AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marfit


Sylvie Meyer est une femme de cinquante-trois ans, mère de deux adolescents. Après 25 ans de vie commune, son mari la quitte. Comme toujours, elle encaisse sans rien dire et poursuit sa vie. « Je ne suis jamais tombée, jamais, même quand mon mari est parti. Je suis forte, les femmes sont fortes, davantage que les hommes, elles intègrent la souffrance. C'est normal de souffrir. C'est dans notre histoire ; notre histoire de femmes. » Mais la douleur qu'elle s'interdit d'éprouver va en réveiller une autre qu'elle s'est évertuée à enfouir au plus profond d'elle-même pendant toutes ces années.
Elle se raccroche alors à son poste auquel elle tient tant, qui lui offre de nouvelles responsabilités. Son patron, manipulateur, va la flatter pour lui faire faire un sale boulot. C'est l'humiliation de trop qui va la faire basculer vers le passage à l'acte.
Nina Bouraoui décrit la condition des femmes avec lucidité et pertinence. le titre « otages » est écrit au pluriel. Sommes-nous toutes otages ? La réponse semble être oui. Otage de sa féminité, otage du regard des hommes, otage de la violence sociale, otage de l'injonction à réussir dans tous les domaines.
Combien de fois, au cours de ma lecture, me suis-je sentie proche de cette femme.
On suit Sylvie, je dirais même on l'écoute comme le ferait un psychanalyste avec sa patiente. Toutes les pièces du puzzle sont en place pour refaire le parcours depuis l'enfance à ce moment de bascule.
C'est une fois en prison qu'elle se sent libre. Libre d'être enfin elle-même.
Nina Bouraoui nous livre un roman puissant dont l'écriture très moderne nous donne des uppercuts. Elle va à l'essentiel comme une urgence à dire.
Commenter  J’apprécie          11







{* *}