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EAN : 9782266011334
317 pages
Pocket (30/11/-1)
3.98/5   21 notes
Résumé :
« Le Sacrilège malais » conte l'histoire d'un jeune ingénieur aux prises, dans une immense plantation d'hévéas de la Malaisie, avec l'esprit de taylorisation, la rationalisation à outrance.
C'est une peinture hardie, ironique et dure, marquée de l'humour propre à Pierre Boulle, de toutes les administrations. C'est aussi une évocation de la Malaisie, du monde des planteurs et des coolies, proprement inoubliable.
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En 1936, Maille, jeune ingénieur français débarque dans la jungle malaisienne. Embauché au sein de S.O.P.H.I.A., une grande compagnie franco-britannique spécialisée dans l'exploitation du caoutchouc, il va apprendre, au coeur d'une plantation d'hévéas, le métier de planteur et vivre une aventure professionnelle et humaine toute particulière. Maille comprendra très vite que ce premier emploi est un véritable sacerdoce et qu'il va devoir consacrer sa vie à l'entreprise ; entre le travail, le bungalow sur la plantation et les soirées très arrosées au club, dans un climat des plus colonial où les rapports entre européens et autochtones faits d'une distanciation stricte sont érigés en valeur d'entreprise, Maille arrive à l'époque où la rationalisation des procédés de production et la taylorisation ont le vent en poupe. Après le temps des pionniers défricheurs vient celui dans lequel l'organisation du travail prend une place prépondérante dans l'entreprise. Les fiches, les chiffres, les statistiques, le chronométrage des tâches, l'administration s'imposent dans tous les services. La guerre met un coup d'arrêt au développement de la compagnie mais une fois les Japonais chassés, les cadres européens se retrouvent au travail, grâce notamment à l'un d'eux qui avait conservé les documents les plus importants dans une gigantesque malle dont il ne s'est jamais séparé durant toute la durée du conflit. La rationalisation est alors poussée à l'extrême jusqu'à l'absurde et Maille préfèrera quitter le navire plutôt que d'y perdre son âme.

Il serait fallacieux de réduire l'oeuvre de Pierre Boulle au "Pont de la rivière Kwaï" et à "La planète des singes", "le sacrilège malais" est en la preuve éclatante. A travers ce récit où l'auteur puise au fond de son expérience personnelle de planteur de caoutchouc et de combattant des Forces Françaises Libres en Malaisie, le rendant ainsi crédible et réaliste, Pierre Boulle met en avant dans un style plein d'humour et de fantaisie dissimulée les incohérences ridicules et monstrueuses de la rationalisation industrielle qu'il cristallise dans le personnage de Monsieur Chaulette, le directeur général qui se veut un bâtisseur d'empire et dont on ne sait au juste si sa recherche outrancière et caricaturale de la perfectibilité reflète un esprit subtil, influençable et torturé ou tout simplement une déficience intellectuelle et une incompétence notoire. Les anecdotes de la construction d'un bungalow, du choix de l'emplacement du logo de la société sur un bulletin interne, l'achat d'une dizaine de caterpillars tout à fait inutiles ou la constitution de comités chargés de constituer des comités sont symptomatiques de cet état d'esprit. A la lecture de ce roman casi autobiographique, on constatera avec plaisir que le droit du travail a heureusement bien évolué : quel salarié de nos jours accepterait un congé aléatoire tous les quatre ans, fût il de six mois ou d'être sommé de se présenté à 23 heures à une réunion de travail informelle pour discuter du choix, éminemment stratégique et évidement d'une urgence absolue, d'un combiné téléphonique ? Et pourtant, même si ces conditions de travail nous font sourire, elles n'en étaient pas moins réelles. Ce qui n'a guère changé en revanche est l'état subalterne dans lequel se retrouvent les indigènes qui ont dans un premier temps subi la colonisation avant de devenir à leur tour immigrés dans le monde occidental mais toujours dans des emplois peu qualifiés ou pour le moins dévalorisés ou dénigrés.
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Le deuxième roman de Pierre Boulle, paru en 1951, et salué par les critiques de l'époque. Pourtant, « le Sacrilège malais » est presque tombé dans l'oubli, écrasé par les succès planétaires du « Pont de la rivière Kwaï » et de « La Planète des singes », au point d'être resté longtemps introuvable. La mention « épuisé » lui a collé à la patte pendant de nombreuses années.
Je voulais modestement redonner à ce livre un peu du lustre qu'il mérite. Il s'agit d'une histoire encore très actuelle qui décrit avec réalisme, malice et humour, la féroce logique industrielle.
Un matin de décembre 1936, un jeune ingénieur français de vingt-trois ans débarque en Malaisie anglaise. Il s'appelle Maille et est la nouvelle recrue de SOPHIA, société « pour l'hévéaculture industrielle et agricole. » Les premières pages racontent comment l'acronyme a été imaginé. « La méthode suivie en cette occasion transcenda le sens commun pour effleurer les règles de l'art poétique. » C'est un jeu puéril, presque un scrabble. le sigle est choisi parce qu'il possède « toutes les qualités, y compris l'élégance grecque. » Savoureux.
Il s'agit en fait pour le jeune Français de rationaliser au plus vite et au mieux la culture des hévéas afin de produire du caoutchouc. SOPHIA arrive en conquérante, avec un esprit colonial, persuadée de pouvoir organiser scientifiquement des coolies réfractaires. L'expérience face à l'esprit absolu.
Le jeune Maille, tel un évangéliste, va chercher à appliquer le concept du taylorisme dans la plantation malaise. Bien-sûr, la logique scientifique, déconnectée des réalités va rapidement s'essouffler, et le jeune ingénieur va s'y casser les dents. Il sera d'ailleurs au fur et à mesure de moins en moins persuadé de la pertinence de sa mission.
A l'horizon se profile déjà la Seconde Guerre mondiale.
Ce livre est vraiment plaisant, intelligent, magnifiquement écrit, coloré, décalé, ironique.. N'oublions pas que Pierre Boulle a vécu en Malaisie, et qu'il l'évoque avec sensibilité et attachement. Et on se rend vite compte que l'état d'esprit du taylorisme est encore bien présent dans notre société.
Je me suis vraiment régalé avec ce « sacrilège malais » qui est digne de sortir du placard où on l'avait glissé !
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Ma nouvelle lecture. La vie sur une plantation d'hévéas (caoutchouc) en Malaisie entre les deux guerres. Sofia est une compagnie britannique/française regroupant plusieurs plantations pas mal proches les unes des autres. Chaque plantations à un directeur et quelques sous-directeurs. Ils emploient la population locale pour la récolte. On y décrit la discipline de fer. Intéressant.

Ce qui est drôle c'est l'obsession du président-directeur général. Il semble vouloir que Sofia soit le plus bel exemple de plantations. Où il fait bon vivre. Sur la plantation qui est décrite, le bungalow du directeur est le plus vétuste de la compagnie. le président veut faire un exemple et lui construire THE bungalow. D'abord, il le veut sur le plus haut sommet de la plantation pour que le directeur puisse surplomber sa plantation. Donc première mission: repérer l'endroit le plus approprié. le directeur et ses adjoints trouvent facilement un plateau qui fera bien l'affaire une fois défriché. Ben voilà il y a également une montagne pas loin, que dit-je: un pic! Ça c'est haut! le président décide que c'est là que se trouvera le nouveau bungalow. On doit donc tronquer le pic pour avoir une surface plate. Pas assez large: on fera THE bungalow sur trois étages. La route? En spirale tout le long du pic. On se fout de la dépense. Visite du président. Ben pas assez large. On tronque davantage. Aye le directeur tu vas avoir THE bungalow. On va te construire une piscine au milieu de ta future demeure. L'ingénieur raisonne le président. Celui-ci sermonne le directeur: tes pas fou une piscine!!!! Rebouchez-moi ce trou. À savoir que le directeur il s'en fout de son foutu nouveau bungalow. L'ingénieur continue de raisonner le président. Ben là trois étages tu n'es pas viré sur le top le directeur! Des folies de grandeur... on tronque davantage le pic. Aye le fameux pic est rendu si bas qu'il atteint le plateau qui à l'origine le directeur avait trouvé.

Je ne vous révèle pas la suite...
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Une fiction largement autobiographique qui mêle habilement plusieurs sujets : l'aliénation du jeune homme entrant dans la vie active par une puissante exploitation d'hévéas en Malaisie qui lui impose vite son système de valeurs, l'Asie du sud-Est coloniale, la Malaisie et la fascinante distance des européens et des sociétés locales, la « science de l'administration » poussée à l'absurde, enfin l'arrivée de la seconde guerre mondiale pour renverser tous les équilibres, bouleverser des vies, refaire un monde d'après qui – bien sûr – ne sera jamais celui d'avant.
La sourde ironie et la plume exceptionnelle de Pierre Boulle façonnent un livre inoubliable de réalisme, tant dans les tableaux psychologiques des personnages comme la tension qui règne dans le groupe.
C'est un livre de portée universelle sur l'aliénation, la programmation de l'Homme vers et pour le travail, l'installation du travail et des valeurs de la société comme le tout dont il fait partie. L'entreprise est aliénante, mais les hommes qui la composent, notamment les administrateurs, entretiennent avec perversité une science du travail poussée à l'absurde, devant les yeux intéressés, amusés, ou largement indifférents des autochtones.
Pierre Boulle écorne encore avec malice nos grandes écoles, en confrontant un polytechnicien spécialiste de la rationalisation du travail que met en déroute la pensée orientale de la main d'oeuvre tamile.
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"Le sacrilège malais" est avec "le pont de la rivière Kwai" et "la planète des singes" une des trois grandes oeuvres qui ont définitivement établi la renommée de Pierre Boulle.
C'est un tableau saisissant du monde anglais des planteurs et des coolies de Malaisie qu'il nous offre dans ce grand roman réaliste.
Inspiré de ses souvenirs personnels ce livre est passionnant.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Par un matin étouffant de décembre 1936, Maille, nouvelle recrue de Sophia, fut accueilli à la gare de Kuala Getah, capitale du Telanggor, par Reynaud, le secrétaire de la compagnie. Reynaud portait l'uniforme des gens de bureau : pantalon blanc, chemise à manches longues, col et cravate. Sa veste, immaculée, conservant encore les plis rigides donnés par le fer du blanchisseur, avait été déposée à plat sur les coussins, à l'arrière de sa voiture, pour servir en cas de nécessité. Maille avait mis le moins défraîchi de ses deux costumes blancs, achetés à Marseille en toute hâte avant le départ.
Reynaud ne s'y trompa pas et l'aborda, lui et pas un autre, parmi le groupe d'européens qui descendaient du compartiment des couchettes.
- Monsieur Maille, je suppose ?...
(extrait du premier chapitre)
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Videos de Pierre Boulle (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Boulle
Pas facile d'être une tortue ! Caroline est véritablement un membre de la famille à part entière, mais elle ne peut pas toujours participer aux promenades et aux jeux de son Bill adoré au même rythme que les autres. Boule et Bill vont redoubler d'inventivité pour lui faire plaisir et l'impliquer davantage... Attention, Bill n'a qu'à se tenir à Caro et tout ira bien ! https://www.dargaud.com/bd/boule-bill/boule-bill/boule-bill-tome-41-bill-se-tient-caro-bda5331610
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