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Critique de Aelynah


Comme le dit si bien Mathieu Guibé en préface « rédiger une nouvelle est un exercice difficile », car il faut savoir créer un monde aux limites bien établies dans un laps de temps court. Alors quand il nous assène comme une sentence « […] je peux vous affirmer que l'auteur est rompu à l'exercice et qu'il y excelle », le lecteur ne peut que se sentir obligé d'aller vérifier par lui-même. C'est donc ce que je me suis empressée de faire afin de me rendre compte par moi-même du talent de l'auteur suscité.
Assez rapidement il m'est apparu que le compliment de Mathieu Guibé n'était pas exagéré.
Anthony Boulanger entre avec ce recueil de nouvelles dans la liste non exhaustive de mes auteurs favoris pour ce genre de récit, le « Whodunit ». Car il a su en peu de pages trouver les mots pour me plonger dans son monde et surtout m'y retenir et m'y donner l'envie de suivre toujours plus avant les enquêtes de son personnage.

Tel un Sherlock Holmes d'un Paris parallèle au nôtre où cohabitent Sangs Innés (ceux dont le sang possède des caractéristiques magiques) et Sangs Mornes (communs des mortels), Erem de l'Ellipse résout au travers des villes qu'il visite les énigmes qu'il croise ou que le destin veut bien mettre face à lui.

Le point commun à chacune des quatre nouvelles ou enquêtes, vous l'aurez compris est la présence d'Erem mais surtout son habilité à démanteler les écheveaux complexes des énigmes qui vont lui être proposées.
Quelque soit l'enquête, l'ambiance y est parfaitement bien décrite dans un style clair et concis. On reconnaît là la dextérité de l'auteur de nouvelles qui nous plonge facilement et inéluctablement dans son monde médiéval et si particulier.
De plus, l'auteur a su, en créant ce personnage, emporter le lecteur au travers des villes qui ont traversé sa propre vie. En nous transportant de l'une à l'autre, il nous offre une image de lieu comme Provins, Strasbourg, Paris ou même Rouen sa ville natale et nous invite ainsi à y résoudre les mystères qui hantent les rues de ces cités.
La première nouvelle "Dans les catacombes de Paris, il devient adulte" est sans conteste ma préférée pour l'implication plus personnelle d'Erem puisque cela touche son clan. Sa jeunesse au moment des faits, les événements troublants et dramatiques qui s'y déroulent et ses réactions et réflexions nous donnent déjà plus qu'une esquisse du personnage.
Dans ce monde régit par le sang, les préjugés de classe et de rangs sont nombreux. Les clivages sociaux entre Sangs Innés et Sangs Mornes amènent parfois des troubles au sein des clans. Et celui de l'Ellipse est particulièrement touché par le caractère moderne et les décisions quelque peu révolutionnaires de son chef de clan.
Car il faut savoir que dans ce monde à part et médiéval, le sang, ce fluide vital a une importance capitale car il est à la fois source de pouvoir et de magie. Qui détient votre sang, détient la faculté de faire ce qu'il veut de vous, vous nuire comme vous protéger.
Cela donne ainsi encore plus de poids aux risques que court Erem lors de ses enquêtes et explique sa propension à éviter le moindre contact.

L'ouverture du recueil par cette première nouvelle parisienne, nous permet de le découvrir comme un personnage jeune mais empreint de dignité et de compassion pour son prochain. Il réfléchit intensément, croise les éléments à sa disposition jusqu'à les faire s'imbriquer de façon à obtenir un canevas logique du crime. Ses sentiments personnels sont alors écartés pour le bien de la justice et de l'équité.
Nous retrouverons ce point là encore dans la nouvelle "Meurtre à Provins" où sa présence est requise par un proche. Nous y trouverons alors aussi un Erem plus âgé, plus mâture et ayant acquis déjà une certaine notoriété auprès de ses pairs.

Pour les deux autres, le destin aura placé les énigmes sur sa route sur demande encore pour « Entre les clochers de Rouen » mais cette fois suite à sa compétence reconnue et enfin par pur hasard pour « Strasbourg et le sang des Nico Las » où il s'arrête en touriste afin d'assister à un événement bien particulier de cette ville.
De plus la magie sanguine évoquée ici au fil des enquêtes est sans conteste bien différente de tout ce que le lecteur aura pu lire dans d'autres ouvrages. le sang a, pour cette élite, un rôle magique et important pour des rituels que nous découvrirons petit à petit. Les enquêtes d'Erem nous apporteront ainsi quelques lumières sur différents rituels ou utilisations de sangs d'animaux communs ou plus particuliers des créatures spectrales.

Ce sont donc ici quatre enquêtes qui nous emmènent droit dans l'intrigue grâce au style simple et direct de l'auteur. En peu de mots il place son ambiance, puis grâce à la progression des indices énoncés par Erem, Anthony Boulanger nous transpose dans le rôle de l'enquêteur. Ses déductions sont épurées quoique d'une logique imparable et parfaitement étayées de preuves et réflexions. Les coupables ne peuvent ainsi que saluer la performance de l'enquêteur qui les a arrêté. Car une fois la démonstration de sa logique établie, aucune tergiversation ne peut plus être émise.
Rajoutez à ce contenu de qualité, une couverture de Didier Normand qui utilise le plus souvent la peinture à l'huile et des illustrations intérieures de Virginie Jayden et vous aurez là un recueil à découvrir de toute urgence.
Je remercie donc le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette découverte bien proche du coup de coeur général.
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