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EAN : 9782843623073
509 pages
Terre de brume (25/05/2006)
4.52/5   26 notes
Résumé :

"Si la civilisation grecque a engendré L’Iliade et L’Odyssée, celle des Franks, La Chanson de Roland, le monde celtique est à l’origine d’une des plus grandes fresques de l’Occident, La Légende du Roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Personnage hors du temps, Arthur est le reflet magnifié et désespéré d’un peuple vaincu. Il est le fruit d’un grand rêve collectif d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
AU ROYAUME DES «BEAUX DOUX» SIRES ET DES PUCELLES MAGNIFIQUES !

On ne pénètre jamais impunément en la vaste forêt du vénérable - et pourtant toujours tellement vivant - cycle du Roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde. Y jeter un jour un oeil curieux, peut-être encore un peu intimidé, et c'est fort probablement pour jamais que vous accompagnerez ces mots à vos songes plus ou moins éveillés.

Cependant, les passeurs sont nombreux - presque innombrables - lorsqu'ils ne sont pas tout bonnement non nommables, ne s'étant pas avisés de laisser leur insigne patronyme à la postérité. Bien entendu, le lecteur assidu aura en mémoire quelques noms, au rang desquels Chrétien de Troyes - le grand (re)créateur - ou encore Robert Wace - un fondateur un peu oublié aujourd'hui - , Geoffrey de Monmouth - pour les "racines" hagiographiques - sans oublier Robert de Boron sans qui l'enchanteur Merlin n'eut peut-être pas pris autant de place dans la légende.

Cependant, si l'historiographie a pu retenir ces noms et quelques autres encore, il existe, à côté de ces premiers "romans", nombre de pages méconnues mais pourtant essentielles consacrées au Roi légendaire le plus célèbre de toute la littérature européenne, à Guenièvre, sa reine magnifique et ambiguë et à ses preux chevaliers, tous rassemblés en une seule mais protéiforme geste autour de la célèbre Table Ronde, autour de laquelle nulle préséance ne peut exister. C'est ce que l'on appelle communément la "vulgate" et, il faut bien le reconnaître, à moins d'être un spécialiste ou un passionné acharné, ces pages d'un intérêt évident mais aux qualités stylistiques très inégales (sans même rappeler que tout ceci fut écrit dans une langue, source de notre français, tellement éloignée de la notre qu'à moins de l'avoir étudiée, il est à peu près impossible de la comprendre sans risque de mauvaise interprétation... ou de lassitude) ont tout pour refréner les appétits de savoir du lecteur dilettante. Aussi, certains auteurs, mieux rompus que d'autres à l'art du résumé, de la compilation ont pu donner toute mesure à leur capacité et, parfois, à leur génie. Il en est ainsi de l'anglais Thomas Mallory qui, selon la légende, profita de quelques années dans les geôles anglaises pour composer son fameux "Morte d'Arthur", composé bien plus tardivement que la plupart des textes majeurs précédents (dans la seconde moitié du XVème siècle tandis que la plupart des précédents importants sont des XIème et XIIème siècles) mais dont le projet aussi colossal que superbement exécuté rendit possible à nos voisins britanniques de maintenir beaucoup plus présente et vivante que chez nous - jusqu'à ces dernières décennies - la grande aventure des chevaliers de la Table Ronde.

Hélas, il n'en fut pas de même dans notre pays où les romans de chevalerie sombrèrent peu à peu dans l'oubli quand ils n'étaient pas plus tristement victime d'une forme de mépris définitif, ne bénéficiant guère que de mauvais résumés destinés aux jeunes filles et ne contant plus guère que d'insipides bluettes ou de fades aventures de chevalier des anciens temps. Ainsi, à partir de la Renaissance mais plus encore au XVIIème et XVIIIème siècles la "matière de Bretagne" disparut-elle presque complètement des mémoires et même de la plupart des bibliothèques de lettrés. le XIXème siècle fut celui de la redécouverte mais il lui manquait encore - malgré quelques tentatives maladroites - un compilateur tout à la fois sérieux et talentueux, ce dont le XXème siècle à venir serait riche. Jacques Boulenger, ancien élève des Chartes, fut incontestablement le premier de ceux-là qui permit, dès 1922, de lire enfin une histoire aussi complète, exhaustive, lisible et respectueuse des textes d'origine que possible.

Ainsi, sous sa plume certes sélective, forcément sélective lorsqu'on compte que les milliers de pages, en prose ou en vers, écrites par nos aïeux se trouvent réduites à quelques cinq cent, certes denses mais tout de même, nous voici en compagnie du mystérieux enchanteur Merlin, du juste et débonnaire roi Arthur, de l'amante terrible Guenièvre, de la dame du Lac, de Morgane la maudite (qui apparaît d'ailleurs assez peu dans cette version), de Gauvain l'intrépide, d'Yvain, de Lionel, de Perceval, de Galaad, de Bohor, de Sagremor, de Galehaut à l'amitié stupéfiante, intense, profonde d'avec le plus grand de tous les chevaliers - mais aussi celui par qui le malheur arrive à la parfin - à savoir Lancelot du lac souvent surnommé le blanc chevalier, car c'est souvent de cette image de pureté, de débonnaireté aime souvent à l'écrire Jacques Boulanger, qu'il se vêt et surtout qu'il s'arme. Car c'est presque le roman de Lancelot que le compilateur moderne nous donne à lire, et cela n'est pas un pur hasard puisque le fameux "Chevalier à la charrette" ainsi que le nommera déjà Chrétien de Troyes occupe une place véritablement centrale dans notre moyen-âge littéraire français. Quelques mauvaises têtes aussi, bien entendu : le cruel Vortiger, Mélagant l'infâme, Mordred le fils caché et félon, ainsi que pléthore de géants, de chevaliers larrons, de rois mauvais et jaloux...

Malgré le risque que le lecteur d'aujourd'hui puisse être un instant rebuté, déstabilisé par cette écriture à l'apparente approche un rien compassée, guindée, légèrement sentencieuse et solennelle, une fois la surprise passée - et le léger travail sur soi, sur nos actuelles manières de raconter ou de conter -, il découvrira un style élégant, précis, rapide, qui revêt avec finesse les atours celui d'antan. Ces belles pages se saisiront ainsi pleinement de l'imaginaire du rêveur comme des attentes frénétiques du passionné d'aventures, de l'amateur de rencontres incroyables, de relations viriles ou d'amours dramatiques, car l'amour, qu'il soit d'amitié irréprochable et inséparable entre deux hommes, presque à la manière de couples (Lancelot/Galehaut - Yvain/Gauvain, etc) ou l'Amour pour la belle d'entre les belles y est un thème parallèlement aussi central que le peut être le glorieux fils du roi Ban de Bénoïc, le parangon de toute chevalerie digne de ce nom, le bel et intrépide Lancelot.
On oubliera ainsi que Merlin n'est pas aussi présent ici que dans des recréations plus contemporaine tel l'excellentissime L'Enchanteur de René Barjavel, que ces dames - Guenièvre, la Dame du Lac, la dame d'Astelot et surtout Morgane - n'y sont généralement présentes que comme subtils faire-valoir de ces messires, à l'inverse de ce que l'on peut en lire chez Marion Zimmer Bradley et ses populaires Dames du Lac qui eurent à leur première publication un retentissement mondial. de même, Arthur n'est il, au final, que le roi par qui tout le reste - quêtes, aventures, amour courtois, Graal, combats et tournois, fêtes parfois - peut advenir, tandis que sa geste n'intervient-elle qu'en introduction et en fin d'histoire, tandis que nombre des interprétations actuelles - c'est surtout le cas au cinéma - en font le personnage non seulement principal mais surtout omniprésent de cette incroyable "matière de Bretagne" dont on voit bien, à l'aune des interprétations, des créations ou recréations, des extrapolations ou des pures divagations parfois qu'elle est un creuset inépuisable, une fantastique machine à rêver, à fabuler, à conter. Mais aussi à dire le monde et l'humanité.

Quant à Jacques Boulenger, gageons qu'il aura réussi son très humble pari, sa «seule ambition [...] que [sa] version fournisse, au même titre que celle de Robert de Boron, quelques variantes à l'étude critique du Lancelot qu'on publiera en l'an 2923» ainsi qu'il l'avoue en conclusion de sa postface, les thématiques présentes tout au long du cycle arthurien, au fil des pages de cette geste chevaleresque de la Table Ronde, de la quête du Graal, d'amours courtoises bien souvent impossibles ou interdites étant rien moins qu'éternelles. Demeure, après presque un siècle de refondation, de réinterprétation, de réécriture du mythe, un excellent ouvrage digne de figurer dans les bibliothèques de tous ceux cherchant à retrouver un peu de la Légende originelle sans devoir y passer toute leur année de lecture. Quelques ébouriffantes et belles heures en compagnie de toutes ces belles dames et tous ces "beaux doux sires"...!
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Que dire sur cette dernière lecture ? le point positif est que l'on rentre dans la véritable histoire de la Légende du Roi Arthur. Une histoire qui apporte de nombreux petits récits différents. On découvre par l'écriture de l'auteur, le respect et la droiture des Chevaliers de la Table Ronde, notamment de Lancelot du Lac. On s'étonne aussi de la stupidité de certaines de leurs réactions. Je pense en particulier à Lancelot qui rencontre de nombreuses jeunes femmes dans sa vie et s'empêche de les aimer par fidélité à la reine Guenièvre qui, elle, n'hésite pas à tromper son mari.

Dans cet ouvrage, on découvre aussi tous ceux qui périssent pour (pardonnez-moi du terme), des " histoires de fesses " venant de la haute-bourgeoisie. L'image que j'avais de Guenièvre avant d'avoir commencé cet ouvrage était plus belle que je ne l'ai aujourd'hui en le finissant. Car on découvre que c'est une femme de pouvoir, de manipulation perverse et je ne comprends pas pourquoi les gens, dans l'histoire, se trouvaient si attachée à elle. À la limite, à certain égard, je commençais à préférer Morgane la fée, car avec elle, on sait à quoi s'attendre.

En dehors de ce qui est raconté dans cet ouvrage, j'ai remarqué aussi le travail de recherche de l'auteur. On voit sa passion pour cette période et notamment pour les Chevaliers de la Table Ronde.

Ce qui m'a chagriné et un peu froissé par contre en lisant ce livre, c'est sa plume à laquelle je n'étais pas du tout préparé. Car en plus de nous plonger dans cette belle période, que ce soit dans la narration ou dans les dialogues, il utilise aussi les mots de cette épopée et parfois, on se retrouve vite dépassé avec des verbes comme onir, ocir, ouir ou des adjectifs comme dolent, preux... Ils ont disparu de notre langage actuel, ce qui est bien dommage, car il y a des mots qui résonnent bien à l'oreille. Mais ce vocabulaire m'a un peu froissé et parfois, je me voyais obligé de m'arrêter dans ma lecture pour ne pas totalement l'abandonner, car je voulais savoir la fin, de toute évidence.

Autre point qui m'a surpris est l'âge des personnages ! Voir des Chevaliers comme Gauvain, le neveu du Roi Arthur se battre par vengeance avec Lancelot du lac et mourir a plus de 70 ans à la suite d'un combat acharné ou encore voir la Reine Guenièvre avoir 75 ans encore éprise par Lancelot s'approchant des 50 ! Et j'ai même découvert à la fin un chevalier qui se battait à 95 ans ! J'ai du mal à imaginer ce genre de personne aujourd'hui sous des armures de fer extrêmement lourde dans un champ de bataille ! Ou alors, elles ont été faire un tour dans la Fontaine de Jouvence en forêt de Brocéliande ! Bref, ça me paraît tiré par les cheveux. J'ai toujours pensé que le Roi Arthur mourait assez jeune, mais pas à plus de 70 ans !

En tout cas, si vous aimez les histoires historiques et les langages d'autrefois, c'est un livre que je vous conseille fortement de parcourir, mais sinon, je pense qu'il existe certainement d'autres ouvrages aussi beau sur cette période avec un langage plus courant, plus moderne.

Toutefois, je félicite le travail de l'auteur pour ses recherches sur cette période et pour nous avoir amené au plus près de Merlin, qu'on ne voit qu'au départ du livre ainsi que du Roi Arthur et de ses Chevaliers de la Table Ronde.
Lien : http://kerzicbooks.eklablog...
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Oyez oyez brave gens.
Installez-vous confortablement et partez à l'aventure avec Merlin, Arthur et les autres.
Attention, de nombreuses intrigues se cachent dans les recoins des pages. N'ayez crainte de lire entre les lignes.
Soyez attentifs, chaque détail peut compter.
Combien Arthur a-t-il réellement de soeurs?
Combien de noms peut avoir un même personnage?
Vous le saurez en vous plongeant dans cette quête de l'inconnu.
Peut-être trouverez vous le saint Graal.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le jour se levait, radieux. Dans l'herbe non fauchée, les chevaux entraient jusqu'au ventre ; les oiseaux chantaient matines dans les arbrisseaux et réjouissaient le cœur des amoureux. Les enseignes d'or, d'argent et de soie voletaient à la brise légère et le soleil faisait flamboyer l'acier des heaumes et des lances, et luire les peintures des écus. Merlin allait en tête de l'armée sur un grand cheval de chasse. Lorsqu'il aperçut les Saines qui s'avançaient à l'encontre des Chrétiens, il cria de toutes ses forces :
- Ores paraîtra qui preux sera ! Seigneurs chevaliers, l'heure est venue que l'on verra vos prouesses !
Aussitôt, les barons lâchèrent le frein et brochèrent les éperons ; et ainsi commença la fière et merveilleuse bataille.
Le froissement des lances, le heurt des écus, le martèlement des masses et des épées s'entendirent jusqu'à la mer. Bientôt l'air fut rouge et troublé par la poussière au point que les cieux noircirent et que le soleil perdit de sa clarté.
Quand les chevaliers et les bourgeois qui défendaient la cité de Clarence aperçurent les enseignes blanches à croix vermeille, ils pensèrent que c'était un secours que Notre Sire leur envoyait : aussitôt ils sortirent et commencèrent à faire merveille d'armes.
Sur l'autre front des Saines, à mesure que l'heure de midi approchait, la force de Gauvain augmentait. Il traversait les rangs ennemis, bruyant et fracassant comme le tonnerre, et, quand son épée s'abaissait pour frapper, il semblait que ce fut la foudre. Ses frères l'imitaient ; mais Galessin surtout faisait des merveilles : autour de lui les mécréants tombaient comme les blés mûrs sous la faucille ; vers le soir, il était sanglant comme s'il fût sorti d'une rivière de sang. Les Saines étaient plus hauts et mieux armés, mais les chrétiens plus agiles, si bien qu'à la fin les païens cédèrent. Tous leurs rois étaient tués, sauf Rion, Oriens, Sorbare, Cornican, Murgalan de Trebeham et l'amiral Napin. Poursuivis de près, ils s'enfuirent de toute vitesse la vitesse de leurs chevaux vers la mer prochaine ; et, non sans que plus de la moitié d'entre eux fussent noyés ou occis, ils s'embarquèrent sur leurs nefs, coupèrent les cordes des ancres, hissèrent voiles en hâte, et s'en furent où le vent les mena.

In «Le roman de Merlin», p 78.
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Giflet revint sur ses pas, pendant qu'il noierait le fourreau, mais non la lame. Et ainsi fit-il ; mais, quand il fut à nouveau devant son seigneur [Giflet ou Girflet selon les version est l'écuyer d'Arthur] :
- Qu'as-tu vu ? lui demanda le roi.
- Sire, rien que de naturel.
C'est donc que tu ne l'as pas encore jetée ! Va-t'en, et fais ce que je t'ai commandé : c'est péché que de me tourmenter de la sorte !
Alors le fils de Do, tout honteux, s'en fut au bord du lac pour la troisième fois et se mit à pleurer quand tint la bonne lame dans sa main, brillante comme une escarboucle ; pourtant il la jeta aussi loin qu'il put. Or, au moment qu'elle allait toucher l'eau, il vit surgir une main qui la saisit par le pommeau et qui la brandit par trois fois, puis disparut sous l'onde. Longtemps il attendit, mais il n'aperçut rien que l'eau frissonnante.
- C'est bien, dit le roi quand il connut ce qui s'était passé. Maintenant, beau doux ami, il vous faut partir et me laisser. Et sachez que jamais plus vous ne me verrez.
À ces mots, Giflet eut grand deuil.
- Ha, sire, comment serait-il possible que je vous abandonnasse de la sorte et ne vous visse plus ! Mon coeur ne le pourrait souffrir ! Il me faut vivre ou mourir avec vous.
- Je vous en prie, dit le roi, de par l'amour qui a toujours été entre nous !
Alors, les larmes aux yeux, Giflet fils de Do s'en fut sur son destrier. Et sachez que, lorsqu'il fut à un quart de lieue, il commença de pleuvoir si merveilleusement qu'il dut s'abriter sous un arbre. Mais, l'orage passé, regardant vers la mer, il vit approcher une belle nef, toute pleine de dames avenantes, qui aborda non loin du lieu où il avait laissé le roi, son seigneur ; l'une d'elles, qui était Morgane la fée, appela et le roi se leva, puis, tout armé, suivi de son cheval, il monta dans la nef qui tendit ses voiles au vent et s'enfuit comme un oiseau. Le conte dit qu'elle s'en fut droit à l'île d'Avalon où le roi Arthur vit encore, couché sur un lit d'or : les bretons attendent son retour.
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- Dame, me dit mon mari quand il [Lancelot] se fut retiré, vous avez beaucoup regardé monseigneur Lancelot ce soir. Qu'en pensez-vous ?
- Sire, si je vous l'apprenais, vous m'en sauriez mauvais gré.
Mais il jura que nul mal ne m'adviendrait quoi que je lui disse, et il insista tant, qu'à la fin je m'écriais, agacée :
- Puisque vous voulez le savoir, il me semble qu'il y a autant de bien en ce seigneur, qu'en vous de mal. En lui, prouesse, hardiesse, hautesse, gentillesse, débonnaireté, courtoisie et largesse. En vous, justement les vices contraires à ces vertus, et vous devriez avoir autant de honte qu'il a d'honneur. Voila pourquoi je le regardais volontiers !
À ces mots mon mari entra dans un courroux tel qu'il failli perdre le sens. Et sachez qu'il ne me fit rien cette nuit-là ; mais sitôt que messire Lancelot s'en fut allé, il me dit qu'il ne me traiterait plus à l'avenir comme sa femme épousée, mais comme une serve et une chambrière.

In "Le château avenureux", p 319.
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Quand le roi [Arthur] apprit son arrivée, il en fut très réconforté, et ce lui fut avis que Dieu lui envoyait secours. Il vint à la rencontre de Nascien [un ancien chevalier du temps d'Uter Pedragon, cousin de Perceval, devenu ermite et prêtre] ; mais le prud'homme lui dit sans lui rendre son salut :

- Je n'ai cure de ton salut. Tu dois savoir que c'est de Notre Sauveur lui-même que tu tiens sa seigneurie, et il te la bailla pour que tu lui susses bon gré. Pourtant, tu ne laisses pas venir à toi le pauvre et le faible, et le droit des veuves et des orphelins dépérit, tandis que tu honores les riches et les déloyaux.
- Beau doux maître, dit le roi, si j'ai méfait, conseillez-moi.
- Tu dédaignes les bas gentilshommes de ta terre, et pourtant le royaume ne peut être maintenu si les petites gens ne s'y accordent : aussi ceux-là, quand ils viennent à ton aide, c'est par force ; mais ils ne te sont pas plus utiles que s'ils étaient morts, car tu n'as pas le cœur, et corps sans cœur n'a nul pouvoir.

In "Les amours de Lancelot", p 167
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À côté de la reine, un écuyer portait un petit chien braque, qu'elle aimait tendrement parce que c'était la Dame du Lac qui le lui avait donné. Et les pucelles chantaient des chansons joyeuses comme :

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

Ô Ciel ! qui m'a mise en cette abbaye ?
Qui nonne me fit, Jésus le maudie !
Ah ! j'en sortirai, par sainte Marie !
Je n'y vêtirai cotte ni gonette.

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

Je dis malgré moi vêpres et complies.
J'aimerais bien mieux mener bonne vie
Avec celui-là dont je fus l'amie,
Car il est joli et je suis jeunette !

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

In "Le Château aventureux", p 306.
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