AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 207 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'enthousiasme n'accompagnera pas ma critique de la Garde blanche ; qu'on se le dise ! J'ai toujours eu du mal avec Mikhail Boulgakov . le Maître et Marguerite avait déjà suscité chez moi un mal pernicieux qui me faisait arrêter la lecture , à chaque reprise, au bout de deux ou trois pages, et se manifestait par un aquoibonisme de mauvais aloi pour un amoureux (mais pas inconditionnel ! ) de la littérature russe. Je n'adhérai tout simplement pas à l'histoire . Ici, dans ce cas de figure, la pagination étant nettement à la baisse ( QUE 350 pages), j'ai fait un effort, pas surhumain du tout, mais dont je savais qu'il me permettrait , une fois ma vingtaine de pages quotidiennes assimilées, de retrouver ma chère Reine Margot, ou ce bon roman de Mathias Menegoz que je suis en train de lire (comme beaucoup je lis plusieurs livres en même temps...).
La Garde blanche est, me semble-t-il, avant tout une oeuvre qui s'adresse prioritairement aux Russes et Ukrainiens. le décor historique étant tellement circonscrit et daté , que nous autres pauvres occidentaux nuls en histoire, et en géographie surtout, avons bien du mal à se situer dans ces évènements compliqués . Dans l'édition de poche "biblio" en ma possession, l'éditeur aurait été bien inspiré d'insérer quelques pages, en post-face par exemple, sur les tenants et les aboutissants des drames qui se sont déroulés fin 1918 et début 1919 à Kiev, et qui sont la trame du roman de Mikhail Boulgakov.
Je suis pourtant, et sans forfanterie aucune, relativement averti des évènements historiques qui se sont déroulés à cette époque et dans ces lieux. Je suis passionné par ces pays qu'on disait "de l'est" avant la chute du Mur. Leur géographie et leur histoire. Je les ai parcourus, aimés, détestés. Mais là , j'ai calé. Au secours Wikipedia !
Quand commence le roman , Kiev, la capitale ukrainienne est aux mains de l' hetman Skoropadsky. Un aristocrate ukrainien, ancien général de l'armée impériale russe, qui est arrivé au pouvoir par un coup d'état contre la "Rada", le parlement ukrainien qui a vu le jour en 1917.
Ce gouvernement nationaliste , assez conservateur, mais néanmoins fragile, est soutenu par les allemands bien qu'ils aient déjà signé la paix de Brest-Litvosk. Ce gouvernement est au goût de la famille Tourbine, des bourgeois kieviens, libéraux et cultivés, mais bourgeois quand même....Les fils, Alexis et Nicolas s'engagent alors dans l'armée hetmaniste de Skoropadsky afin de défendre la ville contre le cosaque Petlioura . En embuscade les bolchéviks attendent leur heure. Mais peut-être les français débarqués à Odessa, reliquat de l'Armée d'Orient de Franchet d'Esperey pourront-ils faire leur jonction avec l'armée de Skoropadsky ? Et pendant ce temps là voilà que les allemands plient bagages avec les plus importants dirigeants hetmanistes ! et que fait Denikine dans la région du Don ? pourquoi ne bouge-t-il pas ?
Je suppose que vous suivez....Personnellement j'ai jeté l'éponge, même, et surtout, avec les infos distillées par Wikipedia. Les Guerres de religion qui ont vu s'affronter en notre beau pays Catholiques et Protestants, sont d'une simplicité biblique comparées aux soubresauts de l'Histoire ukrainienne .
C'est dans ce noeud de vipères slave que Boulgakov fait mouvoir les Tourbine et leurs amis . Les fils Tourbine, Alexis (alter ego de M. Boulgakov), et Nicolas, tout combattants qu'ils soient, sont un peu comme des Fabrice à Waterloo. Des enjeux des combats ils n'en distinguent guère que l'écume. Dans la demeure familiale, Hélène la soeur aînée , dont le mari haut responsable proche de Skoropadsky a fuit avec les allemands, fait "marcher la boutique". C'est avec un ton sarcastique , ironique et grinçant, dont le pendant musical pourrait facilement se trouver dans beaucoup d'oeuvres de Dimitri Chostakovitch (la 9 e symphonie par exemple) , que Boulgakov narre ces épopées dérisoires . Mais pendant que les hommes se livrent à ces jeux guerriers futiles et vains, l'univers continue son expansion et les étoiles n'en brillent pas moins, et continuerons de le faire bien après que le souvenir de ces batailles ait disparu de la mémoire des hommes. Les évènements "historiques", les agitations humaines sont des épiphénomènes dans le long dessein de Dieu. Boulgakov rejoint là les plus belles méditations shakespeariennes. A cet égard révélateur est l'insertion de la narration entre deux courts paragraphes : l'un qui commence le roman, l'autre qui le clôt.

"Grande -grande et terrible - fut cette année là , mil neuf cent dix-huitième depuis la naissance du Christ, et seconde depuis le début de la Révolution. L'été regorgea de soleil, l'hiver fut enseveli sous la neige, et dans le ciel, à une hauteur insolite, étaient suspendues deux étoiles : l'étoile du Berger -la Vénus vespérale - , et la lueur rouge et vacillante de Mars. "

Puis, maintenant, les dernières lignes du roman.

"Tout passera. Les souffrances, les tourments, le sang, la faim, la peste. le glaive disparaîtra, et seules les étoiles demeureront, quand il n'y aura plus trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n'est personne au monde qui ne sache cela. Alors pourquoi ne voulons-nous pas tourner nos regards vers elles ? "

Il est bien certain que ce ne sont pas ces belles hauteurs de vue qui ont réjoui Staline dans la pièce de théâtre, "Jours des Tourbine" que Boulgakov a tirée de son roman (pour contourner la censure bien sûr) , mais le fait que ce sont les Bolcheviks qui ramassent la mise. Preuve s'il en était de la justesse d'analyse de Karl Marx, et accessoirement de Vladimir Ilitch....Boulgakov devait bien rire ! et goûter l'ironie de la situation. Il en aurait ri davantage s'il avait pu voir la déconfiture à venir de l'empire soviètique et le renouveau des vieux démons nationalistes...



Commenter  J’apprécie          174
A la fin de l'année 1918, la révolution bolchevique a commencé sa marche triomphale en Russie. Des milliers de réfugiés affluent alors vers Kiev, capitale l'Ukraine où déjà gronde la guerre civile mais où les bolchevicks, mis en échec par le corps expéditionnaire allemand, piétinent dans la campagne alentour. Les Tourbine, petits bourgeois désargentés restés fidèles à l'ordre ancien bien que le Tsar ait déjà été assassiné, souhaiteraient bien abolir l'histoire et nier la marche inéluctable de la terrible « Roue Rouge » qui s'approche. Les deux fils, Nikolka et Alexis tentent de rejoindre les troupes de l'Hetman qui essaient de défendre désespérément la ville. Mais, comment lutter efficacement contre une armée formée dans l'ombre, soutenue par des puissances occultes et dirigée par un chef invisible, sorte d'Antéchrist quasiment divinisé par ses partisans ?
Livre mélancolique et désespéré, qui plus qu'une ode à la vieille Russie a pu passer pour la description de la pusillanimité, du ridicule et de la gabegie des forces opposées à la révolution. Ceci explique pourquoi Boulgakov a pu être publié, moyennant quelques passages censurés bien sûr, en URSS dans les années 20 et suivantes dans la pire période stalinienne. Il y a en effet une ambiguïté chez lui. D'un ton détaché et parfois ironique, il décrit le milieu contre révolutionnaire mais sans lui apporter sa caution et en ne cachant jamais ses faiblesses, ses lâchetés et son inaptitude à prendre son sort en main et à gouverner. Après un début assez réaliste, la deuxième partie sombre dans une sorte de pathos mystique dans lequel Dieu est souvent pris à partie. La fin relève carrément du fantastique. Alexis ressuscite et prend une véritable allure christique. On comprend que l'auteur ait choisi ce parti pris allégorique et métaphysique. S'il n'avait pas fait ce choix, son livre n'aurait jamais été publié ! Intéressant, mais un peu décevant quand même si l'on s'attend à un témoignage sur une période douloureuse ou à une épopée tragique…
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          40
1918, la guerre en Europe et la révolution russe ont bien eu lieu. Entre les deux, l'Ukraine. Et c'est le bazar... Les Allemands ne sont plus vraiment alliés, les Blancs ont un bastion en Crimée, les officiers tournent casque (et pas forcément cosaque, huhu)... J'ai beau avoir déjà lu sur la période, j'avoue m'être un peu perdue dans les tenants et aboutissants du conflit malgré les notes du traducteur Claude Ligny sur les spécificités ukrainiennes. Mais en y réfléchissant bien, je crois que les protagonistes aussi emmêlaient dans l'affaire.
J'ai plusieurs fois failli abandonner mais Boulgakov a le sens du cynisme (que j'avais déjà tant aimé dans "Récits d'un jeune médecin") et du rythme. de plus, les anecdotes véridiques ou oniriques sur le quotidien des Tourbine valaient à elles seules que je finisse la lecture. Une lecture en demi-teinte donc mais pas inintéressante.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai terminé cet après-midi La garde blanche de Mikhaïl Boulgakov, au programme du club de lecture d'@antastesialit pour le mois de septembre.

Ce roman historique de trois cent et quelques pages m'a fait traverser beaucoup d'émotions.
Nous y suivons les événements ayant marqué la ville de Kiev en 1918 et 1919, à savoir la guerre civile, à travers le destin d'une famille d'aristocrates, les Tourbine.

Publié tout d'abord en 1926 sous une forme périodique, La Garde blanche ne sera publiée en volume intégral qu'en 1973, après la mort de Staline.
Pour braver la censure, l'auteur publia tout de même avant cela une adaptation pour le théâtre, Les Jours des Tourbine, qui rencontra, elle, un grand succès.

Mêlant événements historiques et fiction empruntant à la vie de l'auteur, ce roman est exigeant. le contexte historique et politique est très complexe, les protagonistes nombreux et possédant plusieurs noms.
Il faut apprécier les romans à l'intrigue essentiellement politique, historique et militaire pour trouver le courage de braver les difficultés de compréhension rencontrées à la lecture de cet ouvrage.

Malgré cela, l'écriture de Mikhaïl Boulgakov est assez incroyable, très imaginative, la construction narrative riche, mêlant flash-backs et anticipations, rêves, fantasmes et réalité.
Les personnages sont bien construits et le choc culturel au rendez-vous ( le dictionnaire fut mon meilleur ami ).
Je vous conseille de vous renseigner un minimum sur le contexte historique de l'oeuvre avant la lecture ou en parallèle car l'auteur ne fait pas du tout de mise en contexte, ne fournit aucun mode d'emploi ni notes biographiques et cela peut cruellement manquer si vous ne connaissez pas du tout cette période de l'histoire.

Je me suis sentie dépassée à de nombreuses reprises mais toujours fascinée par le génie de cet auteur.

J'ai maintenant hâte de découvrir l'oeuvre majeure de Boulgakov, à savoir : le Maître et Marguerite.
Commenter  J’apprécie          20
La Garde Blanche de Boulgakov...voilà un livre "compliqué". Certes, L Histoire sert de trame au récit, c'en est l'essence même : la révolution d'octobre. Mais on se perd vite : dans les personnages dont les noms changent, dans leurs actions contradictoires et leurs prises de position par rapport au conflit qui se déroule dans Kiev. Si l'on accepte ces difficultés qui brouillent la compréhension du récit, on arrive alors à se fondre dans les vicissitudes de cette famille Tourbine, ses doutes, ses combats pour survivre.
Un livre en noir et blanc ; et c'est beau, aussi, le noir et blanc.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (586) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}