Un essai intéressant sur le processus des révoltes populaires durant la Révolution française de 1789 à 1795.
L'auteur a délaissé une étude chronologique des évènements au profit d'une démarche comparative, en sélectionnant huit journées révolutionnaires parisiennes :
- la prise de la Bastille (14 juillet 1789)
- l'invasion du château de Versailles (6 octobre 1789)
- l'invasion (20 juin 1792) puis la prise du château des Tuileries (10 août 1792)
- l'encerclement (2 juin 1793) puis l'invasion de la
Convention Nationale (5 septembre 1793 - 1er avril et 20 mai 1795)
Un plan détaillé
1- Aux origines de
la journée révolutionnaire :
2- La foule révolutionnaire
3- Meneurs et instigateurs
4- Naissance de l'émeute
5- le peuple en marche
6- L'assaut
7- Lendemain d'émeute
De la prise de la Bastille, 14 juillet 1789, en passant par l'invasion du château de Versailles en octobre 1789 à la dernière révolte en mai 1795, l'auteur étudie les différentes émeutes durant la Révolution française.
La journée révolutionnaire, associée à l'émeute, à l'insurrection est l'évènement au cours duquel le peuple prend les armes pour exercer directement sa souveraineté, pouvoir reconnu par la déclaration des droits de l'homme et des Constitutions.
Elle est définie en 1793 par
Dominique-Joseph Garat comme "le mouvement par lequel tout un peuple, ou une partie d'un peuple, s'élève contre des pouvoirs établis qui ont violé leurs engagements et franchi leurs limites, pour en obtenir des réparations et de meilleures garanties, pour les détruire et les changer".
Bien que différente de l'émeute frumentaire,
la journée révolutionnaire peut débuter par la misère et la faim comme en octobre 1789 et en mai 1795 ; il ne faut pas oublier que le pain absorbait plus de la moitié du salaire d'un artisan et qui devait encore acheter des fruits, légumes, oeufs, vêtements…
La journée révolutionnaire revêt une dimension politique, elle révèle l'hostilité au pouvoir en place : le régime monarchique n'est pas contesté durant les premières années mais le mécontentement du peuple face à l'opposition des mesures prises par la Constituante ou l'Assemblée du roi donne naissance à des mouvements anti-royauté. le roi démit, c'est contre l'Assemblée que le peuple se soulève.
La peur de l'invasion des contre-révolutionnaires à l'intérieur du pays ou à Coblentz, les menaces de ces derniers, les présences de bataillons étrangers, la situation de guerre sont autant de facteurs créant l'émeute.
Le feu aux poudres est mis par une décision ou un évènement : le renvoi de Necker (juillet 1789), le banquet du régiment des Flandres (octobre 1789), le renvoi des ministres girondins (20 juin 1792), le manifeste de Brunswick en juillet 1792...
La foule révolutionnaire est constituée de la petite et moyenne bourgeoisie parisienne des ateliers et des boutiques pour la plupart, issues des Faubourgs pauvres de Paris, le faubourg Saint-Antoine et Saint-Marcel, soutenues dans certains cas par les gardes nationaux.
L'auteur recherche les meneurs et instigateurs dans certains députés, des élus de la municipalité de Paris, les journalistes (Marat, Hébert...), les sections,
A l'occasion de cette étude, on apprend plus sur les Faubourgs, la garde nationale, les sections, les participants et les meneurs de
la journée révolutionnaire.
Mais personnellement, je n'ai pas appris grand chose...
Ecrit dans un style clair, cet essai historique est très abordable, mais par la présentation choisie par l'auteur on n'évite pas des répétitions.
De plus, j'ai regretté les sources citées par l'auteur qui partent d'un parti pris comme les mémoires de Madame de Tourzel et ignorent les mémoires de Rosalie Jullien par exemple, qui décrit plusieurs journées.
Enfin, certaines affirmations énoncées par l'auteur (sans référence) m'a laissée perplexe : les journées d'octobre 1789 préparées par le Club de Valois (
La Fayette, Sieyès),
Robespierre convaincu par la nécessité d'une insurrection…
Finalement, depuis 1789, les émeutes n'ont pas changé : contre un pouvoir qui a usurpé sa souveraineté, et qui réclame plus de justice fiscale et sociale !