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EAN : 9782917598696
397 pages
La Cheminante (22/11/2012)
4.31/5   13 notes
Résumé :
L'existence de Salomé, Valérie et Moussa gravite autour de Céline, une prostituée de luxe, héroïne captivante du roman de Hemley Boum.

Trois voix dénouant l'inextricable condamnation d'une maladie incurable, gravée en quatre lettres dans le destin des protagonistes et du continent africain.

Témoignage littéraire saisissant de l'auteur qui transmet l'espoir, avec humour et lucidité, au prisme de relations terriblement amoureuses et ami... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai lu "Et si d'aimer..." (éditions La Cheminante, 2012) de Hemley Boum un peu par hasard, en me souvenant d'une rapide recommandation faite par un ami, et me trouvant chez mon libraire préféré je l'ai commandé. Il a traîné un peu sur mes étagères avant que je ne l'ouvre et que je sois aspiré littéralement dans ce livre. Les lectures chocs ne sont pas si fréquentes, celle-la en fut une.
Cependant, je ne savais pas par quel bout prendre la chronique de ce livre. Je n'arrivais pas à décanter en moi l'émotion et les sentiments contradictoires qu'ont provoqué l'auteur camerounais. Je me disais que la chronique potentiel de ce livre irait rejoindre celles qui gisent au cimetière des éléphants de mon cerveau, en compagnie des "American Prophet" (Paul Beatty), "Blessé" (Percival Everett) ou autre "Chroniques abyssiniennes" (Moses Isegawa).

J'ai plutôt trouvé très intéressant le rapport entre les milieux sociaux dans cette ville Camerounaise. Un portrait social très intéressant. Et le rapport entre les gens, entre les riches et les pauvres, cette hypocrisie choisie pour avoir l'image du "couple idéal" (ça ferait plaisir à Aurore Foukissa et sa nouvelle "Posture" dans le recueil de nouvelles "Sous mes paupières, extérieur vies".

L'exercice de "chorale" de ce roman est particulièrement bien trouvé. L'auteure passe d'un chapitre à l'autre par les voix des différents personnages de façon alternative et met le lecteur dans la tête de celui qui s'exprime. Ça nous aide à "voir" les points de vue de chacun : les espoirs, les combats, les concessions et c'est d'une grande richesse.

Salomé est un personnage très intéressant que j'ai rarement vu brossé dans les romans d'africain. Femme de très bonne famille, qui connait à peine les beignets dans la rue, belle à en mourir, comblée et qui va devoir affronter ses propres démons et son éducation. C'est le genre de femme que l'on verrait dans la rue et qui nous impressionnerait pas sa prestance, son port et sa beauté alors qu'elle cache tellement de failles, de faiblesses et de doutes !

Valérie et sa pétulance m'ont séduit. Boule d'énergie et dévoreuse invétérée d'hommes, en fait les blessures de son enfance ont fait sa personnalité. Elle se croit forte, le lecteur pourrait la croire forte mais c'est une traumatisée du couple avec un oedipe non réglé qui fout le bordel dans sa tête.

Moussa. Mon personnage. Je serai un Moussa si j'avais eu sa naissance difficile. Enfin, j'aurai aimé être un Moussa. Droit, combattant sacrificiel pour sa famille resté au village. Prêt à tout pour tout le monde et notamment pour Céline.
Là, je mets une parenthèse narcissique. J'ai été scotché en lisant ce personnage car ça fait deux ans que je suis sur un projet qui met en scène le même type d'amour-amitié totalement inconditionnel. J'avais des doutes dans l'insistance que j'avais à mettre un personnage qui tourne à l'obsession pour la protection de l'autre et Hemley Boum vient de me désinhiber. Moussa c'est l'Egide de mon futur roman. Très fort.

Et Céline. Ah Céline… Elle c'est la version hard-core de la Caméruineuse Sissi, personnage du roman "Les aventures de Sissi" de Reine Mbéa. Avec elle, Hemley Boum nous fait visiter les bas-fonds, la misère qui côtoie l'insolente richesse et qui survit en vendant son âme au diable Luxure. Avec elle nous sommes dans le "Famille je vous haits" qui laisse une blessure que l'on espère voir cicatriser, jusqu'au bout. La noirceur de ceux que l'on aime, ceux pour qui l'on s'est damné et qui n'attendent que notre perte pour se repaître des restes sonnants et trébuchants de nos dépouilles. Céline.

Ma première réserve vient de la voix de Moussa. Lui, l'homme du peuple, celui a arrêté les études au Bac (si je m'en rappelle bien) a le même ton dans son propos que ceux comme Salomé, Valérie, Pacôme ont fait des études de très haut niveau (Valérie est Chirurgienne). Non pas qu'il eut fallu lui donner un propos moins intelligent, moins aboutit, puisque la sagesse n'a que faire des études, mais un langage différent, un vocabulaire différent de ceux des autres aurait, à mon sens, donné encore plus d'épaisseur à cet homme du peuple à la fidélité de Saint-Bernard.

Ma seconde réserve c'est le dénouement, le choix ultime de Salomé qui après avoir porté aux nues l'amour tendre et non-exigeant, fait le choix du tumulte. Cela fait quatre romans écrits par des dames pour lesquels les dénouements m'ont fait dire "un homme n'aurait jamais écrit ce choix-là". Aux rencontres "Palabres autour des arts" nous avons une fois débattu sur l'impact du genre dans l'écriture. Je suis de moins en moins d'accord avec mon propos d'alors. le genre, je le crois, n'influence pas le style qui est lié à la personnalité, mais s'agissant de l'imaginaire, les choix faits par les personnages, c'est une autre paire de manche.

Il y a également quelques longueurs et lourdeurs notamment quand l'auteure veut faire preuve de pédagogie sur la problématique du SIDA, chose qui par ailleurs reste très positive dans la narration car porteuse d'espoir – notamment l'évocation des trithérapies – plutôt que de la sinistrose habituelle quand il s'agit d'Afrique et de pandémie. Bien sûr que les difficultés liées à cette maladie et à l'état de délabrement des structures sanitaires locales sont dites et sont plus que révoltantes, mais il y a dans le récit de Hemley Boum quelque chose de positif, une lumière dans le combat.

Ce roman est mon gros coup de coeur pour ce trimestre. Peut-être parce que je m'y attendais absolument pas. Il s'inscrit dans mes dernières lectures qui brosse des réalités africaines du quotidien et que j'estime beaucoup plus efficaces que cent mille traités anthropologies sur "les us et coutumes des peuplades autochtones".
Très très beau roman. Bravo à l'auteure.
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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« Si d'aimer… » est sûrement le plus beau roman qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois. Je suis conscient de la difficulté de ce type d'assertion, car il va falloir démontrer mes dires. Mais, ne pouvant réfréner mon plaisir de lecteur, il m'était difficile de commencer cette note par cette pensée.
Pourtant, avec les abords austères de la couverture du roman, une quatrième de couverture peu stimulante et le traitement d'un sujet plus que lourd, les impacts du sida, oui, le texte d'Hemley Boum n'avait rien d'attrayant, tant qu'on n'avait pas pris la peine de découvrir ses pages et d'amorcer le premier chapitre.

Salomé introduit ce roman. Elle nous parle avec précision. Elle décrit un univers féerique quelque part dans les beaux quartiers de Douala. Une femme belle, convoitée, accomplie dans un emploi valorisant, installée dans une magnifique baraque qu'elle a pris soin de retaper avec son époux, Pacôme Lissouck. Un coin de paradis suscitant de multiples convoitises et envies. Aux mots maîtrisés de cette femme comblée, le besoin de reconnaissance est là, affirmé. Et pourtant, cette façade de Potemkine n'a que d'utile fonction que de masquer les turpitudes d'une relation où Salomé est profondément humiliée par un mari volage, totalement otage de ses pulsions. Enceinte, elle découvre qu'elle est séropositive. Lire la suite...
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Un livre que j'ai lu d'une traite... j'ai été captivée par ces récits, témoignages de vie de femmes camerounaises. Ils nous invitent à partager une intimité décrite avec une grande pudeur et simplicité.
Toute la complexité d'une société plurielle, dans sa laideur et sa beauté, est finement transmise à travers ces quelques personnages vite attachants.
Quelle force que ces femmes qui ne renoncent pas. Leurs douleurs, leurs héritages, leurs écueils, leurs hontes, la destruction de leur être, qui font leurs combats personnels, intimes, puissants. Être face à soi, réinterroger le sens de sa vie, reprendre la barre de son existence, redresser la tête, dire oui à la vie.
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Si la lecture de "Le clan des femmes" d'Hemley Boum m'avait enthousiasmée, j'ai été déçue par "Si d'aimer ...". La forme d'abord : Deux femmes, un homme décident de décrire, chacun de leur côté leur histoire liée à celle de Céline. Alors que j'apprécie les récits aux points de vue multiples, ici une impression d'artifice s'installe progressivement, peut-être parce que Moussa recueille les paroles de Céline au lieu qu'elle ait sa propre voix. Le fond ensuite : Céline est malade du Sida et c'est cette découverte qui amènent Mouss, l'ami et confident, Valérie, son médecin, et Salomé, la contaminée, à réunir leurs histoires de vie. Dans la 2eme moitié du roman, une impression de lourdeur m'a gagnée, s'agit-il d'une campagne d'information sur la propagation du VIH ? S'agit-il de convaincre de la nécessité de l'amour pour faire naître l'espoir ? L’écriture d'Hemley Boum, cette fois-ci ne m'a pas convaincue.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Ma vie n’est pas un roman. C’est une longue chaîne de négociation avec moi-même, de colmatage de brèches et de petites satisfactions. Ma mère, mon métier de médecin, mes amis, mes hommes, mon refus du mariage et de la maternité. J’avance comme je peux, j’essaie de ne pas trop regarder en arrière, je suis seule à connaitre le prix de mes choix et de mes désistements. Je ne suis pas un livre ouvert à tous vents, j’ai besoin de mes secrets comme des vêtements dont je me pare. Comme des chaussures à talons hauts qui me font paraître plus grande que je le suis en réalité. »
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Videos de Hemley Boum (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hemley Boum
Lors de son passage à Paris, nous avons pu rencontrer l'autrice camerounaise d'expression française Hemley Boum, à l'occasion de la parution de son dernier roman 'Le Rêve du pêcheur' (Gallimard). Elle nous parle en détail de ce livre dans cette interview, pour nous raconter les vies de Zacharias et Zack, deux générations d'hommes camerounais aux destins différents.
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