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EAN : 978B0046I0GPG
Solar (30/11/-1)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Lorsque Didier Boullery et son frère décident de prendre une année sabbatique pour faire le tour de l'Afrique en moto, ils n'imaginent pas que leurs parents laisseront eux aussi tomber la routine quotidienne pour les accompagner, à bord d'un camion tout-terrain.
C'est donc en famille que les Boullery partent à l'aventure sur le continent africain, du Maroc à l'Afrique du Sud, du désert aux grands lacs, par tous les climats et à travers les plus beaux paysages... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Cinquante-deux jours, 10 500 km, le Sahara et l'Afrique de l'Ouest appartiennent désormais au passé. Aujourd'hui, en Centrafrique et demain..., demain peut-être au Zaïre, si tout se passe bien ! Le voyage continue et la France n'est plus qu'un lointain souvenir.

L'Afrique, si mystérieuse pour les profanes, ne cesse de se renouveler. Elle fait de nous des africains vagabonds qui l'admirent et la maudissent tout à la fois. Sommes-nous des aventuriers d'un nouveau temps ou bien des fous dévorés par leur projet insensé de faire tout le tour de ce superbe continent ?

Pourtant notre folie a pris corps et l'Afrique nous entoure de toute part, dévoilant à chaque tournant ses charmes et ses pièges.
Mais qui sont donc ces quatre Blancs qui roulent ainsi leur bosse ? Mes parents, Robert et Ginette, 60 ans, en Mercedes Unimog 4x4 aménagé en camping-car, mon frère Gérard, 28 ans et moi, 23 ans, chacun à moto : deux Yamaha XT 500.

Nous sommes les quatre acteurs de cette aventure africaine et familiale. Nous sommes à Bangassou. Et l'histoire suit son cours. Place à l'action et aux « Afrique-trotters » !

Le soleil décline doucement en cette fin d'après-midi, répandant une atmosphère chaude et tamisée. Une pirogue, au gré du courant, traverse le M'Bomu (affluent de l'Oubangui).
Avec un peu d'imagination on verrait Clark Gable et Ava Gardner échanger un baiser passionné. Mais on est loin d'Hollywood et à son bord, plus simplement, le guide, une caisse de bières et moi qui passe officieusement au Zaïre pour négocier notre entrée officielle. La partie promet d'être chaude.
Les policiers centrafricains nous affirment que personne n'a le droit de franchir la frontière ici. Mais je tente le coup... Alors, allons-y !
La pirogue accoste, enfin, après cinq bonnes minutes de traversée. Le premier pied que je pose sur la rive est mon premier pas dans un univers totalement différent, presqu'un nouveau monde. Tout autour de moi, la forêt, avec sa végétation qui n'a plus rien de commun avec ce que nous avons déjà croisé. Elle est épaisse et touffue, sombre et colorée, envahissante et exubérante.

Son gigantisme nous domine et impose la modestie. Nous sommes si petits face à sa démesure. Nos minuscules plantes exotiques de France - en particulier les caoutchoucs et les avocatiers - pâliraient devant leurs sœurs africaines qui grimpent au ciel. Cette disproportion plus qu'impressionnante crée chez moi cette sensation extraordinaire ou cette émotion étrange que l'on éprouve en pénétrant dans une cathédrale inconnue, sombre et froide, où se mêlent la grandeur humaine et celle de Dieu. Dans quel monde de puissance et de démesure ai-je mis le pied ?
Plus rien n'est respecté. L'homme n'a pas encore imposé sa loi ici. Il a juste osé se frayer quelques passages parmi les troncs séculaires gigantesques, les lianes volubiles et les racines enchevêtrées. La forêt vibre de liberté, préserve jalousement sa virginité et se dépêche d'envahir les misérables trouées qu'aucuns appellent une route.
Elle ne recule pas encore devant l'homme et conserve ainsi son caractère impénétrable face à tous ceux qui veulent la violer et lui ravir ses secrets. Qui de la forêt vierge ou de notre monde civilisé envahira l'autre dans mille ans ? Je suis songeur. Un léger sentiment de crainte m'envahit.

Un policier, comité d'accueil zaïrois, me rappelle brutalement à la réalité. Il m'entraÎne dans une case ombragée par un magnifique bosquet d'arbres qui doit souvent le voir s'acagnarder avec bonace.
La conversation s'engage très difficilement. Heureusement, la bière est la bienvenue pour rompre la glace. Elle nous permet aussi d'apaiser la sensation de chaleur étouffante qui règne à l'orée de la forêt équatoriale, presqu'une étuve suffocante. Toujours perchés dans les arbres, des oiseaux invisibles n'ont de cesse de crier et chanter tandis que des colobes caracolent en tout sens de branches en branches.
Peu à peu, le policier abandonne son aspect officiel pour redevenir un homme, comme tous ceux qui savent communiquer et oublier leur travail le temps d'une rencontre.

La conversation s'anime. Elle roule sur des sujets divers et se pigmente d'anecdotes qui forcent la complicité. Bières et rires ponctuent les heures qui s'écoulent. Finalement, il n'y a aucune raison pour moi de ne pas entrer dans son pays. Il m'accueille :
- Tu es mon ami à présent, me dit-il, avec une petite tape dans le dos.
Ne reste plus qu'à convaincre le chef des douanes. Hélas, celui-ci relègue obstinément au placard les arguments que j'avais pourtant bien préparés. Son refus catégorique me vaut un insuccès cuisant. Le souvenir agréable du policier amical cède progressivement la place au désenchantement. Échec sur toute la ligne ! Plus qu'une solution dérisoire : repartir.
La pirogue et le guide somnolent paisiblement sur le bord, indifférents à toutes ces tractations.

Nous retraversons le M'Bomu au même rythme qu'à l'aller, avec cette éternelle nonchalance. Le soleil a tourné et l'eau coule, encore et toujours, entre le Zaïre et la Centrafrique, symbole de ce fleuve-frontière infranchissable. Arrivé sur la rive opposée, un dernier coup d'œil en arrière, puis je me détourne. Mes parents et mon frère m'attendent.
Je rapporte mon échec et une caisse vide, uniquement bonne pour la consigne. Nous sommes tous déçus..., mais loin d'être découragés.
Que faire ? Parmi toutes les idées de rechange qui nous viennent à l'esprit, il en est une qui peut se réaliser sans plus tarder. A peu de kilomètres se trouve une mission où, peut-être, il y aurait quelques « tuyaux » à glaner. Allons-y.

A peine sommes-nous entrés dans la cour qu'un père accourt à notre rencontre. Il nous écoute et puis explique, entre autres choses, que la région d'en-face est sous surveillance militaire pour cause... d'élections !
L'autre raison, plus valable, demeure l'interdiction du trafic de l'ivoire. Et les rares touristes qui se sont aventurés dans cette région du Haut-Zaïre ont toujours rebroussé chemin tellement la piste est impraticable. Ensuite, il nous affirme :
- Ces quinze dernières années, je n'ai pas remis les pieds dans ce pays. Plus de cinq cents Blancs furent assassinés par ces sauvages ! Ah, si vous aviez connu cette époque, mes frères !
Voici de quoi nous refroidir sérieusement mais nous n'avons guère le choix ; le Zaïre est un passage obligé pour Le Cap. Alors nous le gardons...
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