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Critique de talou61


Un essai très intéressant, rédigé par François Boulo, avocat au barreau de Rouen, et porte-parole de Gilets Jaunes.

Une introduction où il décrit un état des lieux de la France de 2021 : en démontrant que la situation économique est en constante dégradation depuis les années 1975, ainsi que la concentration des richesses au profit des 0.1 % des plus riches en allant de pair avec la baisse du niveau de vie des Français et un mécontentement croissant des populations au sein d'une société bloquée.

Comme tout juriste, son essai se développe autour d'un plan très précis :

- le premier chapitre s'attache à déconstruire l'idéologie dominante (le néolibéralisme) : la prison des esprits.

- le deuxième chapitre traite du carcan imposé par l'Union Européenne : la prison institutionnelle

- le troisième chapitre identifie les différentes forces qui oeuvrent à maintenir le statu quo qu'ils nomment les gardiens de prison

- le quatrième chapitre dresse une analyse des dynamiques et les trajectoires des acteurs décrits dans les précédents chapitres

- le cinquième chapitre esquisse des solutions pour réinventer notre démocratie.

- le dernier chapitre prend appui sur la crise sanitaire pour décrire le monde d'après.

Un essai brillant, facile d'accès, bien construit et reposant sur des sources fiables.

Il définit précisément le terme de néo-libéralisme qui est un dérivé de la doctrine du libéralisme prônée au XIXe siècle : ce libéralisme qui visait avant tout l'émancipation de l'individu et conférait à l'Etat un rôle de gardien de l'intérêt général (interventionnisme, juste équilibre entre sphère privée et publique, préservation des droits individuels) est à distinguer de la politique actuelle de néo-libéralisme (appliquée depuis 40 ans) qui romps avec les pratiques antérieures en donnant tout pouvoir à un système de marché en concurrence ; cette doctrine, le périmètre d'intervention de l'Etat doit être limité au strict minimum (droit de propriété, monnaie stable, encourager la concurrence et maintenir l'ordre social).

Bien sûr, le livre de Georges Orwell (1984) est cité pour démontrer que par un discours (la novlangue) on veut dissimuler ou atténuer les effets négatifs de cette politique en empêchant les citoyens de penser en niant ou en déformant la réalité.

De là, une rupture du contrat social est effective et induit une nouvelle lutte de classes opposant le peuple (salariés, chômeurs, retraités, fonctionnaires, patrons de PME, artisans, commerçants, professions libérales) aux classes dominantes (économiques, politiques, médiatiques).

L'auteur développe ensuite les chimères idéologiques basées sur la croissance infinie, l'idéal marché, la faillite de l'Etat et la dette publique, le rôle de l'impôt…

Cette prison est bien contrôlée par les différents gardiens : les possédants les plus riches (0.1%), l'Etat, les Médias, l'Union européenne qui dans une spirale infernale crée une dérive autoritaire à tous les niveaux.

Je vous laisse découvrir les portes qui nous restent pour sortir de cette prison…

Un essai vraiment brillant, bien construit et intelligent.

"Et si on se réveillait ?"
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