AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782853761130
105 pages
Solin (30/01/1992)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Ce journal a une histoire proprement "boulgakovienne". Confisqué au cours d'une perquisition au printemps 1926 en même temps que le manuscrit de Cœur de chien, il fut restitué à l'écrivain quelque temps après. Boulgakov s'empressa de détruire les trois cahiers de son journal intime pour ne plus jamais en tenir. Il ignorait que le Guépéou avait conservé des copies dactylographiées qui seraient exhumées en 1990.
Ces pages, que leur auteur ne destinait pas à la ... >Voir plus
Que lire après Journal confisqué 1922-1925Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les notes de ce journal rédigées entre 1922 et 1925 ont été confisquées par le Guépéou lors d'une perquisition au domicile de Boulgakov le 7 mai 1926. Elles lui furent restituées en 1929 et il s'empressa alors de les détruire. Les passages qui ont été conservés proviennent des copies réalisées par la police politique. Détail ironique puisqu'il touche l'auteur de la célèbre assertion : « les manuscrits ne brûlent pas ».

« Nous nous débattons tels des poissons contre la glace. » Boulgakov est arrivé à Moscou à la fin de l'année 1921. La capitale est délabrée, sort du « communisme de guerre » et fait ses premiers pas dans la NEP. L'écrivain fait part de ses tracas financiers et domestiques. Il parcourt les rues boueuses avec ses chaussures aux semelles usées pour placer des articles ou des nouvelles dans diverses rédactions. Ses problèmes d'argent sont sans fin et il rage de devoir consacrer son temps à la rédaction de textes sans envergure. Il évoque ses problèmes de logement qui deviendront avec les années une fixation. le thème sera abordé dans plusieurs de ses oeuvres.

« En tant qu'écrivain, je suis incomparablement plus fort que tous ceux que je connais. » Boulgakov doute mais il est conscient de son talent et ne regrette pas de s'être engagé dans une carrière littéraire malgré les difficultés. Il réserve les critiques les plus acerbes pour les écrivaillons, rédacteurs en chef ou théatreux qu'il côtoie. Si l'un d'eux est juif, il se permet des réflexions que nous qualifierons de « déplacées ». S'il est profondément antisoviétique, il exprime beaucoup de respect pour les deux écrivains officiels du régime : Maxime Gorki et Alexeï Tosltoï. Outre les textes alimentaires, cette période est féconde pour Boulgakov puisqu'il rédige dans ces années « les Oeufs fatidiques », « Coeur de chien » et surtout « la Garde blanche ».

« Il s'en passe des choses dans ce monde. » L'écrivain commente l'actualité soviétique et internationale, souvent avec cynisme et parfois avec beaucoup de clairvoyance. En 1923 par exemple, quelques semaines avant la tentative de putsch menée par Hitler à Munich, il devine la possible victoire des fascistes en Allemagne et l'avènement d'un nouvel empereur et il écrit : « dans ce cas, ça ira encore plus mal pour la Russie soviétique. »

« J'ai peur qu'en récompense de tous ces exploits on ne m'expédie dans une de ces « contrées pas si lointaines ». » le journal est parfois difficile à saisir car il faut connaitre la vie de l'écrivain et le contexte politique et international de l'époque. Mais il est éclairant car on devine derrière des préoccupations quotidiennes, la naissance des grands thèmes qui seront traités par l'écrivain. Dans ces textes, Boulgakov surprend par sa grande franchise. Il cherche à réaliser son ambition à tout prix : écrire et rester libre dans une époque de censure et de répression politique.
Commenter  J’apprécie          211
Journal confisqué de Mikhaïl Boulgakov
Ce journal intime écrit entre 1921 et 1925 a été confisqué par le Guépéou( successeur de la Tcheka) en 1926 lors d'une perquisition et sera exhumé des archives et publié avec des amputations semble-t-il en 1990. Il s'ouvre sur une lettre à sa mère dans laquelle il expose les difficultés de la vie moscovite pour lui et sa femme. Il y a très peu de travail, mal payé, il fait très froid et ils ont du mal à se chauffer ainsi qu'à manger. D'autre part, tout comme en Allemagne à la même époque, l'inflation est exponentielle et payer son pain requiert des dizaines de millions de roubles, un peu plus chaque jour. Boulgakov écrit des articles dans des journaux, courre la ville pour vendre ses nouvelles, la Garde Blanche ou Les écrits sur les manchettes mais sans succès. Il fait état des rumeurs qui circulent en ville, de la lutte entre les bolchéviques et les fascistes en Allemagne, des rumeurs de guerre. Il sait qu'espérer le retour de la monarchie est illusoire et craint l'évolution de la situation en général et pour lui en particulier car on vient de lui détecter une tumeur. Il rêve d'un appartement plus grand.
Dans ce livre transparaît en permanence le grand questionnement de Boulgakov, «suis je un homme de lettres? » C'est son angoisse. Un récit passionnant bien que souvent interrompu, il n'avait pas toujours la force de continuer a noter ses impressions. Après sa confiscation il n'en reprendra jamais l'écriture.
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Moscou est de mieux en mieux éclairée, mais patauge dans la boue, d'une curieuse façon, deux phénomènes cohabitent librement : l'organisation progressive de la vie et son absolue gangrène. (...)

Appartements, familles, scientifiques, travail, confort et utilité, tout ça est gangrené. Rien ne bouge. La bureaucratie soviétique a tout englouti dans sa gueule d'enfer. Chaque pas, chaque geste que fait le citoyen soviétique est une épreuve qui prend des heures, des jours et parfois des mois.

Des magasins sont ouvert. C'est la vie. Mais ils font faillite et ça c'est la gangrène. Et c'est comme ça pour tout.

La littérature est épouvantable.

21/12/1924
Commenter  J’apprécie          180
Horrible situation : je suis de plus en plus amoureux de ma femme. C'en est vexant : dix ans que je faisais des pieds et des mains pour échapper aux bonnes femmes... Les femmes... Je m'abaisse même, à présent, à être légèrement jaloux. Elle a une façon bien à elle d'être douce et mignonne. Et grosse.

3 janvier 1925
Commenter  J’apprécie          132

Videos de Mikhaïl Boulgakov (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mikhaïl Boulgakov
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Que faire quand on n'est plus libre de s'exprimer ? Quand des chefs politiques, tout en se déchirant pour le pouvoir, embrigadent, surveillent, intimident, déportent ou exécutent qui bon leur semble ? Réponse dans un roman sublime, un monument de la littérature russe.
« le Maître et Marguerite » de Mikhaïl Boulgakov, dans une nouvelle traduction d'André Marcowicz et Françoise Morvan, c'est aux éditions Inculte.
+ Lire la suite
autres livres classés : journalVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}