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Anne Coldefy-Faucard (Traducteur)
EAN : 9782070770885
154 pages
Gallimard (28/10/2004)
3.28/5   40 notes
Résumé :
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Ivan Bounine, Prix Nobel de littérature. "Ce jour-là son amour subit une crise terrible. Dès lors, il cessa de suivre tous les changements qu'apportaient autour de lui le printemps et l'été proche. Il les voyait et même les sentait, ces changements, mais ils perdaient leur valeur propre et Mitia n'en tirait plus qu'une jouissance douloureuse: plus il faisait beau, plus il souffrait. Maintenant Katia était devenue une vé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Après Isaac Bashevis Singer, voici une seconde histoire d'amour écrit par un Prix Nobel Littérature, celle de Mitia pour Katia, de Ivan Bounine, que j'ai grand plaisir à vous présenter.
Bizarrement ce livre existe en 2 versions en Français : une fois comme "L'amour de Mitia", avec 3 critiques favorables sur Babelio et une fois en tant que "Le sacrement de l'amour", avec 1 critique favorable. Signalons que la première version est une traduction fidèle du titre original en Russe : "Mitina lioubov".

L'édition que j'ai en main est par ailleurs également bizarre, dans le sens positif du terme : elle a les dimensions d'un magazine et contient des illustrations sympathiques. Les illustrations sont l'oeuvre de Maryjo Alinéa, qui recueille et illustre des contes pour enfants. Ceci est notamment le cas pour son fort apprécié "Contes d'ailleurs". Comme son nom figure sur la couverture, séparé seulement par une virgule de celui du premier Nobel russe, j'ai d'abord pensé (bêtement) qu'elle en était la traductrice ! Grosse erreur évidemment, car j'ai découvert qu'outre écrivaine elle est professeur de reiki à Nîmes. le reiki est une méthode de soins non conventionnelle d'origine japonaise. En plus, elle a écrit sur ce thème, il y a 2 ans, une "Initiation gratuite au Reiki Usui 1er degré ".
Et comble de mes surprises, j'ai finalement découvert que Maryjo Alinéa est une des nôtres sur Babelio, sous le pseudo de "cleopatra6" ! Décidément Babelio est un site riche de talents.

Mon épouse m'a expliqué que toutes les jeunes filles de Saint-Pétersbourg à Vladivostok ont lu cette oeuvre de Ivan Bounine de 1925. Et déjà la toute première page m'en fait comprendre la raison : Mitia est heureux comme une cigaĺe (à ce qu'on dit en Provençal) et fier comme un paon que la belle Katia le prend par le bras lors de leur promenade sur le boulevard Tverskoi en direction de la statue de Pouchkine à Moscou. le lecteur démarre donc en plein charme romantique. Et elle ajoute que c'est pour son sourire qu'elle l'aime et pour ses "yeux byzantins". Quoique ce dernier compliment me déroute un tantinet, car elle évoque chez moi l'aveuglement comme punition, comme sur le tableau célèbre de Rembrandt "L'aveuglement de Samson". Mais ce châtiment est certainement loin de ses pensées.

C'est le dernier jour que ce couple de 18 printemps est ensemble, car Mitia doit entreprendre le long périple ferroviaire vers sa famille dans un petit village près d'Orel à 325 kilomètres au sud de Moscou. Heureusement qu'ils doivent se retrouver, à la fin de l'été, pour des vacances en Crimée, sinon cette longue séparation de sa bien-aimée serait à Mitia totalement insupportable.
Comme Orel n'est pas trop loin de Voronej, le lieu natal de l'auteur, cela permet à Ivan Bounine de parler, avec amour et dans une langue singulièrement poétique dont il a le secret, de la nature (en toutes saisons) et de la vie à la campagne russe d'avant la Révolution d'Octobre.

On comprend aisément qu'il fut le premier Russe à être honoré à Stockholm par le prix numéro un en littérature, en 1933, 15 ans avant Boris Pasternak (1958), 22 avant Mikhaïl Cholokhov (1965) et 37 ans avant Alexandre Soljenitsyne (1970). Auxquels il convient d'ajouter, puisque écrivant en Russe, Joseph Brodsky résidant aux États-Unis (1987) et Svetlana Aleksievitch de Biélorussie, en 2015.

Arrivé chez sa mère, Olga Petrovna, son séjour est vite dominé par sa passion pour sa Katia à l'autre bout du monde : inquiétudes, douleurs métaphysiques, mauvaises pensées, souffrances du coeur, sombres sentiments envahissants de pure jalousie ! Comme le note l'auteur (à la page 34) : "... tout c'était transformé comme si la fin du monde était proche, et le charme du printemps, de son éternelle jeunesse, devint misérable et triste. Cela dura longtemps, cela dura tout le printemps..."
Même les petites avances des beautés locales, Sonka et Paracha, flattent l'orgueil de notre héros, mais ne réussissent pas à le sortir de sa longue torpeur de jalousie.

C'est frustrant que je ne puisse continuer mon petit résumé, car j'éprouve des difficultés à tempérer mon enthousiasme pour cette brève perle.
De Ivan Bounine j'avais lu "Le calice de la vie " (1915), "Jours maudits" (1925-1926) et "Les Allées sombres" , un de ses derniers récits autobiographiques, écrit en 1946, 7 ans avant sa mort, à Paris en 1953, la même année que son souffre-douleur Staline et son ami, le grand compositeur Sergueï Prokofiev (tous 2 morts curieusement le même jour d'ailleurs : le 5-3-1953).

Si ces oeuvres précitées m'ont plu, je trouve que "Le sacrement de l'amour" se situe encore à un étage supérieur !
Sans hésitation aucune, je peux donc recommander cette oeuvre à toute lectrice et tout lecteur jeunes ou qui ont gardé le coeur et l'esprit jeunes et qui apprécient une prose si superbement poétique.


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Le style d'Ivan Bounine émerveille et son écriture lyrique m'a passionnée suffisamment pour que je m'intéresse à l'amour d'un jeune homme inconnu pour qui rien d'autre n'existe que son aimée. L'amour de Mitia, un coup de coeur.
Mitia, jeune étudiant est amoureux de Katia, mais Katia espère devenir actrice, ce qui l'entraîne vers une vie qui rend le jeune homme jaloux. A-t-il raison d'être jaloux ou est-ce maladif ? Il faudra attendre que Mitia quitte Moscou pour rejoindre sa famille à la campagne pour obtenir la réponse et j'ai apprécié que le doute coure tout au long du roman.
Ce n'est pas l'intrigue qui vous intéressera dans ce roman d'Ivan Bounine mais la façon dont l'amour de Mitia est traité. Les descriptions de la campagne correspondent aux humeurs de Mitia et c'est enchanteur. Les peintures du printemps mettent en exergue les sentiments du jeune homme.

Lien : https://dequoilire.com/lamou..
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le jeune maître est amoureux de Katia , une artiste qui lui rend son amour. Pourtant, entre eux , la passion se délite et Mitria décide de se ressourcer à la campagne. Il part seul, avec la jalousie comme invisible compagne.
Roman court, où l'âme tourmentée du jeune maitre est l'héroïne malgré elle.
La jalousie , l'absence, les doutes tourmentent Mitria.
Bon après , il passe ses journées à lire , se balader, faire du cheval et contempler la nature , subtilement décrite par l'auteur. La corrélation entre nature et tourments est d'ailleurs assez saisissante.
C'est très bien écrit , on ne peut pas dire le contraire mais bon voilà, pour le dire poliment , je me suis un peu ennuyé et , alors que je suis une buse absolue , la fin est prévisible .
La vision de la femme est d'une autre époque , pas étonnant pour un livre russe sorti en 1925.
On plonge dans ce monde de paysans avec ce maitre tourmenté car sans nouvelles de Katia alors qu'autour de lui, le peuple se tue à la tache.
Le tout dans une nature d'une beauté inaltérable .
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Superbe et profond que cet "Amour de Mitia", incarné par cet archétype du roman classique russe, ce jeune barine maigre et fiévreux, tourmenté par l'Amour, dont l'image familière répond aux principales interrogations littéraires, de la fascination devant ce mystère, de l'attraction-répulsion, où l'on devine derrière l'ombre de Narcisse voilant le visage de l'Autre, de cet impossible apprentissage, l'amour ne connaissant pas ses lois, à l'aube de la modernité.
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De la même manière que Mitia est emporté par la flux de l'amour pour la belle Katia, il est aussi emporté par les diableries de la jalousie, il sent sa bien-aimée lui glisser entre les doigts...pour s'y remédier, il se réfugie à la campagne où il espère trouver consolation, en fait il se retrouve face à lui-même...

Un beau roman d'amour qui m'a fait penser aux Nuits Blanches de Dostoïevski...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le 9 mars fut le dernier jour heureux que Mitia passa à Moscou. C’est du moins ce qu’il lui sembla.
Vers midi, il remontait avec Katia le boulevard Tverskoï. Subitement l’hiver le cédait au printemps ; au soleil, il faisait presque tiède, comme si réellement les alouettes étaient déjà revenues, apportant avec elles la chaleur, la clarté, la joie. Tout était humide, tout fondait, des gouttes tombaient des maisons, les concierges cassaient la glace sur les trottoirs et jetaient à bas la neige gluante ; partout, il y avait beaucoup de monde et d’animation. Les nuages hauts se dissipaient en mince fumée blanche qui se confondait avec le bleu humide du ciel.
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Quoi qu'il en fût, l'amour de Mitia s'exprimait à présent presque entièrement dans sa jalousie. Une jalousie qui n'avait rien de banal, non, une jalousie, lui semblait-il, hors du commun. ils n'avaient pas encore franchi, katia et lui, l'ultime pas qui les eût définitivement rapprochés, bien qu'en ces heures où ils restaient en tête à tête, ils allassent déjà trop loin. Les derniers temps aussi, durant ces heures-là, Katia se montrait souvent plus passionnée qu'avant. Cependant, cela même lui paraissait suspect et suscitait parfois en lui un affreux pressentiment. Tous les sentiments qui composaient sa jalousie étaient affreux, mais il en était un pire que les autres, que Mitia ne parvenait décidément ni à définir, ni même à saisir. En fait, les manifestations de la passion, instants bénis de volupté qui constituaient ce qu'il était de plus beau et de plus sublime au monde lorsqu'il s'agissait d'eux, devenaient indiciblement répugnantes, sinon contre-nature, quand Mitia se représentait Katia dans les bras d'un autre. Alors, il éprouvait pour elle une flambée de haine et de dégoût, un dégoût presque physique.
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Il passait par la belle perspective, comme les paysans appelaient l’allée principale de ce domaine. Elle était bordée par deux rangs d’énormes sapins noirs. Magnifiquement lugubre, large, toute couverte d’une épaisse couche rousse d’aiguilles glissantes, elle menait à une antique demeure qui s’élevait tout au bout, là où les deux côtés de l’allée se rejoignaient presque, dans le lointain. 
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"Eh bien moi,je ne conçois pas l'amour sans jalousie.De mon point de vue,si l'on n'est pas jaloux,c'est que l'on n'aime pas.
-Non, maman" avait répliqué Katia,avec cette tendance à toujours répéter les mots d'autrui:"La jalousie est un manque de respect pour l'être aimé.Si l'on ne me croit pas c'est que l'on ne m'aime pas", avait-elle conclu,évitant soigneusement de regarder Mitia.
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Sans un bruit, de délicats papillons incolores voltigeaient, tournoyaient inlassablement dans les branches, dans le feuillage gris des pommiers qui dessinaient dans le ciel du soir des figures variées. Et ces papillons rendaient le silence plus silencieux encore, on eût dit qu'ils l’envoutaient, l'ensorcelaient.
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