J.-R. W. est peut-être l’homme qui possède le mieux la légende de la Butte où il fréquente depuis cinquante ans les milieux les plus divers. Il gagne sa vie en découpant à l’impromptu dans du papier noir, avec la pointe de son canif agile, les silhouettes des flâneurs, des buveurs attablés aux terrasses des cafés ; les intéressés s’empressent de faire emplette de leur effigie, ce travail à l’emporte-pièce étant généralement d’une ressemblance frappante. J.-R. W. est, à ses moments perdus, une gazette vivante : pas un événement montmartrois qu’il ne puisse vous conter, pas un mystère local qu’il ne soit en mesure d’expliquer, pas un drame mal éclairé dont il ne sache le fin mot ! Que d’heures passionnantes j’ai passées à l’écouter égrener ses anecdotes, et combien de fois me suis-je promis de consigner sur le papier les plus curieuses d’entre elles.