Bouladou nous aide à comprendre pourquoi, le jour du procès, Mme Mathéï, témoin clé, cité par les avocats de la défense de Christian Ranucci s'emmêle dans ses déclarations et devient la risée de la salle d'audience. En effet ce témoin de la dernière heure, rencontré soi-disant à la prison des Baumettes par Mme Mathon et dont le témoignage était censé faire basculer tout le procès et accréditer la thèse de l'innocence, se prend en quelque sorte les pieds dans le tapis, et pour cause. Cette femme devait raconter qu'un homme au pull-over rouge, conduisant une Simca 1100 4 portes, grise, avait importuné et même tenté d'enlever des enfants dans la cité voisine, et ce, juste avant l'enlèvement de Marie Dolorés Rambla. Seulement ce témoignage intervient bien après que tous les journaux et médias eurent parlés de la thèse de l'homme au pull-over rouge en SIMCA 1100. Dès lors, n'importe qui aurait pu inventer une série de tentative d'enlèvement par cet individu, et surtout demander à cette femme de venir témoigner. Et cette personne ne serait autre que Mme Mathon elle-même, la mère de l'accusé. Gérard Bouladou a retrouvé les personnes dont Mme Matheï était censé rapporter les témoignages d'enlèvement. Aucune n'a confirmé ces faits, tout a été inventé par Mme Mathéï sur la demande de Mme Mathon qui l'aurait même payée pour cela. Et là, tout tombe à l'eau et surtout tout ce qui a fait du « pull-over rouge » l'essence même de la soi-disant innocence de Ranucci. Ceci explique sans doute que devant une cour d'assise et la verve de Me Collard, avocat de la famille Rambla, Mme Mathéï s'est mise à bafouiller…. Tout ce qu'elle devait affirmer était un tissu de mensonge.
Une chose est certaine et incontestable, un pull-over rouge vif, style marinière a bien été découvert dans la fameuse champignonnière, et Christian Ranucci a toujours maintenu qu'il ne lui appartenait pas, et là, je pense que l'on peut le croire. A partir de là, il était facile à Gilles Perrault d'inventer un scénario digne d'un polar, avec un chien pisteur qui mène les policiers sur les lieux du crime et donc si le pull-over n'était pas celui de Ranucci, Ranucci ne pouvait pas être le meurtrier. Ce livre aurait pu servir de base à un très bon film policier, mais malheureusement il a été pour la famille Rambla le début d'un terrible chemin de croix.
Suite à la lecture du pull-over rouge et étant d'une nature curieuse, j'ai aussi visionné le numéro de l'émission de France 2 « Faites entrer l'accusé »,diffusé sur France 2 le 17 juillet 2003 consacré à l'affaire Ranucci. Christophe Hondelatte avait entre autre, invité Gilles Perrault à s'exprimer sur ce crime. Je ne fus donc pas surprise de l'entendre dérouler à nouveau ses grosses ficelles, et bien entendu l'épisode du chien qui renifle le pull-over. Mais à la fin de l'émission, il peine à convaincre. A la question de Christophe Hondelatte qui lui demande pourquoi la voiture de Ranucci avait été vue à l'endroit du crime, il répond « c'est une coïncidence, dans toutes les affaires criminelles il y a des coïncidences. Et bien M. Perrault examinons un peu vos prétendues coïncidences :
- Coïncidence la Peugeot 304 de Ranucci dont le numéro a été relevé par le couple Aubert sur les lieux du crime.
- Coïncidence encore la découverte du couteau à deux pas de l'endroit ou 2 jours plus tôt Ranucci à embourbé son coupé 304 dans la champignonnière, avec 2 témoins à la clé.
- Coïncidence le pantalon taché sur l'extérieur, de sang du groupe A (le même que la petite victime) dans la voiture de Ranucci.
Coïncidence… coïncidence…coïncidence…
Je n'adhère absolument pas aux théories de Monsieur Perrault qui ne sont pour moi que pure affabulation. D'autre part, quel intérêt avait-il de vouloir à tout prix militer pour l'innocence de Ranucci, si ce n'est de faire vendre son livre, ce qui a semble-t-il bien fonctionné. Je peux comprendre qu'il ait été comme beaucoup de personnes un farouche opposant à la peine de mort. Lorsque tombe le couperet de la veuve noire, c'est un voyage sans retour. Les dernières paroles de Ranucci ont-elles été « réhabilitez- moi » comme semble le prétendre certains, ou est-ce une affabulation supplémentaire sortie d'on ne sait quel esprit ?
Madame Eloïse Mathon la mère de Christian Ranucci a tout tenté par l'intermédiaire de ses avocats pour déposer des requêtes en révision. Trois tentatives, trois échecs. Eloïse Mathon est décédée le 14 mars 2013, sans avoir pu voir son fils réhabilité. Aujourd'hui, seul le garde des sceaux a le pouvoir de demander une révision du procès, mais cela demeure hautement improbable.
En regardant l'émission « faites entrer l'accusé », j'ai été stupéfaite de constater que plusieurs fois, il y avait un arrêt sur l'image de la guillotine. Quel que soit la barbarie d'une exécution capitale, je pense qu'il ne faut pas chercher à attendrir l'opinion publique sur le crime de Ranucci par ce biais. Madame Mathon n'a jamais pu croire que son fils unique a pu devenir un ignoble assassin, et personne ne pourra la blâmer. Mais une famille a été foudroyée par ce crime, la famille Rambla.
Ce jour de Juin 1974, la vie des Rambla s'est brusquement arrêtée, et la sortie du livre de Gilles Perrault en 1978 et de la polémique sans fin qu'il a créé a continué de meurtrir cette famille et de l'anéantir encore d'avantage.
En 1979, nouveau coup d'épée pour les Rambla, la sortie du film de Michel Drach « le pull-over rouge ». le film est autorisé et ce malgré la demande de la famille de Marie Dolorès qui obtient seulement la coupe de quatre passages.
En 2005 rebelote, cette fois c'est un téléfilm avec Catherine Frot intitulé « la mère » qui est tourné. La mère en question, c'est celle de Ranucci. le père de la petite victime tente mais en vain de s'opposer à sa réalisation. « le simple fait d'intituler ce téléfilm « une mère » est un outrage à mon épouse qui est la mère de Marie Dolorès », déclare M. Rambla.
Mais ce n'est malheureusement pas terminé, car beaucoup d'émission de radio et de télévision ont été consacrées à ce sujet, et semble-t-il toujours dirigé dans le sens de l'innocence de Ranucci.
Les parents de Marie Dolorés déjà meurtris à tout jamais par le meurtre de leur fille ont dû toutes ses années durant, supporter tous ces mensonges. Pendant des années, livres, film, téléfilm, émissions de radio, de télévision ont fait passer Ranucci pour la victime de cette affaire. Qui a pensé à la souffrance de la famille Rambla ? Qui a pensé à cette pauvre gamine massacrée à coup de pierre et de couteau, n'est-ce pas elle la véritable victime ?
Alors oui, le livre de Gérard Bouladou remet les choses à leurs places et c'est tant mieux. Après des années de polémiques et de mensonges, habilement orchestrés par Gilles Perrault il était temps de replacer la vérité au premier plan.
Et la vérité, c'est que le 3 juin 1974, Christian Ranucci a enlevé et tué la petite Marie Dolorès Rambla âgée de 8 ans, et que sans l'accrochage qu'il a eu avec le véhicule de Monsieur Martinez et la poursuite par les Aubert, ce crime odieux serait sans doute demeuré impuni.
Si Christian Ranucci avait sauvé sa tête, s'il avait été condamné à une peine de prison, même très lourde, aucune polémique n'aurait surgit, et Gilles Perrault n'aurait jamais écrit « le pull-over rouge ».
Je ne peux m'empêcher de penser que Me Lombard et Me le Forsonney auraient dû suivre Me Fraticelli dans son idée de plaider coupable, avec pour circonstances atténuantes, une panique soudaine, un affolement, un instant d'égarement dramatique certes, mais non prémédité. Plaider l'innocence était une pure folie, Me Fraticelli a refusé de plaider cela et l'attitude détachée, arrogante, voire cynique de Ranucci tout au long de son procès, l'on fait monter chaque jour une marche de plus vers l'échafaud.
Valéry Giscard d'Estaing alors président de la République, pourtant réputé hostile à la peine de mort à refuser la demande de recours en grâce de Ranucci. L'opinion publique venait de découvrir en janvier de la même année avec horreur l'enlèvement suivit du meurtre du petit Philippe Bertrand par Patrick henry, et le lendemain de l'entrevue entre Me Lombard et M. Giscard d'Estaing, un autre enfant de 7 ans a été enlevé et tué au Pradet, le petit Vincent Gallardo. le président de la République a parfaitement étudié le dossier Ranucci avant de prendre sa décision, mais nul doute que ces meurtres d'enfants ont pesés lourdement dans la balance de son refus.
Ce livre, « Autopsie d'une imposture » de Gérard Bouladou ou, « Toute la vérité sur le pull-over rouge » m'a conforté dans ma certitude de la culpabilité de Christian Ranucci. Cet ouvrage est fort passionnant et très bien documenté. On peut y découvrir des documents qui figurent dans le dossier Ranucci, des entretiens avec des personnes ayant approchées cette affaire et des photographies qui permettent de mieux comprendre certaines contre-vérités.
Oui, comme Gérard Bouladou, je suis intimement convaincue que le livre de Gilles Perrault « le pull-over rouge est une imposture.


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Ce qui reste comme "L'Affaire Ranucci" aura donc fait un grand nombre de victimes : Marie-Dolores tout d'abord, morte à huit ans d'une quinzaine de coups de couteau ; ses parents ; son jeune frère qui mènera une vie chaotique et, plus tard, tuera à son tour (son employeur) ; Ranucci dont le profil psy aurait dû être beaucoup plus fouillé ; sa mère qui s'évertua à prouver son innocence (mais peut-on l'en blâmer en conscience ?) ; les gendarmes et policiers qui menèrent l'enquête et sur lesquels Perrault et ses séides ont tout fait pour jeter un discrédit qu'ils ne méritaient pas, le premier tout d'abord dans "Le Pull-Over rouge" puis, plus récemment dans "L'Ombre du Pull-Over rouge" (dans ce dernier procès, M. Perrault a d'ailleurs été condamné pour diffamation).

Seuls "gagnants" - on ose à peine l'écrire mais c'est indubitable - de l'affaire : les partisans de l'abolition de la peine de mort et Patrick Henry. Il est vrai que ce dernier eut l'intelligence de manifester quelque remords lors de son procès, chose que Ranucci, replié sur lui-même et dans l'univers qu'il s'était créé - à l'aube de son exécution, il écrivait à sa mère en lui détaillant les dommages et intérêts que lui verserait la présidence de la République et la vie merveilleuse qui serait la leur quand ils iraient vivre en Amérique latine - n'a pas faite.

Enfant élevé par une mère qui fuyait un mari extrêmement violent, le jeune Ranucci n'avait jamais mené et ne mena jamais une vie sociale dans les normes. Cela certes ne suffit pas à faire un assassin mais démontre toujours une fêlure dans la personnalité, fêlure qui, en fonction de critères qui nous demeurent malheureusement mystérieux, est susceptible de dégénérer ou au contraire, de se stabiliser, voire de se cicatriser. Il n'est tout de même pas normal qu'un jeune homme de vingt-deux ans, pas trop mal de sa personne et pas trop sot, n'envisage comme seul avenir, après avoir échappé à la guillotine, que de s'expatrier en Amérique du Sud pour y vivre avec sa mère !

Tout cet aspect de la personnalité de Ranucci n'a malheureusement pas été suffisamment étudié, ni par les psychiatres, ni par ceux-là mêmes qui prétendaient le défendre (des avocats qui, le 26 juin 1974, bien qu'ayant été convoqués à l'audition de leur client par L.R.A.R., ne se déplacèrent même pas !)

Et cela, quand on lit "Autopsie d'une Imposture", vous laisse vraiment un goût amer dans la bouche. Même si l'on est - comme moi - partisan du rétablissement de la peine de mort dans des cas bien précis tels que l'assassinat d'enfants.

Christian Ranucci, le drame qui fut le sien et dans lequel il a entraîné tant de personnes ont été instrumentalisés aux seules fins de discréditer l'institution judiciaire et le gouvernement (de droite, à l'époque) français et de préparer le terrain pour l'abolition définitive de la peine de mort. En ce sens, Ranucci aurait pu s'appeler Paul Durand que, pour entre autres Gilles Perrault, c'eût été du pareil au même : Ranucci n'a été qu'un moyen.

Le premier livre consacré par M. Perrault à l'affaire Ranucci s'intitule, nul ne le niera, "Le Pull-Over rouge", ce qui permet d'obtenir l'excellente couverture où l'on voit le pull-over en question passer sous la lame de la Veuve. M. Perrault présente ce vêtement comme la pièce décisive ayant prouvé l'implication de Ranucci dans l'assassinat (ce qui est faux) et il s'empresse d'ajouter (ce qui est vrai) que le pull-over était trop grand pour le jeune homme.

Or, il faut savoir que la pièce décisive qui emporta la conviction du juge d'instruction, c'est le couteau, taché de sang*, retrouvé par les gendarmes, sur les indications précises de l'inculpé, enterré à la sortie de la champignonnière près de laquelle fut tuée Marie-Dolores. le fameux pull-over rouge, lui, fut mis sous scellé tout simplement parce qu'on l'avait retrouvé dans la champignonnière et qu'il pouvait faire partie des indices. Mais il n'a jamais servi de preuve accablante.

Pourquoi prétendre le contraire ? Pourquoi également affirmer que Ranucci déclara, avant de monter à l'échafaud : "Réhabilitez-moi !" alors que, en fait, ses dernières paroles furent un "Négatif !" adressé à l'aumônier ? Et ce ne sont là que quelques unes des "erreurs" présentées comme vérités d'Evangile qui composent "Le Pull-Over Rouge."

Pareille accumulation ne peut que nuire à la thèse défendue, à savoir "Christian Ranucci était innocent et on l'a assassiné en toute légalité."

Je conseillerai donc de lire aussi "Autopsie d'une Imposture" dont le mérite indubitable est de ne pas se prononcer pour ou contre le bien-fondé de la peine de mort et qui s'attache avant tout à resituer l'affaire dans son contexte.

* : il se trouve que Christian Ranucci et Marie-Dolores Rambla étaient du même groupe sanguin, le groupe A. Ranucci eut donc beau jeu de soutenir, quand il se rétracta, qu'il s'était blessé et que les taches découvertes sur un pantalon saisi dans sa voiture provenaient d'une blessure qu'il s'était faite. Mais le médecin qui l'examina le 6 juin ne trouva aucune trace de cette supposée blessure. ;o)
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De toutes les affaires criminelles que j'ai pu étudier, l'affaire Ranucci est peut-être la plus importante au vu des nombreuses questions qu'elle a et continue de soulever, bien des années après les faits et l'exécution de Ranucci, reconnu coupable du meurtre de Marie-Dolorès Rambla. Deux thèses s'opposent : celle des partisans de l'innocence de Ranucci et le combat pour sa réhabilitation, menée principalement par ses avocats et l'écrivain Gilles Perrault, et celle des voix dissidentes qui penche pour sa culpabilité comme le policier Gérard Bouladou.

Personnellement, je suis persuadée de la culpabilité de Ranucci. Avant de me faire une opinion, j'ai lu avec la plus grande attention "Le Pull-over rouge" de Gilles Perrault mais du fait de mes connaissances en sciences criminelles, j'ai été très agacée par de nombreuses incohérences, un acharnement permanent contre les acteurs judiciaires qui sont intervenus tout au long de l'enquête ainsi qu'une révoltante habitude de tordre les faits pour les faire correspondre de force à une théorie plus que farfelue. de plus, il m'est apparu évident que Gilles Perrault se servait du manque de connaissance des arcanes du monde judiciaire de son lectorat pour l'induire en erreur et chercher son adhésion.

Je ne développerais pas davantage les nombreux défauts de ce livre car ce n'est pas l'objet de la présente critique. Je renvoie pour plus de détails à la critique que j'ai consacrée au "Pull-over rouge".

Ayant pris connaissance des arguments de la défense de Ranucci, je me suis plongée dans la lecture de la thèse adverse, à savoir la culpabilité de Ranucci. L'ouvrage de Gérard Bouladou m'a paru le plus approprié car l'auteur, un policier, maîtrise la procédure pénale et tous les rouages du monde judiciaire. de plus, l'auteur a entrepris cette démarche avec une certaine neutralité au départ. En effet, il n'était pas tout de suite convaincu de la culpabilité de Ranucci. Son statut de policier lui a permis d'avoir accès à de nombreuses pièces du dossier, contrairement à Gilles Perrault qui s'est essentiellement basé sur les articles approximatifs et souvent erronés de l'époque. Il a également pu retrouver les participants de l'affaire et obtenir leurs témoignages qui démentent assez souvent les affirmations de Perrault. Avec méthode, l'auteur démontre point par point la culpabilité de Ranucci et les incohérences de la démonstration de Perrault. J'ai été assez satisfaite de voir que tous les détails aberrants que j'avais relevé également par Gérard Bouladou. Et à la fin de ma lecture, j'ai été entièrement convaincue de la culpabilité de Ranucci.

Concernant la théorie abracadabrantesque de Perrault, j'ai été retenu plusieurs choses de cette contre-enquête. Tout d'abord, je n'ai rien contre le fait qu'on puisse défendre l'innocence d'un condamné, je pense au contraire que cela fait grandir la Justice. En revanche, j'accepte difficilement qu'on fabrique un innocent d'un coupable en tordant les faits et en manipulant l'opinion publique comme l'a fait Gilles Perrault. de toute évidence, ce dernier a voulu endosser le rôle de Zola dans l'affaire Dreyfus. Il est allé jusqu'à faire dire des paroles imaginaires à Ranucci avant son exécution ("Réhabilitez-moi !") alors que les personnes présentes ce jour-là ont certifié qu'il n'a rien dit. Pire, il va jusqu'à mettre en scène la décapitation pour atteindre le lecteur (la tête qui rebondit deux fois), mensonge ignoble car il n'était techniquement pas possible que cela arrive dans la mesure où un assistant exécuteur tenait la tête au moment de la chute du couperet. C'est un total manque de respect !

Ce qui est inquiétant, c'est que Perrault a réussi à convaincre autant de monde en distillant ses manipulations, à croire que tout ce qu'il dit est parole d'Évangile. C'est pourquoi j'invite vivement ceux qui veulent se faire une opinion à lire les deux thèses et se faire leur propre idée plutôt que de se contenter d'une seule version.

Que l'on soit en faveur de l'innocence ou la culpabilité de Ranucci, une chose met tout le monde d'accord : le combat des avocats de la défense aurait dû se porter non as surl'innocence de Ranucci mais sur la peine de mort. C'est d'ailleurs ce qu'avait noté Valéry Giscard d'Estaing à l'époque, lorsqu'il avait examiné le recours en grâce. Il ne lui appartenait pas de se prononcer sur l'innocence de Ranucci, cela relevait des institutions judiciaires. Ce fut probablement cette erreur qui coûta la tête de Ranucci car même la partie civile ne réclamait pas la peine de mort.

Coupable ou innocent, l'affaire Ranucci restera à jamais une tragédie judiciaire.
Lien : http://serial-reader.over-bl..
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Le 3 juin 1974, à Marseille, au coeur de la cité Sainte-Agnès, la petite Marie-Dolores Rambla, âgée de 8 ans, joue au pied de son immeuble avec son petit frère, Jean, de deux ans plus jeune qu'elle. A 11 heures environ, un inconnu descend d'une voiture grise et les aborde en leur demandant de l'aider à retrouver son chien, qui s'est enfui. L'inconnu et Marie-Dolores prennent à gauche, le petit Jean s'en va à droite. Quand celui-ci revient à son point de départ, il ne retrouve ni l'inconnu, ni Marie-Dolores. Les parents préviennent la police mais il n'y a pas grand chose à faire. le 3 juin au soir, Marie-Dolores n'a toujours pas reparu.

Ce même 3 juin 1974, à midi et quart environ, au carrefour de la Pomme, à vingt-cinq kilomètres de Marseille, un coupé Peugeot 304 de couleur grise roule à grande allure et ne respecte pas le panneau "Stop." Au même moment, la Renault 16 de M. Vincent Martinez, ayant à son bord celui-ci et sa fiancée, franchit le carrefour : M. Martinez est prioritaire.

Sous la violence du choc, le coupé Peugeot 304 effectue un tête-à-queue mais son conducteur ne s'arrête pas. Il fait demi-tour et repart, toujours à vive allure, dans la direction même d'où il venait. M. Martinez qui, lui, s'est arrêté, demande à un couple d'automobilistes qui venait derrière eux, M. et Mme Aubert, de prendre en chasse le fuyard et de tenter au moins d'avoir son numéro d'immatriculation. Les Aubert s'engagent donc sur la RN 8.

Au bout d'un kilomètre, ils repèrent le coupé Peugeot, immobilisé sur le bord de la route. Ils voient également un jeune homme en sortir, tirer un enfant à bout de bras, le plaquer contre lui et disparaître dans les broussailles. Mme Aubert dira que, pour elle, l'enfant avait entre 7 et 10 ans et portait un short blanc. Elle ajoutera qu'il ne paraissait pas effrayé.

M. Aubert descend de voiture, interpelle le fuyard et lui demande de ne pas ajouter le délit de fuite à l'infraction commise. L'inconnu, de la broussaille, lance : "D'accord ! Partez et je reviendrai !" mais il est clair qu'il n'a pas la moindre intention de faire ce qu'il dit. M. Aubert se contente donc de faire la seule chose possible : il note le numéro de la plaque d'immatriculation.

1369 SG 06.

A ce jour, les plus hardis défenseurs de Christian Ranucci n'ont toujours pas réussi à expliquer comment la voiture de leur protégé (ou plus exactement de sa mère, Mme Mathon) a été vue - et plus tard signalée à la gendarmerie - dès le 3 juin 1974.

Mais ce numéro n'est pas le seul détail choquant de l'histoire. Il y en a bien d'autres, que Gérard Bouladou met ici en évidence en soulignant en parallèle les partis pris - et les mensonges - du livre de Gilles Perrault.

Bouladou écrit certes avec maladresse et il n'a pas ce métier qui fait le style de Perrault. Mais cette "Autopsie d'une Imposture" s'en lit avec d'autant plus d'intérêt car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, son auteur ne se pose pas en champion de la peine de mort. A ses côtés, on en arrive même à la conclusion que, si Christian Ranucci était bel et bien coupable du meurtre de la petite Marie-Dolorès - dont le corps devait être retrouvé un peu plus haut dans les broussailles, non loin de l'endroit où M. et Mme Aubert avaient interpellé l'inconnu de la Peugeot grise - jamais en revanche il n'aurait dû être reconnu responsable de ses actes, en tous cas au moment où il perpétra l'assassinat.
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Et voilà tout juste fini! J'avais commencé ce livre il y a déjà pas mal de temps, puis abandonné, puis repris et re-abandonné, et repris aujourd'hui et lut enfin d'une traite!
J'ai bien aimé lire ce livre de Gérard Bouladou. Notamment pour son sens de la précision sur les nombreux rapports de cette affaire, les diverses confrontations...mais justement c'est ce manque de précision, notamment à la fin de l'ouvrage qui m'a aussi fait tiquer! Il y a 3 incohérences sur des prénoms...plus que troublantes! Bon certes elle ne font pas partie intégrante de l'affaire Ranucci mais tout de même, pour quelqu'un qui critique de long en large le manque de précision de Perrault, j'ai du mal à comprendre ces erreurs...alors après peut-être bien que l'écrivain en Bouladou commençait à fatiguer aux fur et à mesure de l'écriture des pages!
Concernant l'affaire, Perrault, en toute méconnaissance des faits m'avait convaincue de l'innocence de Ranucci; Bouladou s'évertue à prouver le contraire, mais mon avis actuel est bancal! Je pense que ce qui me dérange c'est surtout la condamnation à mort, mais il est fort à parier que Ranucci est certainement coupable d'une partie des faits pour lesquels il a été jugé, même si pour moi toute la lumière n'a pas été faite (la vraie personnalité de Ranucci reste pour moi un mystère). Mais l'effort de Bouladou à reprendre point par point les erreurs de Perrault m'a agacé, tout du moins dans sa formulation.
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L'affaire Ranucci, si tragique qu'elle soit dans ses conséquences, est sur le plan des faits, du point de vue policier, une affaire simple : les preuves ne cessent de s'accumuler contre le suspect et en outre il passe des aveux complets qu'il réitère. Quoi qu'en disent les partisans de l'innocence de Ranucci, leurs arguments buteront toujours sur ce fait objectif et têtu que l'arme du crime lui appartenait et qu'il a désigné verbalement - et physiquement lors de la reconstitution - l'endroit précis où il était caché. Mais la conclusion de cette affaire (la décapitation de Ranucci) a faussé totalement le regard qu'on avait sur elle. Ce n'était pas la culpabilité de Ranucci qu'il fallait contester, mais sa condamnation à mort : les partisans de Ranucci se sont trompés de combat. Ranucci ne méritait sans doute pas la mort : au regard de son passé, il aurait dû bénéficier de circonstances atténuantes. Et ce n'était pas un assassin : son meurtre n'était pas prémédité. Si l'ombre d'un doute pèse - et pèsera toujours - dans cette affaire, c'est bien sur les conditions du meurtre : était-il conscient ou non de son acte au moment où il l'a accompli ? Mais dans ce cas-là, on plaide la démence, pas l'innocence. L'entêtement suicidaire de Ranucci, et les maladresses, voire les absences d'une défense qui luttait contre ses propres convictions (car comment expliquer autrement l'absence des avocats de la défense à un moment aussi crucial de l'instruction que l'interrogatoire récapitulatif, ce jour où Ranucci seul devant Melle Di Marino se rétractera ?), les démarches ambiguës d'une mère au désarroi, l'ont conduit à sa perte bien plus sûrement que les erreurs de datation et les fautes de frappe des policiers ou les zones d'ombre des témoignages. L'oeuvre du temps, ce grand fleuve de l'oubli, les comptes rendus erronés de la presse, quand il ne s'agissait pas carrément d'affabulations, la publication du livre de Gilles Perrault et, en dépit de ses erreurs, l'ampleur de son écho médiatique ont substitué à la réalité de l'enquête une rumeur où la passion et l'émotion ont définitivement pris le pas sur la raison. Avec un tel aveuglement que toute vérité en est devenue inextricable. Comme si l'amnésie progressive de Ranucci avait gagné l'ensemble de la société.
Ranucci se leva :

- "Oui, j'ai été torturé ! D'abord on m'a frappé à coups de matraque. On m'a fait subir la torture vietcong : des petits coups de matraque sur la tête, sans arrêt, pendant une éternité. J'ai cru que mon cerveau se liquéfiait. Et puis, on m'a versé de l'acide sur le sexe. C'était insupportable ! Et la matraque, ne vous avisez pas de dire le contraire, c'est vous qui la teniez !"

Le commissaire répondit :

- "C'est faux ! Vous le savez !

- Vous avez un drôle du culot !" s'exclama Christian Ranucci.

Le public réagit bruyamment.

- "Et vous, vous êtres un monstre !" reprit M. Alessandra.

M° Lombard [avocat de la défense] bondit :

- "Vous n'avez pas à insulter mon client !"

Ranucci hurle :

- "Je briserai votre carrière !"

L'effet fut désastreux. Ses avocats ne maîtrisaient plus la situation. (...)

Cette accusation de sévices policiers était d'autant plus inattendue que jamais auparavant Ranucci n'en avait fait état, ni devant le juge d'instruction, ni devant le Dr Vuillet, ni devant les psychologues qui lui rendirent visite le 7 juin à la prison des Baumettes, ni devant les psychiatres qui l'examinèrent par la suite. Pendant les vingt-et-un mois de sa détention, il n'en avait pas parlé une seule fois.

Il ignorait en outre que, tout le temps de sa garde-à-vue, les journalistes qui couvraient l'affaire avaient attendu dans les couloirs de l'Evêché [le commissariat] et que seule une porte de bois les séparait du bureau où il était interrogé. Ils pouvaient donc tout entendre. Outrés par les déclarations de l'accusé, certains proposèrent même de témoigner. ... [...]
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[...] ... L'affaire Ranucci, si tragique qu'elle soit dans ses conséquences, est, sur le plan des faits, du point de vue policier, une affaire simple : les preuves ne cessent de s'accumuler contre le suspect et en outre il passe des aveux complets, qu'il réitère. Quoi qu'en disent les partisans de l'innocence de Ranucci, leurs arguments buteront toujours sur ce fait objectif et têtu que l'arme du crime lui appartenait et qu'il a désigné verbalement - et physiquement lors de la reconstitution - l'endroit précis où elle était cachée. Mais la conclusion de cette affaire (la décapitation de Ranucci) a faussé totalement le regard qu'on avait sur elle. Ce n'était pas la culpabilité de Ranucci qu'il fallait contester, mais sa condamnation à mort : les partisans de Ranucci se sont trompés de combat. Ranucci ne méritait sans doute pas la mort : au regard de son passé, il aurait du bénéficier de circonstances atténuantes. Et ce n'était pas un assassin : son meurtre n'était pas prémédité. Si l'ombre d'un doute pèse - et pèsera toujours - dans cette affaire, c'est bien sur les conditions du meurtre : était-il conscient ou non de son acte au moment où il l'a accompli ? Mais dans ce cas-là, on plaide la démence, pas l'innocence.
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Vidéo de Gérard Bouladou
AFFAIRE RANUCCI AUTOPSIE D'UNE IMPOSTURE LE LIVRE VERITE Ce livre décrit en détail l'enquête effectuée par l'ex commandant de police Gérard Bouladou sur cette affaire présentée comme une erreur judiciaire par l'écrivain Gilles Perrault dans son ouvrage : "le pull-over rouge". Dénonçant les erreurs d'interprétation de la procédure procédure pénale, les erreurs de dates, les nombreuses omissions de l'auteur, ce livre est riche en révélations, interviews inédites.
>Criminologie>Délits et crimes>Homicides, crimes sexuels, kidnapping (140)
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